Ténèbres glacés, Espoirs flamboyants - LGDC

Chapitre 49

Tempête de Flamme se précipita instinctivement aux côtés de la mère du jeune défunt, épouvantée. Elle n'arrivait pas à le croire !
La reine l'ignora, trop affligée, puis mugit vers le ciel tout en s'effondrant lourdement, secouée par les pleurs, auprès de son chaton sans vie, lâchement assassiné, dont les petites prunelles encore limpides observaient les combats, d'un dernier doux regard empli d'incompréhension, de doutes et d'innocence. Sans le sang qui perlait sur sa chatoyante fourrure blanche encore duveteuse, on aurait presque put croire qu'il dormait encore.

« Repli ! » criait à nouveau Neige par delà les buissons, de toutes ses forces.

La rouquine tourna la tête en direction de l'ordre jeté.
Mais la chatte écaille de tortue avait déjà disparu, ne laissant que derrière elle des traces ensanglantées de son passage récent sur la poudreuse esquintée.
Et comme par magie, les chats errants encore présents dans la clairière se dégagèrent un à un de leur adversaire et, esquivant les derniers coups de griffes, se précipitèrent docilement sur les pas de leur meneuse.
Les chats des Clans, méfiants, les observèrent disparaître, hébétés, ne comprenant pas la raison de leur fuite soudaine et bientôt, ce fut des multiples murmures étonnés qui remplacèrent l'ivresse de la bataille.

La guerrière rousse laissa la reine un moment seule et s'avança rejoindre ses camarades venus s'assurer que les derniers solitaires quittaient bien le camp.
Elle déglutit en reconnaissant un chat du Clan de l'Ombre, puis un autre, et encore un autre, lui filer sous la truffe, derrière les solitaires.
N'avaient-ils toujours pas compris que cette chatte n'était pas la bonne à suivre ?
Apparement, non...
Tempête de Flamme renifla avec mépris. Au moins, ils partaient. Tant pis pour eux. C'était leur choix.

La jeune féline avouait qu'elle était soulagée, à la vue de la fuite des ennemis.
Enfin, les combats semblaient s'arrêter un moment, et le calme reprenait sa place, laissant seulement le gargouillis de l'eau non loin briser ce silence si appréciable et, étrangement si nouveau, si pur à ses yeux.
Autour d'elle, les chats étaient de son avis. Rayonnants, tous avaient le regard fier et adouci par la nouvelle : ils avaient réussi ! Ils avaient pu garder leurs terres, ils avaient pu se battre avec vaillance et ils s'en étaient sortis ! Quelle délivrance après un tel combat.
Pourtant, Tempête de Flamme trouvait que cela était louche, trop facile.
Pourquoi partir comme ça ? Pourquoi quitter les lieux alors que leurs forces pouvaient encore se battre tandis que celles des Clans se fatiguaient à vue d'œil ?
C'est bizarre.
Et s'ils retournaient dans le ravin ? Ou dans la plaine du Vent ?
Tempête de Flamme gémit. C'était si possible !Où était Étoile du Léopard ? Il fallait qu'ils réfléchissent à ce qu'ils devaient faire !

En se tournant vers le centre du camp, la femelle n'eut à peine le temps de chercher du regard la meneuse tachetée qu'elle tomba nez à nez avec Plume de Nuit.
Sans un mot, les deux jeunes chats s'enlacèrent, sans se soucier du reste des guerriers autour d'eux.
La rouquine ronronna alors, contente que le matou ne soit pas blessé gravement et qu'il n'empeste simplement que du sang ennemi. Cependant, à l'inverse, Plume de Nuit renifla la patte arrière ouverte de sa compagne.

« Tu dois avoir mal », murmura-t-il.

Tempête de Flamme lui lécha affectueusement l'épaule, puis se tourna à son tour vers sa plaie. C'était en effet, la plus impressionnante qu'elle portait. Le sang autour était à la fois sec et encore liquide, brillant sous les lueurs de l'aube, jauni sur les pourtour, noirci vers le milieu, exhalant déjà un début d'infection.
La jeune chatte reconnaissait qu'elle avait mal et qu'elle avait encore du mal à s'appuyer dessus. Mais elle avait mal partout de toute façon, autant à sa patte qu'à son épaule ou son visage. Et elle ne pouvait pas faire autrement.