BONUS 1 : donner la vie

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Ne contient pas de spoils sur l'histoire !;)

Le souffle court, son cœur cognait contre sa poitrine. Régulier, sec, sourd, il résonnait dans son corps entier, comme un rythme infernal qu'il fallait suivre pour vivre, prêt à exploser pour être sûr d'être entendu. Bam. Bam. Bam. Toujours un peu plus vite, un peu plus fort. Le sang lui tambourinait la moindre partie de son corps violemment, lui donnant des sueurs froides dont elle semblait presque sentir chacune des gouttes couler le long de son front plissé.

Ses pattes étaient étendues devant elle, raides, endolories, humidifiées par la transpiration. Elle lacerait brutalement la mousse déjà en lambeaux , méconnaissable, auprès de son nid détrempé. Par moment, elle se blessait. L'une de ses griffes étaient presque arrachée mais la douleur de son coussinet était bien peu importante pour elle.

Les dents serrées, elle luttait pour ne pas hurler à la mort. Le cri semblait presque forcer le passage au travers de sa gorge asséchée, qui lui semblait brûlante, la mortifiant de l'intérieur.

Les larmes aux yeux, elle s'efforçait de ne pas pleurer sous cette douleur incessante. Ces paupières mis close voulaient seulement sombrer dans l'obscurité tant essayer d'observer la tanière devant elle était devenu une tâche compliquée. Elle ne discernait plus que des formes floues, imprécises, ternes qui dansaient faiblement devant ses pattes.

Je dois rester consciente, je dois rester forte. Mais comment l'être lorsque tout son corps ne pouvait plus rien supporter ?

« Accroche toi, ça va aller. Je suis là. »

Le doux murmure était grave mais calme. Un peu tremblant, sous l'effet de l'anxiété. Il fut comme un retour à la réalité, sa réalité. Elle était là, étendu sur son nid, dans la pouponnière. Meurtrie mais vivante. Mais elle fut aussitôt absorbée par une nouvelle plainte, qu'elle libéra enfin, affaiblie. Tout d'abord quasiment inaudible puis plus aiguë, plus longue, plus forte. Le cri sembla lui arracher ses dernières forces. Son ventre s'était contracté à nouveau. Elle le sentait plus que jamais. Alors elle gémit encore et encore, comme si cela apaisait la douleur. Comme si, de toute façon, elle ne pouvait plus contrôler son propre corps. Du ventre aux cordes vocales, elle subissait. C'est tout. Plus rien ne lui obéissait. Le poids lui pesait dans l'arrière main, il fallait que cela en finisse. Vite. Même si elle n'avait plus aucune notion du temps, elle savait qu'elle était là depuis de longues minutes déjà.

À mesure que le bas de son corps se contractait les douces paroles furent totalement oubliées et sa vue se brouilla. Ses oreilles bourdonnaient, comme trop affaiblies pour écouter les bruits alentours. Même son odorat ne semblait sentir plus que la peur et la sueur. Son malaise augmentait et elle avait peur de ne plus tenir. Seule une partie de son esprit paraissait rester lucide. Fixé sur un seul objectif, il ne cessait de le répéter en boucle dans sa tête meurtrie.

Oui, Tempête de Sable n'était plus que concentrée sur une chose : mettre au monde ses petits.

« Ça va aller... répéta la même voix. Et ils seront magnifiques. Tu verras ... »

À nouveau, cela la sortie de sa torpeur quelques instants. La féline n'eut pas la force de répondre mais s'efforça de sourire autant qu'elle le put, entre deux halètements rapides. Ses sens étaient obstrués par la douleur des contractions mais elle parvenait à reconnaître celui à ses côtés depuis le début. Étoile de Feu se tenait à ses côtés. Sans même tourner la tête vers lui, elle savait qu'il l'observait sans ne plus la quitter des yeux, raide. Après un léger silence, elle sentit alors qu'il lui caressait tendrement la tête. D'abord du bout de la queue puis de la patte, avant de se coller à elle pour lui lécher tendrement le crâne.

Ténèbres glacés, Espoirs flamboyants - LGDCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant