Ténèbres glacés, Espoirs flamboyants - LGDC

Chapitre 36

Une patte secoua brutalement Tempête de Flamme tandis qu'elle était plongée dans un profond sommeil dépourvu de rêves. Surprise, celles-ci sursauta tout en ouvrant précipitamment ses paupières encore lourdes de fatigue, essayant d'échapper vainement aux coups qu'on lui donnait dans le ventre pour la réveiller. La rouquine ne put s'empêcher, au passage, de feuler faiblement envers le chat qui continuait de la harceler alors qu'elle ne dormait plus. Que se passe-t-il ? Qui peut donc bien me réveiller de cette façon !?
Il faisait encore sombre dans la tanière des guerriers et les nids étaient pour la plupart, curieusement désertés. Un froid glacial sifflait entre les brèches du repaire et dehors, le soleil peinait à s'affirmer, rendant les paysages ternes et tristement colorés. Seuls quelques faibles rayons auroraux faiblement dorés tamisant les nids lui permirent de reconnaître Poil d'Écureuil penchée juste au-dessus elle. C'était donc elle qui venait de la réveiller. À vrai dire, ça ne me surprend pas trop venant de sa pa...

Tempête de Flamme sentit soudain un frisson lui parcourir le dos lorsqu'elle remarqua tout à coup, après avoir baillé, l'expression à la fois terrifiée et impatiente qui façonnait les traits du visage de sa sœur, l'oppresser de toutes parts.
Perplexe, la guerrière voulut la questionner mais elle eut à peine le temps d'ouvrir la gueule que sa sœur lui miaula en première, précipitamment :

« Vite ! Viens dehors ! Le Clan du Vent a besoin d'aide ! Ils se font attaquer dans leur propre camp ! »

Ces paroles eurent sur Tempête de Flamme comme l'effet d'un poids qu'on faisait soudainement tomber sur ses épaules et la féline se trouva à présent parfaitement éveillée, le poil soudainement hérissé tandis qu'elle frémissait des coussinets jusqu'au bout de la queue. Une attaque ? Encore ? Ça ne peut pas recommencer !
Poil d'Écureuil ne lui donna pas l'occasion de pouvoir obtenir d'autres informations puisqu'elle était déjà ressortie en trombe dans la clairière, faisant voler quelques feuilles mortes au passage.

Alors que les questions fusèrent en son esprit, Tempête de Flamme s'efforça de se lever le plus vite possible, ne prenant même pas le temps de s'étirer et suivit le chemin de sa sœur à vive allure, envieuse d'en savoir plus à tous prix. Qui les attaque ? Le Clan de la Rivière ? Ou de l'Ombre ? Et si ce n'était pas un Clan ? Peut-être un renard ? Ou même des chiens !
Malgré ses muscles courbaturés et meurtris, elle essaya de ne pas grimacer sous l'effort et se dépêcha encore plus. Voilà pourquoi tous les nids sont vides. Je dormais tellement bien que je n'ai entendu personne se réveiller !

En effet, Tempête de Flamme n'avait encore pas eu l'occasion de dormir beaucoup cette nuit puisque elle avait vu Plume de Nuit aux Quatre Chênes. Elle était ainsi rentrée très tôt ce matin. Mais elle avait encore passé un merveilleux moment sans pour autant se douter qu'elle allait devoir se battre le lendemain-même et qu'elle aurait donc dû mieux fait de préserver ses forces. Maintenant, elle regrettait déjà grandement son nid couvert de mousse et de plumes, plus moelleux que jamais !

Mais on avait aujourd'hui besoin d'elle. On avait besoin de ses talents, de sa loyauté et de son courage. Elle avait un rôle de guerrière à accomplir. Et ce, à tout moment, qu'importe ses autres problèmes et qu'importe ses envies, ses désirs et ses intérêts. Elle avait juré de protéger son Clan à chaque instant et au péril de sa vie. Le repos viendrait donc après.

En s'extirpant de l'antre des guerriers, Tempête de Flamme fut aussitôt submergée par l'activité incroyable qui animait le camp en ce si tôt moment de la journée. Un léger brouillard enveloppait la forêt, voilant le soleil levant encore caché tandis que l'air embaumait une forte et très fraîche odeur d'humidité que la rouquine n'avait jamais sentie auparavant. Au loin s'amassaient d'épais nuages blancs moutonneux, galopant depuis les montagnes dans le ciel rosé et orangé à vive allure droit vers eux. Des corbeaux se battaient dans un pin tout proche mais ses camarades miaulaient si forts entre eux qu'on ne les entendait à peine.