Ténèbres glacés, Espoirs flamboyants - LGDC

Chapitre 19

Le soleil levant baignait les Rochers du Soleil de son habituelle couleur d'or tandis qu'Étoile de Feu bondit aux côtés de Plume Grise, en faisant rouler ses muscles sous sa fourrure. Laissant derrière lui sa patrouille, il s'empressa d'aller soutenir son ami de toujours, dont la joue ne voulait plus s'arrêter de saigner.
Jamais Nuage de Flamme ne l'avait vu aussi énervé. Les dents sorties, les pupilles réduites en une seule feinte, il toisait la meneuse adverse avec sévérité, tout en faisant un pas vers elle.

« Étoile de Léopard ! D'où violes tu notre territoire ? » feula alors le rouquin, la fourrure ébouriffée, d'une voix si violente que certains des guerriers de la Rivière tremblèrent devant tant de colère.

À l'inverse, Étoile du Léopard resta incroyablement impassible face aux questions menaçantes de son interlocuteur. Elle prit le temps d'étudier la situation puis s'avança également vers Étoile de Feu, ses yeux ambrés brillants ne le quittant plus des yeux.

« Je le viole ? Je crois que nous avons besoin de nous expliquer, Étoile de Feu. Moi, mes actes sont sensées. Toi ? J'attends ta réponse : comment expliques-tu les odeurs de ton Clan sur mon territoire depuis près d'une lune ? Nous ne sommes pas dupes. Nous reconnaissons les odeurs intruses entre mille, surtout les vôtres », gronda la tachetée d'une voix ricaneuse en frôlant Étoile de Feu de la truffe.

Devant ces explications aberrantes, les chats du Clan du Tonnerre ne purent s'empêcher de grogner en direction du Clan ennemi.
Cœur d'Épine dû même retenir Flocon de Neige, qui voulait déjà s'élancer sur l'ennemi le plus proche.

Nuage de Flamme, elle, regardait la meneuse adverse, ahurie. Elle n'en croyait pas ses oreilles. Comment pouvait-elle dire cela ? Elle en restait perplexe et choquée. Ses paroles n'avaient en aucun cas l'air d'être envoyées en l'air. Elle semblait si sûre de ce qu'elle disait. Elle semblait tout sauf hésitante. Et pourtant, la rouquine savait que ses camarades n'avaient jamais mis les pattes sur leur territoire. Son Clan n'aurait jamais fait ça. Tous étaient dignes de confiance. Cette histoire ressemblait à celle que connaissait le Clan du Vent et celui de l'Ombre.
Bien trop.
Un mauvais pressentiment la fit trembler des oreilles à la queue. Il n'y avait là rien de bon.

Anxieuse, la rouquine reporta son attention vers son père. Étoile de Feu avait pris le temps de réfléchir à ce qu'il allait dire. Sa queue, qui se balançait dans tous les sens, trahissait son incompréhension. De même, derrière lui, ses chats échangeaient encore vivement à voix basses entre eux, tentant de comprendre pourquoi les accusait-on délibérément.
D'un mouvement rapide de la tête, Étoile de Feu leur intima le silence. Il inspira longuement puis leva le menton. Malgré sa patience extraordinaire, son regard vert perçant trahissait son agacement.

« Étoile du Léopard, je jure pourtant qu'aucun de mes guerriers n'est venu sur ton territoire. Tu as fait erreur », annonça-t-il d'une voix extraordinairement paisible.

La féline tachetée s'était approchée d'un bond, menaçante. Ses muscles roulaient sous sa svelte silhouette.

« Tu oses traiter mes chasseurs de menteurs ? Ils l'ont pourtant bien sentie. Ce sont plutôt tes guerriers qui ne te sont pas loyaux ! »

Les chats du Clan de la Rivière approuvèrent ses paroles d'un feulement à l'unisson, bientôt remplacé par le concert de protestations des chats du Clan du Tonnerre.

« C'est vous les menteurs, s'étrangla Pelage de Poussière, dont le sang sur l'épaule avait séché. Pas nous !

- On n'a jamais fait ça ! feula une autre voix forte par derrière.

- Vous n'avez aucune preuve, fulmina à nouveau Flocon de Neige, toujours retenu par les vétérans les plus proches. Ce n'est qu'une stupide invention de votre part, bande de poissons sur pattes ! »