Chapitre 7 ~ 1/4

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Le temps était passé lentement mais cela avait suffi pour qu'une année entière s'écoule.

Une année pendant laquelle Camille et Charlie s'étaient apprivoisés.

Une année où les amis du jeune homme avaient décidé de faire un tour du monde, vivant au jour le jour.

Une année où Patricia avait décidé de partir en Californie pour une formation.

Une année où mes parents sortaient beaucoup avec Pénélope pour lui changer les idées. Pour dire, je ne les voyais presque plus.

Je voyais Nolan tous les jours à l'hôpital et je l'écoutais parler ou je lui disais ce que je pensais parfois, au cours d'une journée.

Les départs des proches que j'étais sûr de retrouver à l'avenir ne m'effrayaient pas. Mais son départ m'avait terrifié. Encore une fois, je n'avais pas réagi sur le moment.

Quand j'étais allé le trouver à l'hôpital, sa chambre était vide, le lit était fait et propre, la salle de bain était débarrassée de ses affaires. Je n'avais pas tout de suite compris l'information que m'envoyait mon cerveau. J'avais regardé autour de moi. J'avais essayé de le trouver dans un placard mais je ne voyais plus ses affaires. Ses affaires rouges.

J'étais tellement paniqué que j'étais allé trouver une infirmière et lui avais demandé où était parti mon ami. Elle ne voulait rien me dire mais un médecin passant par là, que je connaissais pour l'avoir vu s'occuper de lui, s'était arrêté à notre hauteur et m'avait informé de son transfert dans un autre établissement. Je l'avais supplié de me dire lequel c'était mais sans grande surprise, il avait refusé de me répondre et était parti, me laissant seul avec l'infirmière qui m'avait proposé de l'eau.

J'avais fui. J'avais peur. Je ne savais pas ce que cela voulait dire. Pourquoi était-il parti sans me le dire ? J'étais inquiet. J'avais un mauvais pressentiment ...

Être parti sans un mot, cela supposait que les choses n'allaient pas bien, n'est-ce pas ?

Nolan avait déserté ma vie un jour de février, lorsqu'il neigeait dehors et que je ne savais plus quoi faire de moi. J'étais perdu et je ne cherchais pas à savoir ce que je devais faire. J'étais abandonné.

J'étais de nouveau seul. Je ne pouvais parler à personne. J'étais à présent incapable de m'exprimer auprès de quelqu'un d'autre, comme si je ne pouvais plus faire confiance à qui que ce soit. Nolan était comme un confident. Notre relation était subtile. Il n'y avait pas toujours besoin de mots pour passer du temps ensemble. Parfois, nous n'avions fait que regarder les passants quand nous allions dans le parc de l'établissement. Etrangement, nous en étions tous les deux satisfaits.

Je ne sais pas si je lui en avais voulu d'avoir disparu. J'espère que sa raison était la bonne ...

J'essayais de faire passer son absence en allant marcher en forêt. J'y restais longtemps. J'y écoutais les bruits de la nature qui parvenaient à adoucir ma colère. Je ne comptais plus les heures que je passais à regarder les rayons s'infiltrer à travers le feuillage. Mon esprit était vide. Encore et toujours.

Je ne parvenais pas à retrouver le semblant de vie que m'avait accordé Nolan au cours de notre courte amitié. Sans le savoir, il m'avait donné vie et je pouvais exister pour moi-même. Je n'étais pas éteint comme je l'étais après sa disparition.

Je ne parlais pas de ce que sa perte m'avait fait. Je n'osais plus me confier à Charlie, de peur qu'il ne puisse jamais évoluer aux côtés de Camille. Je ne voulais plus me confier à mes parents qui étaient toujours avec Pénélope lorsqu'ils avaient du temps à leur accorder. Je refusais que Laure connaisse mes sentiments. Je refusais que Dorian devienne le confident de mes pensées.

Et pourtant, plus d'une fois, il avait essayé d'amorcer une conversation. Il savait que je tenais à Nolan. Il ne devait pas comprendre pourquoi sa disparition me mettait dans tous mes états. Mon amitié avec ce jeune garçon était comme une bouffée d'oxygène. Ensemble, nous ne pensions plus à nos blessures. Je ne pensais plus à Dorina comme l'homme pour qui j'en pinçais. Nolan ne pensait plus à son existence misérable.

Ensemble, nous avions construit un univers qui nous mettait à l'aise. Même sans parler de ce qui nous tracassait, nous le savions et nous nous soutenions l'un l'autre en silence. J'aimais cette relation. Elle était simple et honnête. Il n'y avait rien à cacher. Il n'y avait pas à avoir peur.

Avec Dorian, c'était différent. J'avais toujours peur qu'il sache. Qu'il interprète tout de travers et que je sois le seul à en faire les frais. Il n'avait pas conscience de l'effet qu'il avait sur moi.

Je m'isolais toujours plus que mon intérêt pour la gente masculine ne semblait plus exister. Je ne m'intéressais à personne. J'ignorais le monde dans lequel je vivais. J'étais simplement un automate. Je n'avais toujours pas conscience dans quoi je m'enlisais à force de ruminer toutes ces pensées sans en parler à quelqu'un.

J'attendais quelque chose sans rien vouloir non plus. Je m'ennuyais tellement, puisque je ne pouvais plus parler de moi, alors je m'étais mis à lire les mots des autres. A regarder des pièces de théâtre, à me rendre à des expositions, à voir de vieux films au cinéma, à acheter des livres en librairie, à visiter des musées, des châteaux, des parcs, à faire des découvertes culinaires, à partir en randonnée et à camper pendant des jours sans donner de nouvelles.

J'essayais de chercher un moyen de communiquer. De m'exprimer. Je cherchais l'inspiration pour le faire. Cette routine installée, personne ne pouvait plus m'en séparer. J'avais même fini par m'inscrire dans un club de boxe. Je n'y allais que pour me sortir de la tête tout ce qui me déconcentrait. Je n'avais aucun ambition et mon coach le savait. Il m'entraînait presque à part et les autres me cherchaient toujours les noises.

Je ne faisais attention à personne. Je n'écoutais personne. J'ignorais tout le monde. Mon existence monotone ne m'intéressait pas et je ne comptais plus le temps. J'avais le sentiment d'être retourné à cette époque dont je ne me souviens de rien.

Bleu Silence ~ [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant