CHAPITRE 04 : Une vieille confession.

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Je marchais toujours malgré mon corps lourd et mes pas hésitants. Je longeais les murs, en soufflant fort, les doigts enfoncés dans la chair glacée des bâtisses. Je m'avançais toujours un peu plus dans les entrailles de la ville. Je passais de la lumière d'un lampadaire à l'ombre d'une ruelle. J'errais comme une âme brisée, risquant son dernier souffle pour atteindre l'unique chose qui le maintient en vie.

Me voilà poète, mon esprit s'égare et je m'invente une histoire dont je suis le héros, pensai-je en éclatant de rire.

Par miracle, je retrouvai le chemin qui menait au studio de mon collègue. Arrivé devant l'immeuble, je me campai fermement sur mes deux pieds, face à la porte fermée à digicode et attendis, les poings sur les hanches. J'avais du mal à rester droit parce que le sol était drôlement proche de moi.

Je secouai la tête pour essayer de reprendre mes esprits. Je devais répéter ce que je voulais dire à Solian. Je tendis une main devant moi et levai le pouce en marmonnant dans ma barbe :

— Mettre les choses ... au clair, m'expliquer ... il doit...s'expliquer aussi. Pas d'interférence dans... mes sentiments...

Je voulus lever mon autre main et je fronçai les sourcils. Quand avais-je pris cette bouteille de bière avec moi ? Et elle m'avait l'air bien vide ... Etait-ce la deuxième ou la troisième ?

— Zut ... J'ai oublié.

Je tournai la tête et trouvai une poubelle à quelques mètres sur le trottoir d'en face. Avec précaution, je traversais la rue et m'étalai de tout mon long, sans surprise, sur le trottoir. Je grimaçai en constatant que je m'étais ouvert les paumes et les coudes. En plus, j'avais froid en t-shirt et short. Je remuai mes orteils et frissonnai en les voyant sans tongues.

— Merde... Je vais finir à poil.

Je balançai la bouteille dans la poubelle. Le bruit retentit dans la nuit comme un avertissement et j'en eus la chair de poule. Je sursautai en sentant mon téléphone vibrer dans ma poche. Je pouffai de rire avant d'extraire avec difficulté mon téléphone pour répondre à l'appel. J'avais en même temps de nombreux messages. Je décrochai après avoir tenté de pousser le bouton vert.

— Merde ! Marc, où es-tu ? angoissa à l'autre bout du fil Solian. C'est quoi ton message ? Je n'ai rien compris ...

— Oh ! ... Toi et ... et moi, faut... Faut qu'on parle ! réussis-je à dire en m'asseyant sur le trottoir.

— ... Je vais détruire William pour t'avoir laissé boire ! ragea à haute-voix mon collègue. Dis-moi, où es-tu ?

— Tu ne sais pas ... lire ? lui reprochai-je en boudant. J'ai dit... j'ai dit chez toi !

— Tu ne bouges surtout pas et tu restes au téléphone le temps que j'arrive, ok ? s'exclama Marc avec des bruits de frottements.

Je ne lui répondis pas. Mes yeux étaient rivés sur le trottoir d'en face, celui de l'immeuble de Solian. Devant la porte de son immeuble, il m'attendait. Je le reconnaîtrais entre mille, malgré l'obscurité. Il avait ce port du corps relâché, la tête relevée avec la pomme d'adam exposée aux yeux de tous et les mains dans les poches de sa veste. Sa voix grave me confirma sa présence définitive :

— Salut, Marc.

Je restai silencieux. L'alcool faisait encore effet alors je n'osais pas bouger. Je ne voulais pas me ridiculiser.

— Marc ? Allô ? Allô ? Marc ! Réponds ! Je sais que tu n'as pas raccroché !

— Ne panique pas, Solian, entendis-je alors. Je suis sûr que tout va bien se passer ...

Bleu Silence ~ [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant