Un jour dont je me souviendrais longtemps parce qu'il est à mes yeux le pire... J'en avais connu quelques uns : il y en a toujours au cours d'une vie. Je ne les comptais plus. Il ne pouvait pas y avoir pire que mon passé. Il ne pouvait y avoir pire que la disparition de Eléonore. Il ne pouvait y avoir pire que d'aimer son meilleur ami. Et pourtant, si. Il y avait pire que ça.
C'était de recevoir une lettre. Une lettre que d'abord je ne reconnus pas. Une lettre que j'aurais aimé ne jamais recevoir. Une lettre qui était une promesse qui n'aurait jamais dû être tenue.
Je la reçus après le départ de Charlie et Camille qui avaient passé le week-end à la colocation. J'étais seul quand je l'avais découvert dans ma boîte aux lettres. Je reconnus d'abord l'écriture désordonnée de maman. A l'intérieur, il y avait une autre enveloppe et l'écriture y était un peu plus soignée.
Je ne savais pas comment, sans la lire, je réussis à savoir de quoi il s'agissait. Je fondis en larmes parce que c'était la seule chose que je pouvais faire à présent. Mes émotions étaient à vif et n'avaient pu supporter ça. J'avais encore perdu.
Je perdais un ami qui m'était précieux et avec qui j'avais eu de très bons moments. J'avais souvent été le voir à l'hôpital, même après le décès de Eléonore. Je l'adorais. Sa personnalité était chaleureuse et il essayait toujours de sourire. Il était bavard et distrait. Un jeune romantique trop mature pour ses dix-sept ans.
Les mains tremblantes, j'ouvris l'enveloppe froissée. Un petit carnet et deux lettres tombèrent par terre. Je pris la feuille qui me semblait la plus petite et ne reconnus pas l'écriture. Elle paraissait précipitée, indécise, paniquée...
Cher Marc,
Je ne sais pas comment te le dire... Je n'ai jamais été doué avec les mots. Alors... Je vais aller à l'essentiel.
Je suis le père de Nolan. Je suis au regret de t'annoncer cette mauvaise nouvelle. Nolan nous a quitté il y a un mois. Je te prie de me pardonner d'avoir gardé aussi longtemps cette lettre quand je savais que vous vous étiez fait une promesse... C'était bien trop difficile de me séparer de ce bien qui a été un jour à mon fils... Fais-en bon usage, s'il-te-plaît.
Merci. Paul.
Je la laissai tomber à mes pieds. A travers mes larmes, je cherchai cette deuxième lettre. Je la trouvai enfin mais n'osai pas l'ouvrir. Je la dépliai doucement, reniflant quand les premiers mots de Nolan furent visibles. Je regardai les mots sans les lire. J'avais trop peur de voir la suite. J'avais peur de ce que pouvait avoir écrit Nolan, seul dans sa chambre.
Cher Marc,
C'est Nolan.
J'espère que tu te rappelles encore de moi. Si oui, peux-tu lire ce carnet ?
Parce que si, à présent, tu l'as entre tes mains, c'est qu'il n'a plus de propriétaire.
Sais-tu ce qu'il y a à l'intérieur ? Ce carnet a une drôle d'histoire. Il m'appartenait avant de se retrouver en possession d'Eléonore. Elle a commencé à écrire et j'ai suivi. Peut-on dire que ce sont nos pensées ?
Te souviens-tu que j'avais voulu t'écrire, te donner de mes nouvelles mais je n'en ai jamais eu le courage. Mon état se dégradait, je ne voulais ni t'inquiéter ni te mentir. La meilleure option qui s'est présentée à moi a été d'écrire dans ce carnet tout ce que je voulais te dire.
Ne m'en veux pas de ne pas avoir réussi à t'écrire. C'était difficile tous les jours. Je ne savais plus quoi faire et je m'ennuyais. Si je ne t'ai pas contacté, c'est aussi parce que je devinais que tu allais mieux. Tu m'avais parlé de ce projet d'aller loin, de vivre autre chose et d'être heureux. J'ai toujours pensé que c'était basique comme rêve. J'étais jaloux de toi parce que tu avais la possibilité de faire tout ce que tu voulais. Tu pouvais faire les choses en grand mais tu te contentais des petits bonheurs de la vie tandis que je mourrais sur un lit d'hôpital. Si j'avais été à ta place, qu'aurais-je fait au final ? Mes choix auraient sûrement été les mêmes que les tiens.
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Bleu Silence ~ [BxB]
Teen Fiction" Puis je me suis souvenu de ce que tu m'avais dit, un jour. Que les routes que tu croisais se séparaient au prochain carrefour et que nos directions étaient toutes différentes. Tu t'attachais aux gens mais avec le temps, tu parvenais à nous laisse...