J'étais ému de retrouver mon frère. Même s'il était venu quelques fois à la colocation avec Camille, je ne l'avais pas vu ici, chez nous. Dans la ville de notre enfance. Mes retrouvailles avec Charlie m'avaient fait sourire mais intérieurement, je pleurais. Je me sentais soulagé de retrouver un endroit que je connaissais et où je savais que l'accueil allait être le bienvenu.
Alors que nous nous dirigions vers la voiture de Camille, je ne pus résister à l'envie d'étreindre mon frère. Tout le monde s'était arrêté et Solian était surpris. Charlie répondit au geste sans un mot et nous restâmes ainsi pendant quelques minutes. Puisque je ne voulais pas qu'ils voient mes larmes, je me cachais dans le torse de mon frère. Il sentait que je hoquetais contre lui. Il n'était pas étranger à mes crises de larmes. Le seul geste qu'il fit pour m'apaiser fut de poser sa main chaude sur ma tête et d'attendre que j'aille mieux.
Je le repoussai en reniflant, les yeux certainement rouges et la morve au nez, mais je m'en fichais. J'allais mieux et le sourire de Charlie me rassura. Je remarquais enfin Camille qui faisait un geste pour se limer les ongles, l'air ennuyé, et je ne pus m'empêcher de rire. Solian se sentait de trop car ses beaux yeux verts regardaient avec un intérêt gênant le goudron du trottoir.
— Demain, papa et maman nous ont invité à manger pour fêter ton retour, déclara Charlie en brisant le silence qui s'était installé.
— Camille sera là ? demandai-je les yeux brillants.
— Bien sûr, je serais là ! protesta le concerné. Est-ce que je t'ai tant manqué ?
— Je demandais seulement parce que ça veut tout simplement dire que Solian peut venir !
Camille me fixa hébété et mon frère partit dans un fou rire magistral. Solian ne savait pas où se mettre et il s'empara de sa valise, marchant d'un pas déterminé vers une voiture qu'il ne connaissait pas. Je l'arrêtai et criai :
— Laisse donc nos hôtes s'en charger et allons prendre des photos là-bas ! J'aime bien cette place ...
— Hé ! Marc, reviens ! s'égosilla Charlie en m'insultant de tous les noms.
Solian ne dit mot et se laissa entraîner, un sourire niais sur les lèvres. Je le tirai derrière moi avec tellement d'entrain que nous finîmes par courir dans la rue principale pour rejoindre cette grande place circulaire verdoyante. Je l'avais lâché depuis longtemps et je me promenais d'un pas vif sur l'esplanade en regardant les gens autour de moi. Je ne connaissais personne et personne ne me connaissait. Même si c'était ma ville.
Solian me suivait difficilement pendant que je papillonnais d'un point à un autre, en m'exclamant devant chaque chose avant d'aller vers une autre. Je n'avais pas fait attention que Charlie et Camille nous avaient rejoint après avoir rangé nos affaires dans le coffre de la voiture.
Fatigué et agacé, mon ami se laissa tomber sur l'assise d'un banc et observa mes allées et venues avec impatience. Charlie et Camille le rejoignirent et attendirent que ma joie redescende. Je ne pouvais pas contrôler ce sentiment d'excitation. J'avais l'impression d'être un nouveau né et de découvrir le monde.
— Charlie ! l'appelai-je à quelques mètres du banc. Je ne veux pas encore rentrer ! Je vais faire un tour dans le centre !
Avant que je ne puisse entendre sa réponse, j'étais déjà parti. Mes yeux naviguaient d'un point à un autre, remplissant mon cerveau d'images multicolores, sonores et odorantes. Les couleurs, l'ambiance et l'esprit n'étaient pas les mêmes qu'au bord de la mer. J'avais l'impression d'explorer un nouveau monde.
Les gens ne prêtaient pas attention à l'environnement extraordinaire autour d'eux alors que les rues étaient brillantes et animées. Ils étaient tous sur leur téléphone ou fixaient un point inerte au loin. Le murmure des voix vrombissait aux terrasses des petits cafés et créait une drôle de mélodie à mes oreilles. Je marchais d'un pas rapide à travers la foule, m'arrêtant de temps à autre devant une petite boutique joliment décorée.
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Bleu Silence ~ [BxB]
Roman pour Adolescents" Puis je me suis souvenu de ce que tu m'avais dit, un jour. Que les routes que tu croisais se séparaient au prochain carrefour et que nos directions étaient toutes différentes. Tu t'attachais aux gens mais avec le temps, tu parvenais à nous laisse...