Je ne dis pas non et je ne dis pas oui.
Je n'avais pas eu le temps de lui dire qu'il s'était écroulé au sol, jurant et insultant celui qui venait de lui abattre son poing dans le visage. J'avais contourné la personne qui me tournait le dos et avais essayé de relever Elliot mais quelqu'un m'avait tiré en arrière et je m'étais retrouvé coincé entre l'arbre et Dorian.
Mon cerveau ne comprenait pas la situation. Qu'est-ce qu'il foutait là, lui ? Ses yeux étaient brillants de colère. Son bras qui appuyait à la naissance de mon cou me faisait mal. J'avais bien essayé de le dégager mais il me plaquait contre l'arbre, sans me quitter des yeux.
A travers mes larmes, j'avais vu des silhouettes se précipiter sur nous. Le poids sur ma gorge ne disparaissait pas malgré les tentatives de Laure pour calmer Dorian. Qu'est-ce que j'avais fait de mal ? Je ne comprenais pas et le manque d'oxygène me faisait paniquer.
J'avais à peine entendu le sermon de Dorian quand il avait enfin hurlé ce qu'il me reprochait :
-Putain de merde, Marc ! Tu ne penses qu'à ta gueule ! J'ai flippé en pensant qu'il t'était arrivé un truc grave ! Et je te retrouve à jouer aux amoureux avec ce fouineur de merde ? Tu n'en as pas assez de ça ?
-Tu entends quoi par là ? avais-je articulé difficilement en essayant de retirer son bras de ma gorge. Les relations que j'ai ne te regardent pas, Dorian !
-Si ! Elles me regardent toutes ! Tu ne te rends pas compte de la merde que t'es devenu !
-Pardon ? m'étais-je étranglé en sentant mon coeur se serrer face à ses mots. Lâche-moi, tu me fais mal !
-Arrête de te voiler la face ! Avoue-le.
-Qu'est-ce que je dois t'avouer ? avais-je ragé en me débattant comme un forcené. Lâche-moi !
-Tu as déjà pensé à moi en faisant ce genre de choses, hein ?
- De ... de quoi tu parles à la fin ? avais-je fini par craquer.
-Tu devais penser à moi de cette façon ! avait-il articulé en s'approchant de mon visage le regard brillant d'une lueur que je ne lui connaissais pas.
-Qu'est-ce ...que...tu me ... veux ... à la fin ?
- Tu as dû me désirer, non ? Dès que quelqu'un t'intéresse, tu te le fais, n'est-ce pas ? Tu es frustré à ce point ? Tu n'as aucune estime de toi, mec ?
Que ... Quoi ? De quoi parlait-il ? Je ne comprenais plus rien.
Il parlait encore, en cherchant à me provoquer mais je n'écoutais plus. J'étais choqué qu'il puisse me voir comme ça. Qui lui avait mis des idées pareilles en tête ? A qui pensait-il ? Je faisais ma vie comme tout le monde voulait que je la fasse ! J'essayais de survivre. D'avancer et c'est tout. Qu'est-ce qu'il venait y foutre son grain de sel, celui-là ? J'étais en colère contre lui. Ses mots me blessaient. Ils réveillaient en moi la colère des années passées que je ne pouvais pas maîtriser.
-Tu te sens obligé de changer de mecs comme de chemises ? continuait-il en tremblant de rage.
-Qu'est-ce que tu t'imagines ? avais-je enfin réagi en lui collant un coup de boule improvisé.
Il ne l'avait pas vu venir celui-là. Je m'étais dégagé de son emprise et l'avais regardé de haut, des larmes de colère sur les joues. Je voulais le frapper à mort, ce connard. Il s'était relevé en titubant, le nez en sang et la rage dans les yeux. Je voyais bien qu'on avait rameuté tout le monde avec notre bagarre. Mais je les ignorais tous pour le regarder lui et son sang de fumier.
Il n'était en rien différent des autres. Il laissait sa colère envers moi se manifester, sans penser aux conséquences. Je refusais de me laisser marcher dessus. J'en avais assez de dépendre de lui, quelle qu'en soit la façon. Je devais le faire disparaître de mon existence.
Pensait-il que j'étais toujours aussi faible ? J'étais peut-être dans mes pensées tous les jours mais cela ne voulait pas dire que je n'avais pas la volonté de lui éclater la gueule. Je voulais le démolir et lui faire comprendre que sa personne ne ferait jamais la mienne. Qui se croyait-il être ? Ma mère ?
-Tu ne penses pas avoir fait assez de conneries comme ça ? avait-il vociféré en m'attrapant par le col. Tu ne te diras jamais qu'il faut que t'arrêtes tout ça ? Ton problème ne t'a pas suffi ? Tu dois continuer à ...
-T'es con ? avais-je bredouillé en colère face à mon incapacité à lui faire entendre raison. J'ai fait pas mal de choses pour que ça dure entre nous, connard.
- De quoi tu parles ?
- Tout est de ta faute, mec.
- Parle ! En quoi ce serait la mienne ? Si tu ne parles pas, comment je ferais pour savoir, hein ? s'était-il agacé en resserrant sa poigne sur mon t-shirt.
-Je n'ai pas envie de te parler.
Lentement, ses mains s'étaient détachées de moi, tombant mollement sur ses flancs. Dans ses yeux, je voyais que je l'avais blessé mais je ne comprenais pas en quoi. Il me fixait sans réagir. Sans crier gare, des larmes avaient coulé sur ses joues. Il avait tourné les talons et je l'avais entendu jurer. Laure avait couru après lui.
Personne n'était venu me voir. Elliot m'observait mais je ne savais pas ce que je devais faire ou dire, alors, j'avais choisi de disparaître dans la pénombre, loin de ces commères, de mon frère et de lui.
Pour pleurer parce que j'avais mal au cœur. Parce que Dorian ne me comprenait pas. Parce que je me sentais seul. parce que j'étouffais ici.
Je devais partir.
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Bleu Silence ~ [BxB]
Teen Fiction" Puis je me suis souvenu de ce que tu m'avais dit, un jour. Que les routes que tu croisais se séparaient au prochain carrefour et que nos directions étaient toutes différentes. Tu t'attachais aux gens mais avec le temps, tu parvenais à nous laisse...