Chapitre 7 ~ 2/4

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Laure et Dorian m'avaient invité à une soirée. Je peux dire sans peine que cette soirée a été la révélation. En quelque sorte.

Je m'ennuyais. Dorian avait exigé ma présence sans que je puisse négocier. Il avait même invité Charlie et Camille pour me dissuader de refuser.

C'était une soirée qui réunissait des anciens camarades du lycée, quelques amis d'enfance, des nouvelles connaissances et des amis de leurs amis. La fête avait lieu dans cette vieille ferme que je connaissais pour y avoir rencontré un étrange jeune homme.

Laure m'avait habillé et coiffé pour que je fasse sensation auprès des autres. Je n'avais pas cherché à mettre en valeur son travail en souriant à toutes ces têtes que je ne voulais pas voir ou que je ne connaissais pas.

A mon arrivée, je me savais observé. De nombreuses têtes me dévisageaient comme si j'étais une bête curieuse. Leur attention était aussi tournée vers le couple que formaient Camille et mon frère. J'avais le coeur au bord des lèvres. Je n'aimais pas que les gens me remarquent. J'étais mal à l'aise.

Camille et mon frère s'étaient fondus dans la masse et je les avais perdu de vue bien assez vite, à mon plus grand regret. J'étais seul.

La fête battait son plein et des filles étaient venues me voir. Elles avaient beau m'envoyer des clins d'oeil, ça ne m'avait fait ni chaud ni froid. Peut-être que certaines avaient un jour entendu parlé de moi ... Je n'étais plus celui des rumeurs. Je ne savais pas moi-même qui j'étais devenu.

Un type ennuyant.

Les filles étaient parties quand Paul était venu me trouver, un verre de jus d'orange en main qu'il m'avait tendu, en m'assurant qu'il avait fait attention qu'aucune goutte d'alcool n'y soit tombée. J'avais pris le verre pour la forme.

Avant qu'il ne puisse m'interroger, tu étais venue nous rejoindre, un jeune homme sur tes talons. Il avait un sourire espiègle et paraissait curieux de tout. Je n'aimais pas le regard qu'il avait pour moi. J'avais l'impression de le connaître.

Je l'ignorais et te dévisageais parce que tu semblais avoir changé : ton teint était devenu plus pâle, tu avais maigri, tu avais des cernes sous les yeux et tes vêtements cachaient ton corps. Tu faisais presque tâche dans ce décor où la majorité des filles étaient maquillées et coquettes.

J'étais étonné de voir que Paul avait une conversation sérieuse et constructive avec toi. Paul n'avait jamais été quelqu'un d'attentif et de posé. Il était toujours à errer de fille en fille et draguait pour rire celles qu'il trouvait mignonne. Son évolution était agréable.

J'écoutais à peine ce que vous disiez, trop occupé à regarder tes mains bouger quand tu parlais. J'essayais de faire abstraction de ton ami, que tu avais présenté comme étant Elliot. Ce jeune homme n'avait pas cessé de me sourire, comme s'il me prenait pour un idiot.

Dorian avait fini par nous rejoindre avec Laure. Tes amis t'interpellaient parfois et tu leur répondais en éclatant de rire. Paul poursuivait sur un débat que je ne comprenais pas. Laure était à fond dedans et essayait de me faire participer.
Comme si j'avais un avis à donner.

Paul avait deviné que je n'étais pas motivé alors il ne m'avait pas trop sollicité. Il était resté quand même à mes côtés, poursuivant la discussion avec Laure et toi. Elliot m'observait à la dérobée et je voyais bien que Dorian voyait ça d'un mauvais oeil. Je ne faisais rien.

Une heure plus tard, Elisabeth, ta meilleure amie était venue nous rejoindre, le nez dans son téléphone. Tu avais entouré ses épaules d'un bras et écoutais attentivement ce que te disait Paul sur les pandas chinois. Laure soupirait et secouait la tête, en désaccord total.

Au bout d'un moment, Elisabeth et toi étiez retournées vers le buffet en traversant la foule. Dorian et Laure étaient partis danser un solo sur une musique qui s'y prêtait. Paul avait rejoint une fille qui semblait être sa petite-amie. Charlie et mon frère étaient toujours aux abonnés absents.

J'étais resté seul avec cette tête d'abruti. Son sourire me mettait mal à l'aise. J'étais si agacé que j'avais quitté la fête sans parler à personne. Je me souvenais vaguement du chemin pour me rendre au champ.

Je retrouvais l'arbre. Il était toujours là.

Cette fois, je ne pouvais pas m'allonger. Le sol était trempé par la fine pluie de cette soirée bruyante et longue. J'avais observé le ciel, le dos contre le tronc d'arbre.

Bien que nous étions en juin, le temps était triste ce jour-là.

Comme mon coeur, d'ailleurs, pensais-je intérieurement.

-Comment vas-tu, Parce que ?

Bleu Silence ~ [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant