Travailler est un luxe. Si certains pensent qu'il s'agit de monotonie, pour moi, c'est une libération. Mon corps et mon esprit s'unissent pour entrer en action et respirer un autre air, plus sain et plus frais que celui de la solitude. Noël approchait et j'allais avoir une semaine de congés.
Le temps était morose, il faisait froid et le vent se levait tôt le matin pour se coucher tard le soir. Pendant cette période, Solian était en pleine révision. Ses examens avaient lieu peu de temps avant les vacances de Noël. Le soir, après qu'il ait fini ses révisions, et moi ma journée, nous nous retrouvions chez son père pour dîner et jouer au scrabble. Ma relation avec Pierre avait progressé au point qu'aujourd'hui j'étais sa « belle-fille ».
Tous les gens que j'aimais allaient retrouver de la famille ou des amis. Chacun d'entre eux allait passer un merveilleux réveillon. Pas d'orage à l'horizon ; juste une simple éclaircie.
Les choses allaient bon train, chacun menant tranquillement sa vie comme il jugeait bon de le faire. C'était paisible et magnifique.
Un dimanche, je me suis rendu au cimetière où mes amis reposaient. Je n'en ai parlé à personne car je souhaitais être seul. J'avais emporté avec moi le carnet et la lettre.
Je suis arrivé sur leur tombe à ciel ouvert, les mains prises par deux bouquets de fleurs. Je me suis demandé si quelqu'un venait les voir. Il y avait des fleurs fanées sur leur tombe. Je les ai laissées et j'y ai placé les miennes.
Je n'ai pas su quoi dire. Je pensais à beaucoup de choses. J'ai souri en imaginant mes amis rire à mes côtés parce qu'ils avaient fait les quatre cent coups. J'ai enfin ouvert la bouche et j'ai parlé. J'ai tout dit. J'ai même émis l'idée de rencontrer le père de Nolan parce que je souhaitais lui donner le journal intime de son fils.
J'ai sans doute pleuré. Qui ne pleure pas ? L'émotion est toujours envahissante quand on se rappelle un être aimé. J'ai marmonné des choses dont je ne me souviens plus. Personne n'était là. Je pouvais pleurer tout mon saoul. Alors que j'allais partir, je suis tombé sur deux hommes qui me fixaient avec surprise.
Si tu avais pu vieillir, mon ami, tu lui aurais ressembler. J'avais en face de moi Paul, le père de Nolan, et Eric, son compagnon. Je m'approchai d'eux, les saluai à demi-voix et tendis au père le carnet et la lettre que son fils m'avait envoyé. Il les prit sans un mot, toujours à m'observer avec une expression de surprise.
Nous n'avons pas échangé de paroles. Je suis parti après cela. J'ai senti qu'il me regardait m'en aller alors qu'il voulait me poser des questions.
Parfois, il faut laisser sa place au hasard et ne pas anticiper l'avenir.
Il aurait en plus de ces deux objets, les réponses que j'ai écrites à mes amis. Ces réponses qu'on écrit alors qu'on se désespère de les revoir un jour parce qu'ils nous manquent.
Je suis une vague dans ma propre vie et dans celle des autres. J'arrive et je pars. Mais quand je suis là, j'embrasse tous les êtres que j'aime avec passion. Je leur donne tout ce que je peux et je les remercie.
Je suis devenu une page vierge. J'ai réécrit mon histoire. Seul face à l'océan. La lumière que je fuyais hier me câline aujourd'hui.
Je suis la neige, être éphémère et immaculé, tremblant d'histoires, qui vient s'échouer sur les terres des êtres aimés, où ensemble, ils écrivent l'histoire de leur vie.
Je suis dans une autre dimension, alors que je t'écris ces mots. Je suis heureux.
Je suis les mots qui remercient et qui aiment.
FIN
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Bleu Silence ~ [BxB]
Genç Kurgu" Puis je me suis souvenu de ce que tu m'avais dit, un jour. Que les routes que tu croisais se séparaient au prochain carrefour et que nos directions étaient toutes différentes. Tu t'attachais aux gens mais avec le temps, tu parvenais à nous laisse...