Bleu Silence ~ [BxB]

Chapitre 4 ~ 2/3

Charlie était toujours à la maison quand cette situation s'était présentée. Je vivais aussi chez mes parents, en cherchant du travail et en suivant des cours à distance, que je parvenais difficilement à comprendre. J'allais d'ailleurs finir par abandonner.

C'était arrivé un samedi après-midi.

Charlie et moi regardions Les Simpson sur Netflix, ayant eu pour objectif de regarder toutes les saisons en un mois. Maman désespérait de notre comportement et avait fini par nous laisser faire. Elle ne devait pas comprendre le besoin que nous avions de rattraper le temps perdu.

Mon frère s'amusait à reproduire la voix de Marge Simpson pendant les scènes les plus importantes. Je me vengeais en lui lançant mon oreiller au visage. Nous avions vite abandonné l'épisode que nous regardions pour nous lancer dans une bataille d'oreillers. Nous avions bien dû continuer jusqu'au générique. Épuisés et hilares, nous nous étions écroulés sur mon lit.

Ce petit moment euphorique avait volé en éclats lorsque quelqu'un avait frappé fort à la porte d'entrée. Nous n'attendions personne avant vingt heures. Nous avions entendu un jappement et Charlie s'était aussitôt redressé, avec une expression horrifiée sur le visage. J'avais deviné que quelque chose n'allait pas. Des voix étouffées nous parvenaient et j'essayais de deviner qui étaient les intrus. Une intonation familière m'était parvenue et j'avais su que Dorian était de retour.

J'étais pétrifié. J'avais cette peur viscérale que je ne me connaissais pas. Je ne savais pas si Dorian me faisait cet effet-là auparavant mais je pressentais que quelque chose clochait. Mon frère me dévisageait et j'avais fini par savoir que ce jappement n'avait rien à voir avec Dorian. Nous étions tendus tous les deux. Lorsque maman toqua à la porte, nous avions sursauté, sortant ainsi de notre torpeur.

- Chacha, mama, avait annoncé la voix de maman de l'autre côté de la porte, Dorian et un ami désirent vous voir. Je les fais entrer. N'oubliez pas de leur proposer à boire. Je descends, j'ai des courses à faire pour ce soir.

Nous n'avions pas osé bouger. Nous étions pétrifiés. J'avais eu des frissons en entendant mon surnom. Cela m'avait fait penser à une annonce affreuse sur un avenir incertain. J'avais entendu les pas de maman s'éteindre aux pieds des marches et la porte s'était ouverte sur mon meilleur ami et un jeune homme que je ne connaissais pas. Charlie avait semblé savoir qui il était au vu de son visage crispé. Il m'avait pincé et j'avais saisi que ce jeune homme androgyne n'était autre que Camille.

Un silence de plomb s'était abattu soudainement dans la chambre. Il faisait chaud. Le malaise était palpable. Je voyais presque la tension entre Charlie et Camille.

Je ne parlais même pas de celle qui existait entre Dorian et moi. Il n'était pas venu me trouver depuis trois semaines et je n'avais fait aucun mouvement dans sa direction pour savoir comment il se portait. J'avais joué la carte du borné. Je ne savais pas pourquoi il était là si ce n'était que ce soir, ses parents viendraient manger chez nous. Que cherchait-il à faire en venant jusqu'ici ? Je n'avais pas envie de savoir car je pouvais très bien m'énerver. Les choses pourraient finir plus dramatiquement que la dernière fois.

Je m'étais rendu compte ce jour-là que voir Dorian me mettait dans une colère noire que j'avais dû mal à maîtriser. Je créais tout seul cette atmosphère étouffante entre nous deux. Je refusais qu'il m'approche, qu'il me touche et qu'il cherche à savoir comment j'allais. Je l'envoyais toujours sur les roses et je n'acceptais que quelques sujets de conversation, qui ne m'irritaient pas encore, avec lui. J'étais certain qu'il jalousait mon frère d'être pardonné aussi facilement. Il ne comprenait pas non plus mon comportement froid et distant à son égard.