J'avais un grand-frère. Je ne l'avais pas revu tout de suite. Je ne savais pas pourquoi je ne lui en voulais pas. Maman ne m'avait jamais dit ce qui c'était passé avec mon frère mais je devinais qu'ils s'étaient disputé. Je ne serais pas allé jusqu'à dire qu'ils avaient coupé les ponts alors que ça y ressemblait. J'aurais dû être en colère contre lui parce qu'il était absent, ne prenait pas de mes nouvelles, vivait sa vie et oubliait mes parents.
Je ne savais pas ce qu'il avait fait. Je ne savais pas ce qu'avait dit maman à mon frère. Et je m'en fichais. Je me rendais juste compte que mon frère me manquait. Terriblement. Pour la première fois, depuis longtemps, je ressentais le vide qu'il laissait derrière lui et j'étais triste.
J'en voulais peut-être à mes parents de ne pas m'expliquer la situation et pourtant, je ne faisais rien pour m'impliquer dans notre quotidien. Je m'éloignais de jour en jour, je les ignorais et évitais toute conversation avec eux. J'étais énervé contre eux, contre le monde. Je ne pouvais pas l'expliquer à l'époque, trop aveuglé par ma personne, mais j'en voulais à mes parents de ne pas me comprendre et d'être toujours sur mon dos. J'étouffais déjà avec mes amis. Ils ne faisaient que approfondir cette sensation.
Alors, la seule personne en qui j'avais confiance et en qui je désirais me confier n'était pas là. Je désirais plus que tout voir mon grand-frère. J'avais passé les meilleurs moments de mon existence grâce à lui. J'avais vécu une enfance extraordinaire, comme si j'avais parcouru le monde et affronter les méchants à ses côtés. Il m'avait presque tout appris. Quand il était entré au lycée et que j'étais encore au collège, notre relation avait évolué. Nous nous étions éloignés. Malgré cette séparation, je me souviens.
Nous avions toujours vécu dans une ancienne maison avec un grand jardin. Et pourtant, l'ensemble semblait vide. Nos parents nous aimaient malgré leur absence à cause du travail qu'ils devaient exercer. Ainsi, ce fut mon grand-frère qui s'occupait de moi. Qui s'amusait avec moi, me permettait de sortir dehors dès mon plus jeune âge. Mon frère faisait partie des grands-frères que je voyais comme des super-héros. Je ne voulais pas que son image ternisse. Même lorsque j'allais mal, je pensais à lui et j'essayais de réfléchir à ce que je pouvais lui dire pour me sentir bien. Malgré mon envie persistante de me confier à lui, une force me retenait de le faire. Je finis par abandonner.
Enfants, nous avions beaucoup joué dans le jardin : sur le chemin de terre menant au potager, nous faisions la course avec nos petites voitures en commentant chacune de nos prouesses; nous construisions des cabanes en utilisant des vieux draps et des chaises sous le saule pleureur à l'aide de pince à linge ; nous bricolions des gadgets avec les matériaux que papa nous mettait de côté ou nous faisions des jeux de société dont nous modifions toujours la règle du jeu.
Plus tard, mes parents m'avaient offert un vélo pour mon anniversaire. A partir de ce jour-là, mon frère et moi partions faire un tour dans les environs. Nous retrouvions des enfants de nos âges avec qui nous faisions la course. Nous nous faisions inviter chez certains pour le goûter et nous repartions tranquillement chez nous. Après le vélo, mon frère et moi avions eu des skateboards puis des rollers. Nous nous aidions mutuellement, tentions d'exécuter les meilleures figures possibles et nous nous blessions facilement. C'est pourquoi nous avions fini par apporter une trousse de secours à chacune de nos sorties. Quand mon frère avait pu s'obtenir un scooter avec l'argent que notre famille lui avait donné pour son anniversaire, il m'avait emmené partout avec lui.
Mon grand-frère avait toujours été assez secret en ce qui concernait ses pensées. Je n'irais pas dire qu'il était rêveur mais il était plutôt préoccupé à sourire aux gens et à s'occuper de moi qu'il avait dû s'oublier.Il s'effaçait naturellement parce qu'il se souciait davantage de savoir si nous étions heureux. Il était une personne souriante, aimable et joyeuse. Son charisme était lumineux et plaisait à notre entourage. Alors que moi, j'étais le petit timide de la patrie, le petit sauvage qu'il fallait apprivoiser à chaque fois qu'on s'approchait de moi.
J'avais toujours été méfiant envers les adultes. Je ne faisais confiance qu'en mes parents, enfant. Ces grandes personnes devaient toujours demander l'aide de mon frère quand ils désiraient savoir si j'allais bien ou pas. Avec les enfants, c'était un peu plus facile. Je m'en fichais si l'un d'entre eux ne m'aimait pas. J'étais là pour jouer et rien d'autre. Je n'avais aucune envie de construire une amitié avec qui que ce soit. Mon frère seul me suffisait.
Et je n'étais pas un enfant timide. Je n'aimais tout simplement pas parler. Je passais beaucoup de temps à observer le monde et ceux qui le peuplaient. Je parlais beaucoup, et ce, seulement à la maison. Quand papa et maman rentraient plus tôt que prévu et que nous ne dormions pas avec mon frère, je les embrassais et leur parlais jusqu'à m'endormir dans leurs bras. Si nous n'étions que tous les deux avec mon frère, je parlais un peu plus que d'habitude. Mais je répondais plus souvent à ses questions que je n'initiais les conversations. Il avait toujours su me comprendre sans que je n'eus le besoin de lui dire ce à quoi je pensais.
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Bleu Silence ~ [BxB]
Genç Kurgu" Puis je me suis souvenu de ce que tu m'avais dit, un jour. Que les routes que tu croisais se séparaient au prochain carrefour et que nos directions étaient toutes différentes. Tu t'attachais aux gens mais avec le temps, tu parvenais à nous laisse...