Chapitre 5 ~ 3/3

11 3 0
                                    

- J'ai envie de les tuer ! avais-je vociféré en défiant Dorian de répondre parce que c'était lui que j'avais pris pour cible afin d'extérioriser toute ma haine. J'en ai assez de cette société de merde qui ne repose que sur des normes d'apparence ! Qu'est-ce que ça peut te faire de savoir ce que les gens préfèrent ? Je ne viens pas t'emmerder, moi, quand tu l'embrasses dans la rue ! Je ne t'accuse pas d'être un sale hétérosexuel ! Qu'est-ce que j'en ai à péter ? Ces connards et toi, faites votre vie et je fais la mienne ! Je n'ai pas besoin de vous pour exister ! Pourquoi avez-vous besoin de moi pour vous sentir vivants ? Occupez-vous de votre frustration ailleurs ! Merde ! Je ne suis pas un jeu ! Je suis un être humain avec des sentiments ! Tu crois que c'est agréable de se faire frapper ? Hein ? Tu as envie que je te démolisse la gueule toi aussi ? Je te ferais payer d'être un aussi gros connard ! Tes parents doivent avoir honte d'un fils comme toi ! S'ils sont comme toi, c'est que ta lignée est pourrie jusqu'à la moelle et qu'on ne peut plus rien faire pour toi.

Est-ce qu'ils s'attendaient à m'entendre hurler ainsi ? Je n'avais jamais autant parlé de ce que je ressentais à quelqu'un. Et je le faisais devant certaines personnes que je ne considérais même pas comme mes confidents. Charlie essayait de m'approcher pour me calmer mais je reculais loin de lui. Ne t'approche pas de moi ! Je le pensais si fort que j'étais prêt à le mordre.

Je devenais fou. Sur le moment, je n'y songeais pas vraiment mais par la suite, j'avais compris que c'étaient réellement mes émotions de ces dix dernières années qui explosaient et que j'étais incapable de contrôler. Et j'étais trop paresseux pour les restreindre encore une fois. J'avais ce besoin là de me libérer, moi. Pour mon propre bien, sans penser aux autres.

Je m'en fichais pas mal de savoir si oui ou non mes proches souffraient de me voir dans un tel état. J'avais d'abord voulu me cacher aux yeux de tous. A quoi bon quand je savais ce que la première tentative avait donné ? Autant tout exposer et j'aurais peut-être la paix après tout ce cinéma ?

Ces mauviettes aux normes démodées avaient juste été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. Le déclencheur de ce cataclysme. Je n'irais pas les remercier pour ça parce que j'avais presque détruit le salon de Camille mais je me sentais mieux. J'avais recouvert les blessures qu'ils m'avaient infligé par celles que je m'étais infligé en saccageant la pièce de mon hôte.

J'avais continué de hurler au visage de mon meilleur ami, lui jetant à la figure toutes les atrocités que j'avais entendu plutôt. La petite-amie de mon meilleur ami avait bien essayé de me calmer, pensant peut-être qu'elle avait les pouvoirs de m'apaiser si mon frère n'y parvenait pas. Que croyait-elle ? Je n'avais pas envie de la voir non plus.

Pourquoi avais-je continué à crier haut et fort le fond de ma pensée à Dorian ? Je lui disais tout ce que je pouvais lui dire et qui le rendait coupable à mes yeux. Je ne pouvais pas me prendre la tête avec lui pour une chose que je refusais de lui dire. Et puis quoi encore ?

Alors, je hurlais, encore et encore, à en perdre la voix. Camille s'était laissé tomber sur une chaise, sans vie, abandonnant toute tentative de me maîtriser. Il devait penser que je le ferais tout seul et que le silence reviendrait. Mais ça n'allait pas se terminer maintenant parce que je n'avais pas encore fini de dire tout ce que j'avais à dire.

Je devais faire culpabiliser au moins une personne dans cette pièce et c'était lui que j'avais désigné. Mon meilleur ami. J'étais aveuglé par ma colère pour pouvoir raisonner clairement. A mes yeux, tout était de sa faute.

Charlie avait laissé tomber et me laissait dire tout ce que j'avais sur le coeur. Dorian avait été incapable de répliquer ou de réagir parce qu'il avait deviné qu'il y avait plus que ça entre lui et moi. Il avait enfin détecté que quelque chose n'allait pas dans mon humeur et qu'il en était l'objet.

C'était ma façon à moi de lui reprocher enfin tout ce que je n'avais pas encore pu faire, en omettant un détail. Et pas des moindres. Je n'irais jamais lui dire. J'espérais emporter avec moi ce secret. Nous étions déjà bien assez à le savoir. Je n'avais pas besoin d'en informer le concerné. 

Bleu Silence ~ [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant