Chapitre 04 : Le Silence de la Mer.

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— Salut.

Je me levai d'un bond et Solian me dévisagea, inquiet mais toujours aussi furieux. Il ne pouvait pas l'être autant que moi en cet instant. Je fulminai intérieurement et je n'avais qu'une envie, c'était de raccrocher. Mais je voulais savoir où était Laure.

— Rends-lui son téléphone.

— Tout va bien ? bredouilla Solian alerté par mon changement d'humeur.

— Non, répondit mon interlocuteur.

— Rends ce putain de téléphone, connard !

— Je lui rendrais quand tu m'auras dit où tu t'es barré ! vociféra-t-il et Solian recula. Et pourquoi !

— Rends le téléphone à Laure avant que je ne ...

— Tu vas faire quoi, hein ? me nargua-t-il. On est au téléphone sombre crétin, tu ...

— Ferme-la ! grondai-je. Clairement, je n'ai pas envie de voir ta tronche et j'ai encore moins envie de t'entendre parler !

— Je veux savoir où tu te caches ! exigea-t-il sèchement.

— Tu ne penses quand même pas que je vais te le dire, Dorian ? sifflai-je amèrement. Je ne suis pas parti pour que tu viennes me retrouver. Je vis très bien sans toi, je n'ai aucune raison de continuer à te parler. Pour éviter de t'insulter, je vais raccrocher et bloquer ce numéro. Laure saura me trouver, si jamais elle doit se défaire de toi.

— Eh ! Attends, fu...

Je raccrochai sans plus tarder. J'avais deviné que Laure était à une soirée. Il avait dû la surprendre au téléphone. Je n'étais pas prêt à savoir ce qu'il s'était passé. Je ne voulais pas contacter Laure. Pas tout de suite. Son numéro s'afficha à nouveau sur mon écran. Je le déclinai et m'empressai de le bloquer pour éviter le suivant.

Je retirai ma carte SIM, la rangeai dans mon porte-monnaie et brusquement, je balançai au loin ce fichu bout de ferraille. Il s'explosa contre le lampadaire de la rue. La vitre se fissura et des morceaux de verre s'éparpillèrent autour. Son état ne me satisfaisait pas. J'avais besoin de l'anéantir pour me sentir plus léger.

Un coup de pied. Un deuxième, un troisième, un quatrième. Encore et encore. Je l'écrabouillai comme j'avais envie de faire avec le visage de Dorian. Je passais ma colère contre ce téléphone qui n'avait rien demandé. J'avais besoin de me laisser aller parce que sa soudaine apparition au téléphone m'avait rappelé le passé alors que je cherchais à l'oublier.

Egoïste ! Egoïste !

Je frappai jusqu'à ce que l'engin ne soit plus reconnaissable. En relevant la tête, je vis qu'ils étaient tous sortis du bar. Elliot grimaçait. Il était le seul à savoir qui était la personne qui pouvait me mettre dans un tel état. Marion et Maude voulurent s'approcher mais je les arrêtai d'un geste de la main.

— Désolé. J'ai besoin d'être seul.

Et je leur tournai le dos.

Je quittai la soirée d'adieu de Maude parce que je ne pouvais supporter la présence de personne. Je devais me calmer avant de m'emporter davantage. Je n'arrêtai pas de penser à Laure. J'étais inquiet pour elle. J'espérais qu'il ne lui avait rien fait. J'en avais oublié mes papiers dans le café. Il était vingt-trois heures et le seul endroit qui pouvait calmer mes nerfs à vif, c'était un lieu calme où je ne penserais à rien. Je ne voulais pas rentrer à la colocation. Je ne savais pas si j'allais y retrouver Elisabeth mais je désirais ne pas la croiser. Je n'étais pas prêt à répondre à ses questions.

Bleu Silence ~ [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant