chapitre 14

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2 semaines après l'apparition du virus

Le monde a changé depuis deux semaines maintenant. Après le décès des parents de Maddy nous avons fait nos sacs et nous sommes partis. C'était trop douloureux de rester ici, pour nous deux.

Nous n'avons pas de destination finale, on bouge tout le temps. Nous avons pris la voiture des parents de Maddy qui avait fait le plein et nous avons roulé. J'ai utilisé la carte que Amber m'avait offert dans son sac surprise. J'aurais aimé retourner la voir, au moins pour m'excuser pour toutes les fois où je me suis moquée quand elle me parlait de fin du monde. Mais je n'imagine pas l'état de la ville d'Atlanta.

Nous dormons dans la voiture et nous sortons quand on a pas le choix. Nous avons croisé des morts, un grand nombre. C'est terrifiant. Nous avons aussi rencontré d'autres survivants avec qui nous avons partagé un repas. Certains avaient des buts précis, d'autre pas. On a aussi échangé nos connaissances par rapport à ce virus.

Nous n'avons croisé personne depuis deux jours, Maddy aimerait que l'on ne s'arrête pas, comme-ci en continuant de rouler tous ces morts seront derrière nous. Mais elle n'est pas en état de prendre des décisions, pas encore. Je pense qu'il faut trouver un endroit avec des ressources. Nous sommes en Août mais l'hiver va arriver vite. Il faut qu'on y soit préparées, surtout si jamais on doit nettoyer des lieux envahis par les morts, où plutôt les rôdeurs. C'est comme ça qu'un groupe de survivants les a appelé, j'ai trouvé ça mieux que "morts".


Nous cherchons un endroit pour nous ravitailler, la voiture vient de nous planter, plus d'essence. Nous continuons notre chemin à pied depuis hier midi. Nous n'avons pas dormi hier soir, par peur de se faire attraper par des rôdeurs. Nos ressources s'épuisent de plus en plus, la gourde filtrante de Amber m'a offert a été très utile ces derniers jours. Depuis la mort de ses parents Maddy n'est plus la même. Elle se referme peu à peu, elle parle de moins en moins. Parfois lorsqu'on se sépare et que je vais chercher du bois pour faire un feu je la retrouve debout, absente. Elle ne réagit à rien.

J'accepte cette situation, elle est orpheline maintenant. Moi aussi j'ai mis du temps à l'accepter. Mais dans ce monde, on a pas le droit de son comporter ainsi, sinon on accepte de perdre ce qu'on a.

Cependant lorsque je la regarde j'ai l'impression qu'elle a déjà tout perdu.


Bientôt un mois que le virus est entré dans nos vies et a tout massacré sur son passage. Bientôt deux semaines que nous cherchons un endroit où nous ravitailler, nous n'avons pas mangé depuis trois jours. Heureusement grâce à la gourde d'Amber nous pouvons nous hydrater lorsque l'on croise des ruisseaux.

Cette fois je me demande si l'on va survivre à cette épreuve. On a perdu des êtres chers, mais on a continué à se battre parce que l'on avait pas le choix, du moins moi, je n'avais pas le choix. Je me suis promis de tout faire pour Maddy, je donnerais ma vie pour elle. Et c'est pour ça que je n'ai pas baissé les bras, pas encore, je ne suis pas seule dans l'équation.

Maddy ne parle plus depuis bientôt cinq jours, elle est réellement absente. Je continue à m'occuper d'elle, mais ça devient très compliquée. Il faut être patient, et j'ai appris à l'être pour elle. Mais les choses ne changent pas, alors quand j'ai envie de lui hurler de se réveiller je souffle un bon coup et j'avance.

Cette fois je m'écroule au pied d'un arbre quand la nuit tombe, je mets en place des pièges. C'est un survivant que l'on a croisé sur notre route quelques semaines plus tôt qui nous l'a conseillé. Je mets les pièges seules, avant de m'allonger mon sac en oreiller. Je regarde Maddy, assise en tailleur, le regard dans le vide comme d'habitude depuis plusieurs jours. Je souffle et je sors ma gourde de mon sac et en m'avançant vers elle.

- Il faut t'hydrater Mad.

J'ouvre la gourde que je lui mets dans la bouche, elle avale l'eau et quand elle a vidé la moitié de la bouteille je retire la gourde de sa bouche et je la termine.

- On vient de finir notre dernière gourde, c'est demain que tout se joue.

Et sans attendre de réponse, je ferme les yeux et je m'endors en ignorant mon ventre qui crie famine.

Le lendemain je me réveille à l'aube, Maddy s'est endormie. Je prends un manteau dans mon sac que je pose pour la couvrir un peu. Ce matin l'air est frais. Je fais l'inventaire de mon sac, il est vide. Il me reste mes gourdes vides, une lampe torche, un couteau suisse, quelques photos...

Je m'éloigne de notre campement et quand je suis assez loin je m'effondre par terre. Je sens toutes mes émotions du dernier moi me submerger : la fatigue, la douleur, la peine, la solitude, la colère. Je me mets à pleurer à chaudes larmes. Je me demande si aujourd'hui sera ma dernière journée maintenant que je n'ai plus rien, même Maddy, j'ai l'impression qu'elle n'existe plus.

Je retourne au camp, une dizaine de minutes plus tard. Maddy n'a pas bougé je range le manteau que j'avais posé sur elle et je l'enfile. Je pose ensuite une main sur son épaule.

- Debout, on doit avancer, allez viens.

Je la prends par la main et nous repartons.

you are alive (TWD) TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant