you are alive (TWD) TOME 1

chapitre 34 : chagrin

J'ai quitté le Sanctuaire et Alexandria par la même occasion depuis trois jours. Je n'avais pas encore de destination jusqu'à ce que je me souvienne du groupe que j'ai aidé qui venait de Pennsylvanie. Sherry et les autres me manquent beaucoup, et je ne vois pas d'inconvénients à passer quelques jours en leur compagnie. Ces derniers jours sont passés plus vite que prévu, lorsqu'on est dehors le monde nous fatigue plus facilement. Je fais très peu d'arrêt, juste lorsque je dois aller chasser,me reposer ou prendre de l'essence. J'évite de trop penser au groupe de Rick, je me l'interdis presque pour le moment. Ce n'est pas le moment de se poser des questions, je suis dans la nature et je dois rester prudente pour le moment. Alors je prends le plus de recul possible et je reste concentrée sur ma tâche la plus importante : rester en vie. On pourrait croire que c'est facile, une fois entraînée on ne risque rien. Mais ce n'est pas le cas, on a l'impression de pouvoir tout supporter, on prend plus de risques pour au final mourir bêtement. Et c'est hors de question que ça m'arrive, si je dois mourir aujourd'hui c'est en aidant quelqu'un, mais je ne veux pas d'une mort inutile, pas dans ce monde. Les vies sont trop précieuses.

Le soleil commence à se coucher et je décide de m'arrêter avant qu'il ne fasse trop nuit, il doit me rester une bonne demi-heure avant d'être dans le noir complet. Je cache ma moto au bord de la route et je m'enfonce un petit peu dans la forêt, histoire de trouver quelque chose à me mettre sous la dent. Je ne suis pas très bonne chasseuse, je décide de poser quelques pièges et je vais me laver dans une rivière qui est à une centaine de mètre vers l'ouest. Maintenant que je sais utiliser une carte, s'orienter devient plus facile. En chemin je tue cinq rôdeurs, une chance que je les ai croisé à l'aller et non au retour après ma douche.

Une fois propre et des cheveux "lavés" je fais deux tresses collées, change de vêtements et je retourne voir mes pièges. Je ne les ai pas laissé longtemps donc je doute avoir un festin ce soir, mais lorsque je vois que j'ai quand même attrapé un lapin je me sens de bonne humeur. Je fais un petit feu et une fois prêt, je monte dans un arbre et déguste mon gibier devant le coucher de soleil. La nuit est quelque chose que je redoute, déjà avant, être une femme seule a toujours été quelque chose de dangereux. La plupart du temps à cause des hommes, qui nous suivent et nous harcèlent dans les rues. Dans ce monde les femmes seules sont des proies encore plus faciles et je ne suis jamais rassurée.

Le lendemain j'ai roulé toute la journée, trop pressée de retrouver Sherry et les autres. Lorsque j'arrive devant la grande maison il doit bientôt être 18 heures. Le portail est fermé et je peine à escalader le muret. Une fois de l'autre côté j'époussette ma veste en jean et je toque contre la porte.

- Il y a quelqu'un ?

Aucune réponse. Je suppose qu'ils sont partis chercher des ressources, mais avec Lewis et Margot ça m'étonnerait que la maison soit vide. Je décide de toquer un peu plus fort.

- Sherry ? Callie ?

Soudain j'entends la porte se déverrouiller, je m'avance un sourire au lèvre mais je n'ai pas le temps de sortir mon arme qu'un homme qui fait deux fois ma taille avec des cheveux noirs et un sourire malsain sur les lèvres m'accueille, une mitraillette dans les mains.

- Tiens, tiens, on a de la visite.

L'homme me tire par le col et me fait entrer dans la maison avec force avant de me jeter dans le salon où se trouve déjà le groupe de Sherry. Quand elle me voit son visage s'illumine une seconde, avant qu'elle se souvienne de la place qu'elle occupe. Deux hommes sont debout, ils se ressemblent beaucoup. Tous les deux blonds aux yeux claires type suédois, l'un tient un magnum pointé vers Bryan, l'autre tient une arbalète pointé vers Tony.

- Alors ma jolie c'est quoi ton petit nom ? Me demande l'homme qui m'a ouvert la porte. Moi c'est Logan, et voici Eliott et Ewen.

J'ignore sa question et je le fusille du regard. Quand Logan comprend que je ne vais pas lui répondre il fait craquer sa tête de chaque côtés avant de se pencher vers moi, les mains sur ses cuisses.

- Je sens qu'on va pas s'entendre tous les deux, murmure t-il avant de scruter mes yeux. Au bout de quelques secondes il s'exclame comme impressionné, tu as le feu en toi ma jolie ! Je le vois dans ton regard...

Au moment où je m'y attends le moins Logan me gifle d'une telle force que je manque de m'écrouler. Je sens Callie trembler à côté de moi et je me remets à genou tout en gardant ma main droite sur ma joue. Je n'ai pas le temps de répliquer que l'homme se relève et parle d'un ton presque enjoué. Il se balance d'avant en arrière tout en marchant devant nous, comme pour se donner en spectacle. 

- Je vais vous expliquer ce qu'on va faire. Déjà on va s'amuser un peu avec ces demoiselles et une fois qu'on aura bien profité on va tuer les deux hommes du groupe, avant de vous abattre à votre tour. Et toi, me dit l'homme en s'approchant de moi tout en me scrutant, tu seras la dernière à mourir pour voir tous tes petits copains souffrir. 

Je sens la haine prendre possession de mon corps. Alors c'est ça mon destin, aider des personnes avant de les voir mourir  ? La vie n'a jamais été clémente avec moi et j'ai fais avec. Mais mes amis, ils ne méritent pas de souffrir.

- D'ailleurs on va commencer par toi.

Logan saisit Callie et la tire par le bras, Margot hurle et s'accroche à sa mère tremblante, qui pleure à chaudes larmes. Je me lève pour me jeter sur l'homme mais l'un des frères suédois m'attrape et me met par terre. Il tient fermement mes bras en arrière et à un genou sur mon dos pour me maintenir en place.

- Lâchez moi ! Je hurle tout en gigotant dans tous les sens pour me libérer de l'emprise d'Eliott.

En quelques secondes Callie n'est plus dans le salon, Logan la tire le long du couloir devant nous et entre dans une chambre sur la gauche. Une fois qu'elle n'est plus dans mon champ de vision je m'écroule tremblante. Je me sens impuissante, et cette sensation est horrible. Callie est à quelques mètres de nous en train de se faire violer et je ne peux rien faire. Lorsque Eliott relâche son emprise sur moi je marche à quatre pattes vers Margot  sur ma droite qui est pliée en boule. Je la prend dans mes bras pour essayer de la calmer, elle pleure contre ma poitrine et je passe une main dans ses cheveux tout en me balançant doucement pour la calmer. Cette petite fille d'à peine 10 ans a vu quelque chose qu'aucune petite fille de son âge ne devrait endurer. Nous commençons à entendre des bruits de coups, des pleures étranglées et je chantonne à l'oreille de Margot pour essayer de continuer à la calmer et surtout à masquer les bruits qui proviennent de la chambre. Pendant deux minutes un blanc s'installe, personne n'ose parler. Et au moment où l'on s'y attend le moins, un coup de feu retentit et je sursaute. Je lève la tête avec espoir, l'espoir de voir Callie sortir de la chambre et tirer sur les deux autres hommes après avoir abattu Logan. Mais la vision d'un homme couvert de sang s'offre à moi. 

- Elle n'était pas très docile celle là, au moins je vous ai épargné un spectacle. Annonce l'homme en essuyant du sang sur sa bouche avant de lever la tête et de nous scruter une par une un sourire au lèvre. Qui est la prochaine ? 

Margot se met à pleurer et je garde sa tête contre ma poitrine pour lui cacher cette vision d'horreur. L'homme vient de rendre une petite fille de 10 ans orpheline et la dernière image dont elle se souviendra de sa mère est d'une femme violée. Mon coeur se fige et mon esprit tourne en vitesse. Il est hors de question que quelqu'un me touche ou touche Sherry, quand je regarde Tony son expression renforce ma pensée. Je vois ensuite Bryan, qui est à deux doigts d'exploser et je sais qu'il donnerait aussi sa vie pour essayer de nous laisser une chance, infime soit-elle. Mon regard se dirige ensuite vers Sherry, le visage rouge dû aux larmes qui ont coulés sur ses joues. Elle me scrute, déterminée et hoche la tête. Avant que quelqu'un puisse ajouter un autre mot je sors mon poignard de ma botte et je le lance de toute mes forces.