Après une demie-heure de route, la voiture s'arrête devant les grands panneaux en métal qui protègent l'entrée. Contrairement à tous les autres systèmes d'ouverture de porte, celle-ci était doublement sécurisée avec une machine à reconnaissance faciale ainsi qu'une vérification humaine. Enzo descend de la voiture et se place à l'emplacement prévu pour l'analyse. Le détecteur reconnaît le visage, qu'il transmet au garde. Après quelques secondes, la porte se met en branle et dévoile l'intérieur jusqu'ici caché par de grands murs surplombés de fer barbelés. Le véhicule s'avance sur le goudron lisse et passe devant un bâtiment gris anthracite où sont garés quelques véhicules, tous noirs comme la fourgonnette dans laquelle est installé Enzo. Ils contournent le bâtiment et apparaît derrière un bâtiment encore plus grand, de la même couleur. Cette fois, il y a des barreaux aux fenêtres et des gardes aux portes. Le véhicule ralentit et se dirige vers une entrée spécialement prévue pour le véhicule. Un des garde vient l'ouvrir et Eliott fait avancer le fourgon à l'intérieur. La porte se referme derrière eux et les lumières s'allument. Il n'y a aucune fenêtre dans la pièce, les murs et le sol sont nus. Cela résonne quand Enzo saute à terre pour descendre du véhicule. Eliott éteint le moteur et descend à la suite. Il va ouvrir l'arrière du fourgon et le visage creusé de Corentin apparaît. Comme celui-ci ne bouge pas, Eliott monte à l'intérieur pour le pousser dehors.
Ils sortent tous deux, Eliott tenant fermement Corentin par le bras. Enzo referme la porte et ils se dirigent vers une porte menant à un long couloir.
— On va d'abord passer dans un bureau pour remplir tous les papiers d'usage, explique Enzo. Là, on préviendra la famille à propos de l'arrestation. Puis, vous dormirez cette nuit dans une cellule, le temps qu'on vous trouve une chambre. Inutile de vous dire que vous allez y rester longtemps.
Corentin ne fait aucun commentaire. Il baisse les yeux et se laisse conduire dans ce long couloir impersonnel et froid. Ils passent un hall d'entrée et tournent à gauche. Enfin, Eliott le fait entrer dans une pièce. Celle-ci est toujours aussi froide que le couloir, seul un bureau et trois chaises occupent le centre. Le long du mur, une étagère où sont rangés des bibelots. Eliott fait asseoir Corentin sur une des chaises qui se trouve en face du bureau et s'installe sur celle qui se trouve de l'autre côté. Enzo, lui, reste près de la porte, comme pour surveiller, sur le qui-vive. Eliott allume une tablette et rentre un code secret. L'écran d'accueil s'allume. Il pianote quelques secondes et tend l'appareil à Corentin.
— Prenez le temps de lire ceci, c'est le règlement du centre. Si vous avez des questions, vous pouvez les poser, c'est maintenant ou jamais. Et après, en bas, vous posez les mains pour prendre les empreintes digitales. Ca compte comme une signature.
— Une signature ? demande Corentin.
Eliott esquive la question d'un geste las de la main.
— Oui, un truc pour dire que vous êtes d'accord avec le règlement.
— Mais... Et si je ne suis pas d'accord ?
Les lèvres d'Eliott s'étirent dans un demi-sourire, méprisantes. Il pose les coudes sur le bureau, ramène les mains jointes sous le menton, comme pour mieux regarder l'homme qui se tient en face de lui.
— Je crois que vous n'avez pas trop le choix, de toute façon. À moins que vous souhaitez devenir un boulet pour la société. On serait alors obligé de vous garder pour toujours, de peur que vous ne deveniez un criminel. Ou pire : on serait obligé de vous tuer. Voyez ce petit séjour ici comme une chance de vous racheter.
Corentin soutient un moment le regard noir d'Eliott, avant de baisser la tête et de commencer à lire. En général, cela prenait un quart-d'heure, parfois deux. Personne n'avait plus l'habitude de lire aujourd'hui et ils butaient tous sur les mots compliqués. Ils demandaient ce que voulait dire « incarcération » et d'autres questions de ce genre. Eliott répondait qu'il s'agissait d'effectuer un petit séjour d'une durée plus ou moins longue, afin de les guérir et il prenait plaisir à voir le visage de celui qui se tenait en face de lui se décomposer petit à petit. À chaque fois qu'Enzo assistait à ce manège, il ne pouvait s'empêcher d'éprouver de la pitié pour ces hommes et femmes dont la vie basculait du jour au lendemain. Il se répétait que c'était pour leur bien, et pour le bien de la société que le père d'Eliott avait réussi à redresser, après le Grand Soulèvement. Maintenant, le vieil homme laissait de plus en plus de place à Eliott pour le commandement, notamment au sein de l'Armée des Forces Secrètes, qui se cachait derrière le sigle AFS.
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Capsule
خيال علميAprès le Grand Soulèvement, des lois ont été créée pour satisfaire la population qui réclamait plus de sécurité, qu'elle soit financière ou politique. Ceux qui ont pris le pouvoir ont réussi à instaurer l'ordre et à rendre le monde parfait : il n'y...