44. Maï

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 En voyant Kochi entrer, je lève les yeux de mon dossier, sans pour autant le fermer. Nous nous sommes déjà vu aujourd'hui alors il se contente de me sourire et d'allumer la télé. Nous sommes dans mon bureau, dans une des ailes de la maison. Celui de mon père est plutôt loin. Il vient d'avoir une entrevue avec mon petit ami volleyeur. Je ne sais pas ce qu'ils se sont dit mais Kochi ne pipe pas un mot. Pour l'instant, il est en train de chercher la chaîne qui nous intéresse. Cela fait une semaine depuis ma petite cuite. Aï passe la demi-finale de tir à l'arc. Il finit par trouver la bonne chaîne et je ne suis pas étonné de voir qu'il s'agit d'une chaîne dédié au tir à l'arc occidental. Je ne suis pas sur que la final National fasse la une, comme pour le volley. Il y a une page de pub avant le début, alors j'en profite pour reprendre là où j'en étais. Kochi prends un fauteuil et va le mettre devant la télé. Il tape quelque chose sur son téléphone. Durant la présentation du concours, des sponsors et des juges, je continue à rester focalisé sur mon dossier. Quand enfin ils passent aux tireuses, je prends le temps de refermer mon stylos avant d'approcher à mon tour un fauteuil de la télé. Kochi ne m'a toujours rien dit, et j'admet être un peu inquiète de ce silence. J'ouvre la bouche pour parler mais il met un doigt devant ses lèvres et me montre la télé. Il a raison, nous pourrons en discuter plus tard.

Je regarde la télé, mais je n'arrive pas à me concentrer. Est-ce que Kochi m'en veut? De quoi ont ils parlé avec mon père?

"Les deux concurrentes sont très douées, les départager va être dur."

Ah bon? Connaissant Aï, ça ne m'étonne pas. Jusque là, elle n'a fréquenté que des personnes doués et intelligentes, à ma connaissance. Je dois m'inquiéter du silence de mon copain? Pourquoi ce concours est il si important pour lui? Notre relation passe-t-elle après lui? Pourquoi?

"Je n'ai jamais vu des flèches aussi proches les unes des autres. C'est risqué de visé ainsi, car au moindre écart, la deuxième flèche peut ricocher sur la première et les points ne seront pas retenus. Cette petite a du cran!"

Je ne sais même pas de qui il parle. Kochi a-t-il un faible pour Aï? Il ne l'a pas beaucoup fréquenté. Si, malgré tout, j'ai raison, comme je réagirai? J'ai déjà envie de pleurer. Calme toi Maï, tu ne fait que théorisé. Je sais que Kochi veux partir à l'étranger après ses études, est-ce qu'il a trouver? Je suis de tout coeur avec lui, mais il n'aime pas trop m'en parler, il a peur que j'essai de le dissuader, selon Daichi. Peut être qu'il a trouver, qu'il est déjà inscrit et qu'il veut rompre pour être libre, une fois là-bas.

– MAI!!!
– Quoi? Je sursaute.
– Tout va bien?
– Hein? Oui, pourquoi?
– Tu pleures, mais tu n'as pas l'air heureuse.
– Je pleure? Heureuse?
– Pour la victoire d'Iwaizumi.
– Aï a gagner?
– Tu es sur que ça va?

Il me regarde d'un air inquiet. Mon dieu qu'est-ce que je l'aime! Je l'enlace. Il hésite d'abord puis enroule ses bras autour de moi.

– Qu'est-ce que tu as? Tu m'inquiètes. Tu veux en parler?
– Je veux juste un câlin.

Il se tait et me serre contre lui. Je n'avais pas conscience que je l'aimais autant et du bien que peut faire un câlin. Au bout d'une à deux minutes, je me lève et m'étire.

– Bon, je dois appeler Aï pour la féliciter.
– Tu es sur que tu vas bien? Me demande encore Kochi en se levant.
– Oui oui. L'entretien avec mon père s'est bien passé?
– Oui, très bien. Il voulait m'inviter a passer une soirée entre hommes. Je ne suis pas sûr d'être parfaitement à l'aise avec ça, mais il a insister.
– C'est sa façon de te dire qu'il t'apprécie. Je souris.

Je suis rassurée, mais pas totalement. Je sens qu'il me cache quelque chose. Je m'assois et reprends mon dossier. Kochi remet les fauteuils face a mon bureau et prends place dans l'un d'eux. Je me concentre sur ma recherche.

Plusieurs logements pourraient convenir à Aï et Nash, mais ils sont trop cher pour leur budget. Je pense d'ailleurs que je vais devoir changer les critères, le budget ou la source de revenue. J'ai envie de m'en occuper. Après tout, Aï m'a déjà sauvé d'un enlèvement et Nash assure ma sécurité en son absence. Quand je réfléchis, je ne fait rien pour elle en retour. Après tout, c'est elle qui a payer pour ses soins et ceux de Nash. Leur maître a dû compléter mais elle a insisté pour prendre en charge la plus grosse partie.

– Regarde ça. Intervient Suga, me sortant de mes réflexions, en me donnant son téléphone.
– Qu'est-ce que c'est?
– Ça date d'il y a une semaine.
– C'est Aï. Elle est où?
– Je ne sais pas trop. Aoba Josai, je dirai.
– C'est juste après le lycée, elle ne s'est pas changée. Il y a du monde. Ouch! Elle n'y vas pas de main morte. Mais qu'est-ce qu'elle fait? Aïe! Elle était obligée de leur broyer les bourses? Les pauvres. Ah! Ils parlent.
– Monte le son.
– "Je ne suis pas ta princesse, encore moins ta poupée. Je suis La Reine. La Reine ne s'incline pas et ne tolère qu'une réponse: "Oui Votre Majesté".
Si toi t'es une reine, alors je suis un dieu.
Toi un dieu? Tu n'es même pas digne de souillé ma chaussure de général". Lui assène Nash en lui écrasant la tête sur le bitume.
– Elle a la classe. La vidéo est finie.
– Je suis d'accords. Approuve-t-il, avant de grimacer. Ceci dit, je ne suis pas trop pour la violence.
– Je comprends. Je ne suis pas vraiment étonné, en ce qui me concerne. Aï n'est pas du genre à taper sans raison, mais elle peut être impitoyable une fois qu'elle en a une. Si tu veux un conseil: ne t'en fait jamais une ennemie.
– Ce n'est pas dans mes projets d'avenir.
– En parlant d'avenir...
– Tu sais que je ne veux pas en parler avec toi.
– Pourquoi? Je peux peut-être t'aider.
– Je ne veux pas d'aide, je veux réussir par moi-même. Je te connais, si tu connais mes projets, tu feras les tiens en fonction.
– Qu'est-ce qu'il y a de mal à ça?
– Vis ta vie, Maï. Je ne veux pas que tu me suives, je...
– Si je peux faire ce que je veux, tout en restant prés de toi, pourquoi je m'en priverai?
– Cet argument serait très bon dans la bouche d'une autre, pas dans la tienne. Tu ne feras pas ce qu'il te plait, tu feras ce que tu trouveras. Tu es capable de repousser tes désirs dix ans, juste pour ne pas me perdre. Tu ne me perdras pas, Maï. Je t'aime, et nous resterons ensemble. Construisons nous des avenirs que nous aimerons.
– Du moment que...
– Non, Maï. Non. Nous pouvons nous retrouver à l'infini. Nous pourrons toujours nous aménager une place pour l'autre. Rien n'est figé dans le marbre. En plus, avec toute la nouvelle technologie, se voir ne sera plus un problème.

Je reste silencieuse. Il faut que j'y réfléchisse. Que je demande conseil à mon père. Il faut... Il me faut un bon vieux repas entre père et fille. Il a raison. Entièrement. C'est d'ailleurs souvent le cas avec lui. Je prends une grande inspiration. Si je ne peux pas dénoué ma gorge, je peux au moins reprendre un peu contenance. C'est mon petit-ami, et je l'aime, mais il est le seul à pouvoir me mettre dans cet état, et je déteste ça. Je referme le dossier d'un coup sec. Je ne me suis jamais sentie aussi inutile et mise à l'écart. Ce truc pourra attendre. De toute façon, je dois en parler avec Kita et ses élèves avant de prendre une seule décision. Là, dans l'immédiat, j'ai besoin d'être seule.

– D'accord. Je suis d'accord. Tu as raison.
– Maï...
– Laisse moi finir. Je suis d'accord. Je ne peux pas nier l'évidence. Ceci dit, ce n'est pas pour autant que je l'accepte. Je vais avoir besoin de temps. Je soupire en me levant. De temps, et de solitude. Si tu veux bien m'excuser.
– Je t'aime. Me crie-t-il alors que je quitte la pièce.
– Daichi t'attends.

A suivre... 

A l'Approche Du Crépuscule(Haikyuu) [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant