- Bonjour, je suis Stella Kita. Êtes vous les responsables légaux de mademoiselle Aï Iwaizumi?
- Oui. Répond le père en attirant sa femme à lui.
- Je suis désolé de vous déranger en ces heures sombres mais j'ai ici une ordonnance de protection qui concerne vos enfants.
- Je vous demande pardon?
- Qu'est-ce qu'une ordonnance de protection? Demande la mère.
- C'est une injonction restrictive, si vous préférez. Je vais vous expliquer. En tant que sportive de haut niveau, mademoiselle Iwaizumi est suivie de très près médicalement et psychologiquement. La relation qu'elle entretient avec son frère aîné dégrade sa santé mentale. Comme cela s'arrangeait avant que vous ne partiez en vacances, le psychologue s'est dit que proposer l'injonction à Aï ne serait peut être pas nécessaire. Malheureusement, des preuves ont surgi à votre retour, sans parler de l'état de la demoiselle. Le psychologue a fait la demande de cette injonction et, pour le bien de la concernée, le tribunal l'a accepté. Pour les six mois à venir, renouvelable si son état ne s'améliore pas, Iwaizumi Hajime est tenu de rester a plus de deux cents mètres d'Iwaizumi Aï.A suivre...
------Le père d'Aï a l'air sur le point de se jeter sur la femme qui se tient devant lui, droite comme un "i". Son ton est agressif. Je connais Stella, il aura une surprise s'il s'en prend à elle.
- Vous plaisantez?
- Non madame. Voilà tous les documents nécessaires.
- Nous sommes ses responsables légaux, nous n'avons pas notre mot à dire?
- Quand la vie de l'une des parties est en jeu, c'est l'avis des psychologues et des médecins qui est pris en compte. Je suis navré.
- Vous croyez qu'elle acceptera?
- Mademoiselle Iwaizumi n'est pas en état de prendre des décisions. D'après le médecin, elle n'est même pas en état de s'occuper seule d'elle-même.
- Je..
- Merci de nous en avoir informé. Le coupe la mère après avoir parcouru rapidement les papiers.
- Je suis désolé. J'espère que ça s'arrangera. Bonne journée.L'avocate a vraiment l'air peinée. Elle s'incline, lance un dernier regard à Aï et s'en va. L'homme fusille sa femme du regard mais elle le lui rend et plaque l'enveloppe sur la poitrine de son mari. Elle lui ordonne de lire ça avant d'entrer dans la chambre d'Aï. La brune ne réagit pas. Sa mère lui parle en posant ses affaires. Elle a un petit sourire rassurant sur les lèvres. Nous décidons de les laisser tranquille. Bokuto n'est pas rassuré mais nous le tirons par le bras pour qu'il nous suive. Audrey retourne à l'appartement alors que nous nous dirigeons vers le lycée. Bokuto et Akaashi ont entraînement de volley et moi de tir à l'arc. Nous sommes en retard. Tous les sportifs sont réunis dans le gymnase dédié au volley. Ils sont assis en cercle. Nous nous joignons à eux. Nous faisons ces réunions depuis longtemps. Nous ne voulons pas de malaises entre nous, alors nous essayons de trouver des solutions aux problèmes ensemble ou de parler de sujets qui pourraient être tabou. Par exemple, je suis gay. Je m'en suis rendu compte très tôt. J'ai jamais vraiment osé le dire à ma mère et j'avais peur de la réaction d'Audrey. J'en ai parlé durant une réunion et leurs réactions ont été bien meilleures que celles que j'attendais. Ils m'ont donné le courage de le dire à Audrey. Sa réaction a été encore plus surprenante car elle a sauté de joie avant de se tourner vers une fille de sa classe et de lui demander cent yens. Elles avaient parié. Ma sœur aînée m'avait ensuite confié qu'elle était fière de moi et qu'elle m'aiderait pour le dire à notre mère. Je ne lui ai toujours pas dit, son nouveau mec est homophobe. Ce groupe de parole nous aide énormément à nous affirmer. Depuis l'hospitalisation d'Aï, cela tourne surtout autour d'elle. Pour être exacte, ça tourne autour de nos ressentis vis à vis des événements, surtout que certains d'entre nous étaient extrêmement proche d'elle.
- Alors? Demande Akinori.
- Alors elle ne réagit plus à rien. Je soupire en enlevant mon gros manteau. Ils ont réussi à la sauver encore une fois mais...
- Encore une fois? relève Haruki.
- Ils ne sont pas au courant. M'informe Akaashi.
- Elle a abandonné la lutte hier soir. Explique Bokuto. Elle a arrêté de respirer et ils l'ont sauvé de justesse. Ce matin, elle était réveillée quand nous sommes arrivés. Elle ne nous a pas regardés. Elle n'a pas bouger. Nous n'aurions pas été là, ça n'aurait rien changé. D'après le médecin, le choc émotionnel qui l'a conduit dans la situation de la semaine dernière a été trop puissant pour son mental. Pour sa santé, elle est devenue passive à tout ce qu'il se passe autour d'elle.
- Il faudra du temps, de la compassion et de l'aide pour qu'elle guérisse. Apparemment, son frère serait responsable.
- Pardon? S'exclame l'armoire à glace qui leur sert d'ailier.
- Devant la chambre d'Aï attendait une avocate. Je continue quand il est clair qu'ils n'en diront pas plus. Une injonction restrictive a été émise contre son frère. Il n'a plus le droit de s'approcher d'elle à moins de deux cent mètres. D'après l'avocate, des preuves auraient attesté que c'est suite à une accroche avec son frère qu'elle est dans cet état.
- Ça suffit. Intervient mon professeur. Parlons maintenant de nos propres émotions vis à vis de cette situation. Vous la connaissez tous, certains plus que d'autres.
- Je veux jouer. S'exprime Bokuto en relevant la tête.
- Quoi? S'indigne une fille de ma classe.
- Je veux jouer, pour ne plus penser. Je veux jouer pour me concentrer sur les passes, le bloc, la défense. Je ne veux plus que son image tourne en boucle dans ma tête. J'arrête pas de me demander comment j'aurais pu empêcher ça, si j'avais eu mon rôle à jouer là-dedans.
- Mais si c'est son frère...
- Ça m'arrache les lèvres de dire ça, mais la dépression n'est jamais dû fait d'un seul facteur.C'est Akaashi qui a parlé. Lui toujours si pacifiste, admet qu'il aimerait tout mettre sur le dos d'Iwaizumi. Il s'y refuse mais je pense que c'est pour respecter sa philosophie de vie et ne pas se laisser aller. Je ressens leur douleur comme un coup de marteau. Ils étaient en première ligne, quelles que soit les tempêtes. Ils ont à peine baissé leurs gardes et elle s'effondre. Comme ils doivent s'en vouloir. Je me sens mal pour eux. Je partage l'avis de Bokuto. Moi aussi je veux aller tirer. Je ne veux pas penser. Je ne veux pas me demander comment ils ont fait, si j'étais aussi protecteur qu'eux, si moi aussi j'aurais pu la sauver. Je ne veux pas me demander si l'instinct surnaturel d'Akaashi lui avait fait défaut, où en serions-nous!? Sûrement devant une tombe, à se demander ce qui l'y a conduit. Peut être qu'Iwaizumi aurait alors pris conscience du harcèlement et de cette maltraitance psychologique qu'il faisait subir à sa cadette. L'idée qu'il faille qu'elle meurt pour ça me met le cœur au bord des lèvres. Comment est-ce que je réagirai si Audrey venait à me renier? Moi aussi, j'y aurai pensé. Je l'aurai fait. J'aurais tout abandonné, pour ne plus souffrir.
Nous laissons les volleyeurs commencé leur entraînement et nous nous dirigeons vers le champ de tir. Je soupire en montant mon arc. "A chaque fois que tu soupires, tu laisses un peu de bonheur s'échappé!" Je me retourne d'un bloc. Il n'y a personne derrière moi. Les plus proches me lancent des regards étonnés. Aï me disait ça quand je soupirait. Les larmes me montent aux yeux alors que je me place sur le pas de tir. Je regarde droit devant moi... "Garde le menton droit! Tu es un prince, rappelles-toi. Non, ne le lève pas. Tu es un bon prince, qui ne prends pas de haut ses sujets. Voilà." Alors que je me prépare, je suis scrupuleusement ses indications. "Le dos droit! N'a-t-on jamais vu un prince se tenir comme un bossu!" Le dos droit, le regard au loin. "Je t'ai dit de tourner la tête ! T'as tout tourner, sauf la tête. Remets toi en place. Les pieds parallèles, le dos et le regard droits. Bien. Maintenant, regarde la cible sans bouger le reste de ton corps." Je tourne la tête uniquement. "Lève le bras. Attrape la corde... Non, ramène la en dessous du menton. T'es pas dans un film. Tu peux fermer un œil si tu veux. Personnellement, je les garde ouverts." Je tire sur la corde et vais calé ma main sous mon menton. Une respiration, et je relâche. J'étais tellement concentré sur mes pensées que je n'ai même pas visé. La flèche se plante à la limite entre le rouge et le jaune. "Petit veinard!!" rigole la voix d'Aï. "C'est la chance du débutant. Ne compte pas trop là-dessus et apprends plutôt à régler ton viseur. Je serais de l'autre côté du champ de tir, si tu as des questions." Oui, j'en ai. Pleins. Mais tu n'es pas là... Tu n'es pas là et tu n'as pas les réponses. La corde collée à ma joue se couvre du liquide salé. Ma vue flou m'empêche de viser mais ma force m'abandonne et ma flèche part. Elle se plante au centre du cercle jaune. Merde. Merde. Merde et merde. J'aurais préféré rater. Pourquoi est-ce que ce sont mes flèches qui font mouche, et non les siennes!? Pourquoi est-ce qu'elle est sur un lit d'hôpital au lieu de s'entraîner à la finale!? S'il y a un dieu qui s'amuse avec sa vie, c'est un connard!
- Je ne veux plus tirer.
- Pardon!? S'étrangle l'adulte qui nous encadre.
- Je ne veux plus tirer tant qu'elle ne sera pas revenue.
- Ilyas, qu'est ce que tu fait!? Panique ma voisine. Si elle ne peut pas représenter l'école aux Nationales. Ce sera toi.
- Je refuse. Elle est la meilleure tireuse que cette filière n'ai jamais connu. Je REFUSE de lui voler sa vie toute entière. Elle va revenir. Elle va revenir, aller aux Nationales et GAGNER !! Parce que c'est sa passion, son souffle, sa raison de vivre. Elle ira même en France pour représenter le Japon. Elle ira et elle gagnera. Il n'y a aucun moyen qu'elle perde. A aucun moment.
- Ilyas... Tente un autre.
- Le débat est clos. Je ne reviendrai qu'avec elle.Je quitte. J'ai démonter mon arc en parlant. Je retourne à l'hôpital. C'est le seul endroit où je devrais me trouver. Audrey y est. Elle étudie son cours. Elle le lit à Aï et commente par dessus. Elle me jette un regard étonné mais je me contente de secouer la tête et de m'asseoir sur la chaise de bureau. Aï nous fixe tour à tour avant de fixer le mur. Le soir, Bokuto et Akaashi nous rejoignent. Bokuto glisse sa main dans celle d'Aï. Elle nous étonne en serrant avec force celle du blanc. Il ne bouge pas. Nous reprenons lentement les discussions, de peur qu'elle ne se rétracte. Pourtant elle ne bouge pas. Sa main se détend quand elle s'endort. Bokuto se tend en la regardant fermer les yeux. Il est traumatisé. Il s'attend à tout moment à devoir appuyer sur le bouton pour appeler les infirmières. Audrey, appuyée contre moi, me serre le bras si fort qu'elle m'a sûrement coupé la circulation. Un silence d'attente s'installe. Des nausées me viennent quand je me rends compte que nous sommes tous prêts à intervenir si les machines se mettent à sonner. Quelle merde!
À suivre...
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A l'Approche Du Crépuscule(Haikyuu) [Tome 2]
FanfictionLà où il y a de la lumière, il y a forcément de l'ombre. Entre chiens et loups, saurez-vous reconnaître lequel est le plus dangereux? ~~~ ATTENTION!!! Cette histoire traite de dépression et de la mort en général! Tome 2 de "Entre Retrouvailles & Amo...