A l'Approche Du Crépuscule(Haikyuu) [Tome 2]

63. Aï

Leïa est partie. Je la sens bien, cette petite. Je me retourne vers mes acolytes.

- Tes vêtements t'attendent dans ta chambre. Me sourit Audrey.
- Tu savais?
- Non, ils y sont depuis une semaine.

Ah! Je me rends compte qu'ils espèrent depuis une semaine que je redescende de la lune. Aï, espèce de grosse conne! Quelle idée t'es passé à travers la tête, au juste? En remontant, je tente de me rappeler ce qu'il s'est passé depuis une semaine. Je n'en ai pratiquement aucun souvenir. Je me souviens seulement qu'Ilyas m'a emmené sur le champ de tir de l'académie. J'ai passé la journée à tirer avant qu'il ne se sente pas bien. Audrey a alors décidé de mettre un terme à notre sortie et ils m'ont ramené à l'hôpital. J'espère qu'il va mieux, maintenant.

Sab et Tyse nous attendent devant la chambre. Ils soupirent de soulagement en nous voyant arriver. Ils ne font pas confiance à Ilyas et Audrey. Malgré mes explications. Je soupire en haussant les épaules.

- Aï? Demande Sab.

Malgré moi, je ne peux pas m'empêcher d'entendre quelque chose dans sa voix. Est-ce que c'est l'espoir que je lui réponde ou le désespoir de constater que je suis encore entourée de brume? J'ouvre la bouche pour répondre mais je n'ai pas besoin de parler. Ma réaction suffit amplement. Ils se jettent sur moi pour me prendre dans leurs bras. Oula! Oula! Ils vont me casser quelque chose. J'ai entendu mes cotes craqués. ALERTE ROUGE!! Je prends une grande inspiration quand ils me lâchent et ils rigolent. Je sais qu'ils doivent m'en vouloir mais de là à tenter de me tuer? Nous entrons dans la chambre et Tyse se met dos à la porte. Sab et Ilyas se tournent vers la fenêtre qui donne sur le couloir. Tyse a les yeux fermés. Je m'habille et enlève mon cathéter. Quelle merde ce truc. Enfin, il m'a bien sauvé la vie, alors je ne vais pas me plaindre. Sab ferme le rideaux et nous sortons normalement. Je nage dans mon jean. J'ai perdu du muscle un peu partout. Le plus flagrant, c'est que l'on voit mes côtes. La nourriture de l'hôpital est conçue pour nous apporter uniquement ce dont nous avons besoin. J'ai une faim de loup que nous ne sommes pas encore sortis de l'hôpital.

J'ai envie de voir Keiji et Koutarou alors nous nous dirigeons vers le parc le plus proche. Nous nous arrêtons en chemin pour acheter à manger. Je dévore la barquette de frites sans que les autres n'aient le temps de m'en prendre. Je ne suis pas calé mais mon ventre ne tente plus d'imiter la baleine. La baleine fait ce bruit? Peu importe, nous voyons le parc. De la musique en sort. Ils sont tous en train de s'amuser. Je m'arrête avant d'entrer. Personne ne m'a vu, encore. Je me rends compte que si jamais je me montre, tout le monde m'assaillira. Je n'en ai pas envie. Pas du tout. Je vais attendre les garçons à l'appartement. Voilà une sage décision. Oh ta gueule toi!

Je me retourne pour le dire aux garçons quand Keiji se lève soudainement. J'écarquille les yeux et lui fait signe plus tard. Il reste un instant bouche-bée et j'ai peur que Koutarou. Il est trop occupé à parler avec la rousse. Tout le monde applaudit Leïa apparemment. Sauf Keiji, qui se dirige vers moi d'un pas assuré. Ok, son regard me fait très peur. Il n'attend pas d'être sur moi, il me tire contre lui dès que je suis à portée de main. Je me rends compte que quelqu'un me pousse au moment où la pression s'efface. Keiji me serre lui aussi très fort. Je lui rends son étreinte.

- Tu es enfin sorti. Qu'ont dit les médecins?
- Rien, nous sommes partis sans leurs dires.

Il me fixe un instant. Il s'attendait visiblement à ce que ce ne soit pas moi qui réponde. Il n'a pas le temps de me répondre. Une poigne ferme m'attrape le bras et je me retrouve le nez contre une épaule que je connais très bien. Il est étonnamment doux quand il me sert contre lui. Comme s'il avait peur de me casser. Il se redresse et me fixe un moment. Il lève la main avant de la laisser retomber. Je vois par-dessus son épaule que Kenma me fixe mais que Kuroo et les filles commencent à partir sans lui. Je lui souris et il rattrape les filles, sans cesser de me jeter des regards en biais. Kuroo remarque son petit manège et arrête de marcher, permettant à Kenma de venir me voir. Contrairement à tous les autres jusque là, il ne me saute pas dessus. Il se glisse contre moi avec sa douceur habituellement et je le prends comme je peux contre moi. Il soupire dans mes cheveux et je lui frotte le dos.

- Je vais bien. Tout va bien.
- Est-ce que...
- Non. Non, tu n'aurais rien pu faire. Aucun d'entre vous n'aurait pu faire quoi que ce soit.

Il hoche la tête et s'éloigne. Il me fait un sourire et me promet que je vais regretter ce que j'ai fait. Il rejoint enfin son meilleur ami et part sans se retourner. Il est trop mignon le petit pudding. Si je n'étais pas déjà amoureuse, j'aurais peut-être craquer pour lui. Heureusement pour moi, les autres n'ont rien remarqué. Je me présenterai à eux demain, pour l'entraînement. Keiji et Koutarou nous accompagnent pour rentrer à l'appartement. J'explique que je ne voulais pas que tout le monde s'agglutine autour de moi et ils semblent le comprendre. Les Machia nous abandonnent quand nous passons devant chez eux. Sab et Tyse s'assurent que je suis bien arrivé saine et sauve avant de me laisser aux bons soins de mes colocataires.

Koutarou n'a pas décroché un mot depuis le parc.Nous enlevons nos chaussures et Keiji se dirige vers la cuisine et je vais le suivre. Le capitaine me retient et secoue la tête.

- Non. Interdiction de t'approcher de quelque chose de dangereux. La cuisine t'est interdite au-delà de la table.
- Pardon? Tu plaisantes là?
- Non. Assure Keiji. Tu es encore instable et il est hors de question que tu ne te fasse du mal.
- Quand j'étais dans les vapes ok mais..
- Tu n'étais pas passive quand tu t'es fait ça.

Pour appuyer ses propos, Koutarou monte mes poignets devant mes yeux. Je ne les regarde pas. Je le fixe lui. Sa voix est dure et s'abat sur moi comme une masse. Ses pupilles étincèlent de colère. Est-ce que ses yeux ont toujours été aussi beaux? Il lâche mon bras et sa main remonte en frôlant ma peau pour aller se mettre dans mon dos. OK AI, c'était quoi cette réaction? Je peux savoir pourquoi tu te couvre de chair de poule, peau de merde? Heureusement, avec ma pâleur, ça ne se voit pas. Je m'assois et l'endroit où il a posé sa main me semble brûler en contact avec la chaise. Hé hé! Non! Non! Non et non! Je suis amoureuse de Tooru Oikawa. Koutarou est mon colocataire et mon meilleur ami. Ça doit être ma récente faiblesse qui me met dans cet état. Je ne vois que ça comme explication. Keiji fait un plat simple: riz et poisson. Je n'ai pas besoin de plus. Les garçons rient en me voyant dévorer un énorme pavé de saumon. Ils me disent qu'ils sont invités le lendemain chez Kuroo et me demandent si je veux venir. Absolument pas! Je dois rattraper mon retard dans les entraînements de tir-à-l'arc.

Je passe une semaine sur le champ de tir. Si bien qu'Ilyas et Audrey sont obligés de me forcer à arrêter pour manger. Je n'ai pas faim. Je veux tirer. Je veux retrouver mon corps. J'avais un corps parfait, robuste, bien proportionné, harmonieux. Maintenant, j'ai juste un corps faible, tremblant. Je n'abandonnerai pas le combat, peu importe les sacrifices que je dois faire. Je n'ai pas passé cinq ans à me démener pour échouer aussi prêt de la finale nationale. Honnêtement, si ça ne tenait qu'à moi, je dormirais dans le gymnase, comme lors de nos semaines d'entraînement. Koutarou et Keiji sont à leurs stages d'été cette semaine. Audrey a élu domicile avec moi le temps qu'ils reviennent. Ils ne veulent plus me laisser seule. Je ne peux pas leur en vouloir. Heureusement pour moi, Ilyas a décidé de me suivre dans mon entraînement intensif. Audrey me laisse m'entraîner assez tard. Elle en profite pour fuir sa famille, car sa mère est revenue. J'ai d'ailleurs rendez-vous avec son grand-père dans quelques temps. J'ai hâte.

A suivre...