A l'Approche Du Crépuscule(Haikyuu) [Tome 2]

37. Aï

 Le mercredi, à midi, Hajime m'attendait devant ma salle de cours. Nous nous écartons légèrement pour laisser les autres sortir. Je sens derrière moi la présence rassurante de Sab. Nash n'est toujours pas revenu en cours. Il est consigné dans son lit jusqu'à quatorze heure minimum. Le médecin va passer le voir pour l'examiner. Si elle juge qu'il peut revenir, il reviendra. En attendant, il buche les poisons et les plantes venimeuses.

Hajime se frotte la nuque. Il lance des regards angoissés derrière moi. Je me retourne et constate que les quatre garçons m'attendent, dont deux qui nous regardent comme s'ils allaient déchiqueter Haj. Je leur fais signe de partir et les deux me font un signe de tête en coeur. Ils n'ont pas encore tourné au bout du couloir que je sens un bras s'enrouler autour de mes épaules. Je lance un regard agacé à Tooru. Il me lâche, mais surtout à cause du regard noir de mon frère. Nous décidons finalement de descendre et de sortir du lycée pour discuter tranquillement.

Hajime ne dit rien en premier lieu. Puis il ouvre la bouche. La referme. L'ouvre encore, hésite, et la referme. Tooru lève un sourcil et se tourne vers moi.

– Qu'est-ce que tu fais cette après-midi?
– Je vais au hangar m'entraîner au tir à l'arc.
– Et ton... ami... ? demande Hajime. Il va mieux?
– Oui mais pour s'en assurer, il a rendez-vous chez le médecin à quatorze heure. Ensuite il me rejoint au hangar. Maï, Sab et Tyse aussi devraient être là.
– Ça va faire du monde. Commente le châtain.
– C'est un ancien hangar à bateau, il y a de la place.
– Et... Tes amis de Tokyo?
– J'ai pas compris ta question. Je répond après un petit blanc durant lequel j'ai retourné la question dans tous les sens.

Hajime n'a pas le temps de préciser qu'une touffe blonde sort d'une rue adjacente. Penchée sur son téléphone, elle s'arrête, tapote sur son écran, et sursaute quand son appareil se met à sonner. Elle décroche en mettant une main sur son coeur. Nous l'observons fixer ses chaussures, puis froncer les sourcils et enfin s'énerver contre un certain "Yu". Elle hâche ses mots dans un argo surement familier de son quartier. Elle finit par lui dire que puisqu'elle n'est pas aussi douée qu'une certaine "Azhure", il devra se débrouiller avec ses devoirs de math. Pour avoir discuter avec Nash, je sais qu'elle est la première dans toutes les matières, exceptés l'anglais. De toute sa promo, et pas seulement de sa classe. Elle raccroche et son regard capte le mien. Elle sourit et se dirige vers nous. Son téléphone recommence à sonner mais elle le range sans même regarder qui est le malheureux. J'ai le temps de voir le nom "Ryu" apparaître. Je décide de ne pas m'en mêler et lui rend son sourire.

– Vo... Iwa-senpaï. Vous allez bien?
– Oui et toi?
– Parfaitement. Dans quelle direction allez-vous? Nous pouvons peut être faire un bout de chemin ensemble.
– Avec plaisir.

Je la prend par le bras et nous reprenons notre route. J'apprécie qu'elle vienne vers moi ainsi, même si je n'ai pas rater la distance respectueuse qu'elle a laissé entre nous et le ton respectueux qu'elle a utiliser. Elle a sans doute passer trop de temps avec Nash et il l'a contaminé. Après tout, c'est pas plus mal. Si elle obtient un poste qui m'intéresse à l'avenir, ce serait bien que j'ai toujours des contacts avec elle. Au bout de quelques phrases à peine, quelque chose me saute aux yeux et un sourire complice naît sur mes lèvres.

– Toi, tu as grandis avec des garçons.
– En effet. Acquiesce-t-elle, surprise. Comment le savez-vous?
– Tu as acquis certaines mimiques qu'on ne retrouve pas chez celles qui ont grandis différemment. Tu as cours avec Nash cette après-midi?
– Non. Il a prétendu être occupé. Je suppose donc que vous la passerez ensemble.
– Non, mais il ne serait pas étonnant qu'il me rejoigne. Je vais m'entraîner au tir à l'arc. Tu voudras venir?
– Si j'ai le temps.
– Je vais te donner l'adresse.

Je sors un bout de papier et lui donne. J'avais déjà prévu de le faire. Nous nous séparons finalement et le rasé de lundi matin, qui l'attendait visiblement, lance un regard noir aux garçons derrière moi. Je lui fais signe et il se met à rougir, prenant la couleur d'une tomate trop mûre. Honokaya rit et lui tape sur l'épaule. Il lui sourit et passe un bras autour de ses épaules. Elle entoure sa taille et il lui prends son sac de cours. Je me demande pourquoi ils ne sont pas rentré ensemble. Ça faisait longtemps que j'avais pas vu deux personnes aussi fusionnelles, en dehors de mon frère et Tooru.

Nous continuons notre route. Tooru et Iwaizumi parlent de volley alors que je suis sur mon téléphone. Je suis entre les deux. Une notifications noire s'affiche mais je la fais disparaître rapidement. Je sais que les deux glandus jettent régulièrement des coups d'oeil à mon écran. Je décide de jouer la prudence et lance un jeu. Je suis sur le point de gagner quand le jeu se ferme et que le nom de Sab s'affiche. Je décroche en grognant. Tout ça pour me dire que nos maîtres nous demandent dans une demi-heure. Il aurait pû envoyer un message codé! Une demi-heure... UNE DEMI-HEURE???? Mais je n'aurais jamais le temps de faire à manger, manger et me changer. Comment je vais faire? J'ouvre la bouche pour le dire à Sab au moment où il raccroche. J'ai beau le rappeler, il ne décroche pas. En revanche, Tyse m'appelle. Qu'est-ce que c'est que ce bordel? Je décroche et tombe sur le maître. Il ne m'explique rien si ce n'est que Sab s'est trompé et qu'on se retrouve à 14h30. J'ai pas le temps de lancer un "Ok" qu'il raccroche. Je fixe mon téléphone d'un air dubitatif un court instant et les garçons éclatent de rire.

Je secoue la tête et nous arrivons enfin. Je me met aux fourneaux pendant que les mecs débarrassent la table et la mettent. Nous mangeons en rigolant sur les dernières décisions du conseil des élèves. L'heure de retourner au lycée pour eux et de partir au hangar pour moi arrive. Je retourne toute mon armoire. Impossible de mettre la main sur ma veste de sport. Les volleyeurs m'attendent alors je laisse tomber. Tant pis, je rentrerai en courant ce soir. Je saute les escaliers deux par deux et dérape en bas. Je pose un genoux à terre pour me stabiliser. Je palpe ma blessure. Tout va bien.

Nous commençons à partir. Arrivé au carrefour où nous nous séparons, Hajime remarque que je n'ai pas de veste. Il voulait me prêter la sienne mais j'ai refusé. Il tombe malade au moindre courant d'air un peu trop frais et ils finissent toujours plus tard que moi. Je refuse. Plusieurs fois. Tooru met fin a notre dispute naissante en posant sa propre veste sur mes épaules. Nous le regardons, sidéré, et il argumente qu'en ce qui le concerne, le froid ne le dérange pas. J'allais m'y opposer mais mon téléphone sonne. Je n'ai pas le temps, tant pis. Je les salue et part en courant.

Arrivé à l'appartement de Nash, qui est ma destination initiale, j'entre sans frapper. Slyom lève les yeux de la télé de Nash et s'en offusque. Il se récolte un "ferme la" de Sab et Nash. Ulmyre et lui se retournent pour regarder leurs amis mais ces derniers se contentent de me sourire et de me faire un topo sur l'état de Nash. Deux coups résonnent et Tyse entre à son tour. La position de ses frère l'interpelle mais il ne pose pas de questions. Nous décidons de partir tous ensemble pour le hangar. Maï a dit qu'elle nous retrouverai directement là-bas. Nash propose aux garçons qui jouent de rester dans son appartement et leurs laisse les clés. Durant le trajet, je sens les yeux de Sab sur mon dos. Quand je me retourne, il se détourne. Au bout de deux ou trois fois, je le fixe.

– Quoi?
– Quoi "quoi"? demande-t-il.
– Pourquoi tu me fixes depuis toute à l'heure?
– Ta veste.
– Qu'est-ce qu'elle a?
– Bah... c'est pas la tienne.
– Merci captain obvious ! Rigole Nash.
– C'est celle de Tooru.
– Oikawa?
– Bah quoi?
– Non rien.

Nash et Sab échangent un regard. Tyse, derrière, est concentré sur son livre. Nous arrivons au hangar

A suivre...