À Feu et À Sang - Tome 1

Chapitre 2

Son mug de thé bien rempli, Nola le déposa sur le bureau près de son invité mystère et prit le temps de le détailler. Il ne ressemblait pas à grand chose avec toute cette boue et ces feuilles mortes, si bien qu'elle décida de l'en débarrasser. 

Profondément endormi, il n'opposa aucune résistance et la jeune femme put l'étudier à loisir. Elle n'alla pas plus bas que les épaules, ne voulant pas le réveiller et apparaître comme une voyeuse et déjà, l'étendue du travail à abattre était conséquente Même ses cheveux étaient couverts de glaise. Le plus simple aurait été de le passer sous le jet d'eau et elle pensa que le tuyau du jardin aurait été bien utile, mais pas sûr qu'il aurait apprécié ce réveil à l'eau glacée.

Son visage ayant presque retrouvé apparence humaine, Nola reprit son inspection. L'homme était plutôt pas mal. Une mâchoire carrée, couverte d'une barbe de trois jours, lui donnait un air viril mais quelque chose de plus émanait de cet homme. Elle ne savait quoi mais elle le sentait. Il transpirait la force et l'assurance et cela fit naître davantage de questions dans l'esprit de son hôtesse. Que faisait un homme de son gabarit en si mauvaise posture aussi loin de la civilisation ?

Alors que « Blanche-Fesse » dormait toujours, Nola retourna à ses occupations : un peu de ménage, quelques mouvements de gym suivis d'une bonne douche et de son déjeuner. L'après-midi elle le passait généralement à travailler sur les manuscrits que son patron lui envoyait, mais vu que son bureau était occupé, elle se rabattit sur un bon roman.

Elle fut si absorbée dans sa lecture qu'elle en oublia presque la présence de l'homme dans sa chambre d'ami. Il était bientôt l'heure de dîner et l'inconnu avait dormi toute la journée. Nola commença à faire un peu plus de bruit pour le réveiller ; hors de question pour elle de passer la nuit avec un inconnu sous son toit.

Alors qu'elle s'en allait cuire deux beaux morceaux de viande, comme il l'avait demandé, un grondement sonore s'éleva de la pièce voisine, la faisant sursauter.

Prudemment elle s'avança et jeta un coup d'œil vers l'inconnu. Apparemment, elle n'allait pas avoir besoin de sortir les casseroles ou le tuyau d'arrosage pour le réveiller. Il était debout, désorienté et affaibli car il se tenait tant bien que mal au bureau. Nola l'observa avant de tenter une approche.

- Euh ... Salut !

Il se tourna brusquement, laissant tomber le plaid au sol et se révélant entièrement nu devant la jeune femme. Immédiatement, elle se cacha les yeux de façon à ne pas se retrouver face à une partie de son anatomie qu'elle avait réussi à éviter jusqu'à présent.

- Eh la ! Un peu de décence je ne connais même pas ton nom !

Puis elle continua, la main toujours sur son visage.

- Je t'ai trouvé dans mon jardin ce matin et je t'ai ramené ici, chez moi.

- Où est-ce qu'on est ?

La voix de l'homme était rocailleuse encore empreinte de sommeil mais elle était bien plus affirmée que lorsqu'elle l'avait ramassé quelques heures plus tôt.

- À quelques kilomètres de Saint-Pierre-Église vers l'Est.

L'homme la dévisagea quelques secondes. Cette femelle n'était pas désagréable à regarder, une longue chevelure sombre, une peau pâle accompagnée de lèvres pulpeuses rouges. Elle n'était pas très grande mais toute en courbe, de belles hanches, une taille fine et une poitrine généreuse. Mais quelque chose clochait dans son odeur.