Chapitre 20

70 12 7
                                    

PDV Saori

Après ma leçon de piano (oui, j'avais choisi de suivre des cours de piano en même temps que les cours de violon. Encore un choix juste pour sentir la présence de Nagisa quelques instants...), j'attendis que le professeur parte pour jouer les morceaux que je voulais.

J'inspirai profondément et laissai mes doigts courir agilement sur les touches pour jouer Liebesleid (Chagrin d'amour en autrichien).

Cette mélodie, je la jouais souvent sur le piano de la salle de musique du château. Elisabeth ne cessait de me dire que ça me faisait du mal de jouer sans cesse un morceau qui exprime le chagrin d'amour, c'est-à-dire mon état actuel depuis trois ans, quand j'étais seule. Mais pourtant, je m'obstinais à le jouer encore et encore. Cette douleur que ravivait ce morceau me permettait de ne pas oublier le bonheur que j'avais temporairement connu.

"Saori, tu sais très bien ce qu'on en pense...", me reprocha doucement la voix de Gabriel.

Mon ami s'approcha et se mit face à moi.

"Gabriel, il n'y a vraiment rien qu'on puisse faire pour que ce mariage n'ait pas lieu ? demandai-je d'une petite voix.

- Ce mariage me fiche les jetons autant qu'à toi, j'ai passé en revue toutes les possibilités et aucune ne marchera."

Je ne répondis pas et jouai alors Mr.Saxobeat que j'avais moi-même retranscris en une version piano, avec l'aide de Gabriel.

Gabriel ne chercha pas à réengager la conversation, devinant sans peine que j'avais besoin de me retrouver seule avec la musique. Il s'installa donc sur une chaise à proximité du piano et je jouai une autre mélodie, un duo violon/piano de base, composé par Nagisa et moi. Là aussi, je l'avais adapté pour que je puisse jouer ce morceau avec le piano seul ou avec le violon seul.

"En moins de trois ans, tu as acquis une technique et une fluidité qui en feraient pâlir d'envie les meilleurs pianistes, fit remarquer Gabriel.

- Je jouais parfois au piano avec Nagisa, après qu'on se soit mis ensemble, c'est pour ça. En plus, la musique est devenue quasiment mon seul refuge pour être loin du tumulte de la cour et de la vie de princesse qui m'attend."

Il hocha la tête et sembla vouloir dit quelque chose. Cependant, il se retint, hésitant.

"Gabriel, qu'est-ce-qu'il y a ?

- Quand je t'ai dit que toutes les possibilités que j'avais imaginé ne marcheraient pas, ce n'était pas totalement vrai. Mais celle qui a une chance de marcher est vraiment glauque..."

Je haussai un sourcil, l'invitant à poursuivre.

"On sait tous les deux que fuir ne fera que retarder l'échéance et énerver tes parents. Je ne sais même pas si je devrais te parler de la possibilité qui pourrait marcher...

- Gabriel, dis-moi, dis-je fermement.

- Comme tu veux.", soupira le prince. "Je sais que c'est vraiment extrême, mais... comment dire... je suis persuadé que le mariage serait annulé si l'un de nous n'était plus là."

Your Arrow's MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant