INTERLUDE

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[orange juice, melanie martinez

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[orange juice, melanie martinez.]

Elle se souvenait de cette nuit à la fin de l'été, son troisième soir chez les Weasley. Bill, qui était venu rendre visite à ses parents avec sa petite amie Fleur Delacour, et Georges avaient allumé des feux d'artifices dans le jardin. Toute la famille a dîné dehors ce soir-là. Skår était dans la salle de bain pour se changer. Depuis la petite fenêtre ouverte, elle entendait les rires et les discussions animées dans le jardin. Ron envoyait valser des gnomes pendant qu'Hermione le sermonnait sur les droits des créatures magiques, Fleur essayait d'aider Madame Weasley avec la cuisine, mais cette dernière ne comprenait pas quand sa belle-fille s'adressait à elle, son accent étant encore trop fort pour se faire comprendre.

Mais en se déshabillant, une pensée étrange lui est venue à l'esprit quand elle s'est regardée dans le miroir.

Son corps lui faisait mal. Son corps était une cage et seul son esprit en détenait la clée mais ne pouvait s'en servir. Elle avait beau apparaître dans le miroir, mais elle n'existait pas vraiment. Elle craignait qu'elle ne disparaisse d'un instant à l'autre. Ce corps qu'elle voit n'est pas le sien, peu importe la forme qu'il prendra. Fred avait frappé à la porte.

— Skår, tout va bien ?

La jeune sorcière n'avait pas répondu, trop absorbée par son reflet qui lui semblait si irréel. Elle passait ses mains sur son corps comme pour se prouver à elle-même que sa présence n'est pas une illusion. Skår observait chaque centimètre carré de peau sur son corps. Ses bras, ses jambes, son ventre, ses mains, ses seins, ses pieds, ses fesses, ses épaules. Rien de tout ça ne lui appartenait. Après plusieurs appels sans réponses, Fred finit par entrer en prenant soin de refermer la porte derrière lui.

Il vit sa petite amie debout devant le miroir, entièrement nue, scrutant son reflet. Il est venu se planter à côté d'elle, observant lui aussi le reflet de la jeune fille.

— Tu es magnifique.

Sans quitter le miroir des yeux, Skår secoua la tête négativement.

— Ce n'est pas à moi. Ce corps n'est à Personne. Le corps de Personne est magnifique.

— Peu importe de quoi tu peux avoir l'air, tu seras toujours très belle.

Elle effleura sa cicatrice à l'épaule du bout des doigts, impassible. Seules ces cicatrices lui appartenaient, et pourtant, c'est le corps de quelqu'un d'autre qui les possèdent, imprimées sur leur peau.

— Ce n'est pas juste, dit-elle, je ne mérite pas une si jolie apparence. Ce n'est pas moi. Je n'ai pas de corps à moi. Je... Je ne suis personne.

Elle se tourne vers son petit ami et lève les yeux vers lui, l'admirant avec attention. Chaque trait de son visage, chaque parcelle de son corps qu'elle avait déjà exploré plusieurs fois était gravé dans sa mémoire. Et pourtant, chaque fois qu'elle le voyait, elle ne perdait pas un instant pour l'admirer. Fred prit son visage délicatement entre ses mains et dépose un baiser sur son front.

— Tu es Skår Abel. Tu es tout le monde en même temps à l'extérieur, mais tu es l'unique âme maîtresse dans ce corps.

Quand Skår doutait de son existence et de son corps, Fred l'emmenait dans leur chambre et prenait soin d'elle comme elle en avait besoin. Lorsqu'elle faisait l'amour avec Fred, il lui rappelait qu'elle était réelle. Elle pouvait sentir son propre corps. Lorsqu'il murmurait son nom dans le noir, elle se sentait humaine. Il n'y avait que Fred pour la ramaner sur Terre, pour la faire sentir réelle. Quand il surprenait Skår à fixer son reflet dans un miroir, il ne souriait ni ne riait plus. Ça ne le faisait pas rire du tout, de la voir aussi triste. Mais ça le rassurait de savoir qu'il avait le pouvoir de soulager sa douleur.






























a.n.: j'aime énormément cette interlude, et la chanson rend juste hyper bien avec je-
je suis fière

𝐏𝐑𝐈𝐃𝐄 ⚊ ❪f. weasley❫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant