L'homme gisait sur le sol froid de la cave, aux pieds de cinq de ses ravisseurs. Le premier est grand, blond platine, et hautain. Le second, plus grand encore, mince, et au teint cireux. La troisième est blonde également, ses lèvres maquillées de rouges et des rides se forment aux coins de sa bouche. Le quatrième, lui, est doté de traits durs et d'un sourire mauvais. Tous doivent être dans la quarantaine – si ce n'est plus – excepté la cinquième. C'est une adolescente aux cheveux noirs de jais, aux traits fins et au teint aussi pâle que la neige.
— Je crois que notre invité s'est assez reposé. Sans doute doit-il être à nouveau en mesure de nous dire ce que nous souhaitons savoir, dit le premier en levant sa baguette vers l'homme.
— Non, Lucius. Attend un instant, l'arrête le quatrième.
Le blond abaisse sa baguette et la glisse dans sa canne. Quant au quatrième, il se tourne vers l'adolescente et poursuit :
— À toi de t'en occuper, Skår.
— Moi ? S'étonne-t-elle.
— Rogue t'as bien appris des trucs, non ? Alors sers-toi en, réplique-t-il d'un ton froid et dur, en lançant un regard poli au second sorcier.
Le dénommé Rogue gratifie la jeune fille d'un signe de tête d'approbation. Prise au dépourvu, elle obéit et sort sa baguette. Le prisonnier relève la tête vers elle, suppliant. S'il avait été à peine plus en forme, il aurait facilement pu lui faire du mal. Il aurait pu prendre la forme de son animagus, mais il ne peut pas. Il ne peut plus.
Elle relève sa baguette et la pointe vers lui.
— Voyons voir ce que ce cher Severus t'as appris.
— Levicorpus !
Soudainement, le corps de l'homme se met à tournoyer dans les airs, commandé par la baguette de l'adolescente. Le quatrième sorcier secoue la tête négativement.
— Non Skår, soit plus créative ! Je ne crois pas que le professeur Rogue ne t'ait simplement appris à faire voler tes ennemis, non ?
Ça ne pouvait pas être aussi simple que ça. Pourtant, elle aurait tenté le coup. Mais si elle ne le fait pas, quelqu'un d'autre s'en chargera et sera moins tendre qu'elle. Alors elle inspire profondément et son expression se durcit. Elle ne doit avoir aucune pitié, ou c'est elle qui en paiera les conséquences.
— Sectumsempra.
Le prisonnier laisse échapper une longue plainte de douleur tandis que de profondes coupures magiques viennent lui lacérer le corps. La jeune fille lutte pour ne pas crier de douleur avec lui. Chaque fois qu'elle est contrainte à faire du mal à qui que ce soit, elle le ressent aussi. Elle sent son âme se déchirer alors que c'est la vie d'un autre qu'elle déchire.
— C'est un peu mieux, la félicite le quatrième sorcier. Mais je crois que notre ami ici présent n'ai compris la leçon.
— Yaxley, intervint Lucius, comment comptes-tu lui soutirer la moindre information s'il meurt maintenant ?
Yaxley lui répond de son sourire mauvais et rappelle l'adolescente :
— C'est vrai, admet-il avec difficulté. Skår, nettoie-moi tout ce sang.
— Un elfe de maison peut très bien... proteste-elle.
— C'est à toi que je l'ai demandé. Si tu veux sortir d'ici, cette cave a intérêt à être propre.
Les quatre adultes grimpent les escaliers en bois et regagnent le rez-de-chaussée, laissant la jeune sorcière seule avec le prisonnier. Elle tente de toucher la blessure qu'elle lui a causée qui a déchiré le bas de son pantalon miteux, sa jambe saignant affreusement. Mais l'homme grogne et s'éloigne en rampant. Elle s'agenouille près de l'homme et lui murmure :
— Je suis vraiment désolée, vraiment... Mais je peux faire en sorte que vous ayez moins mal. S'il-vous-plaît.
Il lève ses yeux gris vers elle, le regard vitreux.
— Je vais mourir ici, de toute façon.
Elle pince les lèvres, désolée.
— Il y a des chances, oui, admit-elle.
L'adolescente écarte les morceaux de tissus en lambeaux du pantalon du prisonnier. L'entaille est profonde et ne tardera pas à s'infecter. Mais elle ne peut pas entièrement soigner la plaie ou les autres se douteront de quelques choses. Elle arrache les bouts de tissus du bas du pantalon et les noue en garot autour de la plaie après l'avoir grossièrement nettoyée avec un bout de tissu.
Tandis qu'elle presse la plaie pour essuyer le sang, l'homme pleure. Elle détourne le regard et n'ose plus le regarder.
— Tuez-moi, sanglote-t-il.
— Quoi ?
— Tuez-moi, répète-t-il. Je ne leur dirais rien et ils ne feront que me garder en vie plus longtemps. Si vous êtes vraiment désolée, tuez-moi.
La jeune fille trouve le courage et le regarder droit dans les yeux. Elle ignore l'identité de l'homme. Elle ignore s'il a une femme et des enfants qui attendent son retour, si des gens sont à sa recherche et espèrent le voir en vie à nouveau. Il doit avoir la trentaine, et il aurait pu vivre de nombreuses années encore s'il ne détenait pas une information que les mangemorts convoitent. Et elle n'a que seize ans, elle est bien trop jeune pour prendre une vie. Pour prendre une autre vie.
— Je suis désolée, je ne peux pas.
Elle détourne le regard et quitte la pièce alors que l'homme la supplie encore et encore. Une fois dans le hall d'entrée du manoir, elle jette un œil à ses mains couvertes de sang. Elle ne peut pas se présenter ainsi au quartier général de l'Ordre avec du sang qui n'est pas le sien sur les mains. Elle monte vite à la salle de bain se nettoyer les mains, puis quitte la propriété en se demandant s'ils savent déjà ce qu'elle a fait, ou s'ils le devineront en voyant culpabilité sur son visage. Les supplications de l'homme la hanteront des jours durant. Tuez-moi, tuez-moi, tuez-moi.
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𝐏𝐑𝐈𝐃𝐄 ⚊ ❪f. weasley❫
Fanfic"𝙋𝙧𝙞𝙙𝙚 𝙞𝙨 𝙜𝙤𝙞𝙣𝙜 𝙩𝙤 𝙗𝙚 𝙩𝙝𝙚 𝙙𝙚𝙖𝙩𝙝 𝙤𝙛 𝙮𝙤𝙪 𝙖𝙣𝙙 𝙢𝙚" Lorsque Skår Abel se regarde dans un miroir, elle se voit un visage fendu en deux, dont une des deux moitiés n'est pas le sien. Le jour où sa mère a rejoint les troupe...