Ses doigts se défont lentement de leur emprise sur le linge blanc qui enveloppe le corps de son jumeau. Le visage dur, Georges a cessé de pleurer depuis un petit moment déjà. Les yeux rougis et gonflés, son teint blafard n'indique rien de bon. De toute façon, qu'attendre de plus de sa part ? J'observe les deux infirmiers de Sainte-Mangouste s'éloigner avec le linceuil aux filaments argentés, seule visibilité du sort de conservation qui permet à Fred de ne pas pourrir avec le temps. Pourrir, comme un morceau de viande avarié. Depuis l'enfance, j'avais eu tout le loisir de penser à la mort. Si bien que la question scientifique s'était posée : sans la magie d'arrangement des corps, qu'arrive-t-il à ceux qui meurent ? Leur corps demeure-t-il enfoui à jamais ? Alors, pourquoi retrouvait-on des ossements, parfois ? Non, un jour, Fred ne sera plus que poussière, de vieux os enterrés sous la terre, de la matière nourrissant les animaux de terre. L'image du corps en putréfaction de mon défunt mari, un ver lui sortant de l'orbite d'un de ses yeux, me dégoûtait au plus haut point. Puis Georges, d'une voix las, me proposait d'aller faire un tour dehors.
— Je suis désolée.
— Moi aussi.
Ce sont les seuls mots que nous échangeons, au début. Nous arpentons les couloirs en piteux états et, pour certains, la lumière du jour se faufile entre les brèches. Alors, c'est inévitable. Nous sortons dans la cours et nous approchons lentement, d'un pas nonchalant - si ce n'est que je ne marche que d'un pied - vers le tas de cendre que nous craignions autrefois. Tout les deux nous y penchons au dessus, d'une curiosité morne. C'est Georges qui brise enfin le silence :
— Alors c'est ça, Lord Voldemort ? Tout ce bordel pendant des années, pour finir comme ça. Eh ben, pathétique.
— Tu l'as dit.
Je choisis qu'il n'est pas le moment de lui faire remarquer que ce tas de cendre a réellement été dangereux, avant. Maintenant, les gens ont besoin d'oublier. Non pas d'oublier ces évènements et ceux qui y ont perdu la vie, mais plutôt d'aller de l'avant. De laisser toute cette douleur de côté, le temps que la vie leur accorde du répis.
— Quelle pute, ce type, quand même.
Georges ricane, pourtant sans vraiment d'enthousiasme.
— Ca va te paraître stupide, me confie-t-il, mais il... Fred... (Il marque une pause, puis reprend, d'une voix enrouée) On s'était dit, le soir où Tu-Sais-Qui était revenu... Oh et puis merde, tourne-toi, tu veux ?
— C'est pas trop le moment de me faire une blague foireuse, tu sais ?
J'obéis et lui tourne le dos, levant les yeux au ciel. Bientôt, je comprend et m'écrie :
— Georges Weasley, est-ce que tu est vraiment entrain de pisser sur les restes de Lord Voldemort ?
— Un peu, oui !
— Sans moi ?
— Hé, qu'est-ce que tu fous ?
— Pourquoi tu serais le seul à commettre cet acte mythique ? Tu n'as qu'à pas regarder, imbécile.
Une fois fini, nous poursuivons notre chemin vers ce qu'il reste de la cabane d'Hagrid. Ce dernier acte de rébellion me rempli d'un sentiment de nostalgie douloureux. Je m'en voulais, que Fred n'ait pas pu en profiter avec nous. Allais-je vraiment m'en vouloir d'exister sans lui ?
— Skår...
C'était la première fois depuis qu'il était parti que j'entendais mon nom de sa voix. J'ai l'impression de l'entendre.
— Je veux que tu saches que tu es la bienvenue. A la boutique, au Terrier, partout. Tu sais où nous joindre. Ou encore, tu peux rentrer directement avec nous...
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𝐏𝐑𝐈𝐃𝐄 ⚊ ❪f. weasley❫
أدب الهواة"𝙋𝙧𝙞𝙙𝙚 𝙞𝙨 𝙜𝙤𝙞𝙣𝙜 𝙩𝙤 𝙗𝙚 𝙩𝙝𝙚 𝙙𝙚𝙖𝙩𝙝 𝙤𝙛 𝙮𝙤𝙪 𝙖𝙣𝙙 𝙢𝙚" Lorsque Skår Abel se regarde dans un miroir, elle se voit un visage fendu en deux, dont une des deux moitiés n'est pas le sien. Le jour où sa mère a rejoint les troupe...