21 - ÉPILOGUE

1.1K 93 25
                                    

Ça ne plaisait pas plus à Rogue qu'à moi, cette situation

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Ça ne plaisait pas plus à Rogue qu'à moi, cette situation.

Le Seigneur des Ténèbres, après le fiasco du ministère, avait demandé à Rogue de me prendre sous son aile. Selon lui, j'étais prête à recevoir un enseignement de la magie noire plus poussé. Dumbledore, lui, ne pouvait qu'approuver l'idée de me transférer du manoir Malfoy au domicile de Rogue, pour des raisons différentes bien évidemment. Mais, même si cela signifiait être éloignée d'une vie de torture physique et morale, je n'appréciais guère plus cette idée. Je n'étais pas présente lorsque cette décision a été prise, mais je ne peux qu'imaginer les protestations de Rogue.

Mes amis, eux, avaient beaucoup râlés aussi. Vivre dans la maison de Severus Rogue, ça n'avait rien d'un rêve, et personne ne me le souhaitait. Mais il le fallait pourtant, et Dumbledore y tenait presque autant qu'à ce qu'Harry demeure chez les Dursley.

— Ben dit-donc, commente Fred en posant un de mes cartons sur l'étagère de ma nouvelle chambre, tu voyages léger.

— Je n'ai rien d'autre que ça en fait, répondis-je en comptant les trois cartons et la grosse malle posés dans un coin de la pièce.

Il était six heures du matin et il faisait déjà chaud, dans ce petit lotissement du quartier d'ouvriers de Carbonnes-les-Mines. L'endroit était sombre, maussade, presque délabrés si l'on regardait certaines maisons. Pas étonnant que Rogue soit aussi hargneux, s'il a vécu toute sa vie dans cet endroit.

Ce qui me servira de chambre pour une durée indéterminée est une petite pièce meublée d'un lit, d'une commode antique et d'un secrétaire près de la fenêtre. J'ouvre le carton que Fred a posé sur la commode et en sort le mobile décoré de serpents que Sirius m'avait fait parvenir par Kreattur. Je grimpe debout sur le lit, et essaie de l'attacher au plafond à l'aide de scotch moldu – qui s'avère bien inutile.

Pages.

Je lâche la ficelle reliée au mobile qui tiens toute seule, collée au plafond par le sortilège que viens de lancer Fred.

— Merci. Je n'y avais pas pensé, dis-je d'une voix basse en descendant du lit.

J'ôte ma vieille boîte à chaussure du cartons et la pose sur mon lit.

— Il faudra bien que tu te serves à nouveau de ta baguette un jour.

— Elle me terrifie, Fred.

— Non, c'est toi qui te terrifie.

Oui, c'est vrai. Depuis la bataille du ministère, un sentiment de dégoût pour moi-même m'envahi chaque fois que je tiens ma baguette. Si bien que je vis comme une cracmole depuis plusieurs jours déjà. Je n'avais pas réussi à neutraliser ma mère. Fred a dû s'en charger à ma place parce que j'avais été trop faible.

— Je sais.

J'ouvre la boîte à chaussure et en sort une photo que j'ai fais encadrer. Dessus, Jean me fait salue de la main, un sourire radieux sur le visage. À l'arrière est inscrite son adresse, pour que je puisse lui écrire pendant l'été. Je la pose sur ma commode.

— Qu'est-ce que c'est ? Me demande Fred en désignant la boîte.

— Mes trésors les plus précieux, répondis-je.

— Waw ! Dit-il en prenant le cliché me représentant moi, Malfoy et Alice. T'étais très mignonne quand t'étais petite. Qu'est-ce qui t'es arrivée ?

Je ris et lui prend la photo des mains.

— Fait attention à ce que tu dis, ou Ginny se fera un plaisir de m'envoyer une photo de toi quand tu étais petit et je parie que ce serait très drôle à voir !

Il fouille à nouveau dans la boîte, et en sort la pile de lettre reliées ensemble d'une ficelle verte sapin.

— Ne touche pas à ç-

— Tu as gardé mes lettres ? S'émerveille-t-il.

— Euh, ouais...

Il les repose au fond de la boîte et se lève pour me prendre dans ses bras. Je respire profondément, m'efforçant d'ignorer le fait que je ne le verrais pas de l'été. Les Weasley m'avaient conviés à venir les voir pendant les vacances, bien sûr, mais l'Ordre estimait qu'il serait plus prudent que je fasse profil bas. Bien que ma mère ait été arrêtée et qu'elle n'ait pu prévenir personne de ma trahison, il me faut rester prudente.

Son menton posé sur le haut de mon crâne, Fred me dit :

— Au fait, je crois que j'avais oublié un truc quand je suis parti de Poudlard.

— Oh Fred, répondis-je, la tête posée contre sa poitrine, si tu oses me dire que tu y as oublié ta virginité je te tue.

— Bien vu, mais c'est pas ça que j'allais dire, rit-il doucement.

— Alors quoi ?

— J'avais oublié de te dire que je t'aime. Bon, c'est pas un truc qu'on oublie mais j'avais un peu peur de, euh...

Je me dégage un peu de son étreinte et le regarde droit dans les yeux, moqueuse :

— Ne me dit pas que toi, Fred Weasley, tu avais peur que je ne te réponde pas la même chose ?

— Oh, la ferme !

Je ris et ajoute :

— C'est évident que je t'aime ! Et je n'ai aucune envie de passer l'été dans cet endroit horrible loin de toi.

— Je vais vomir.

Rogue se tiens debout, si droit que je le soupçonne d'avoir un balai coincé dans l'anus, et nous toise d'un regard froid.

— Monsieur Weasley, je vous prierais de bien sortir de cette chambre.

Fred se redresse et porte sa main à son front, effectuant un salut militaire maladroit, avant de descendre au rez-de-chaussée. Le professeur de potion reste là, à m'observer. Rapidement mal à l'aise, je lui rétorque :

— Quoi, qu'est-ce qu'il y a ?

— Vous ne devriez pas vous attacher autant. Ce garçon finira par partir, tôt ou tard.

— C'est ça oui. Et c'est vous qui me donnez des conseils en terme de relations amoureuses ?

— Tâchez de me parler sur un ton plus respectueux.

— C'est pas parce que je vais vivre sous votre toit, monsieur, que je vais vous laisser me manquer de respect sans riposter.

— Voilà la preuve qu'il me reste bien des choses à vous apprendre. La première, apprenez à choisir vos batailles avec plus de soin.

Sur ces mots, il disparaît dans le couloir. Je descend au rez-de-chaussée et accompagne Fred jusqu'au coin de la rue. La chaleur étouffante m'avait forcée à métamorphoser mes cheveux pour qu'ils m'arrivent en bas des oreilles. À présent, ils sont redevenus d'un noir de jais et sont aussi raides qu'ils ne peuvent l'être. Nous nous arrêtons au croisement de l'impasse du Tisseur et de la rue principale.

— N'oublies pas de m'écrire, d'accord ? Si je reste sans nouvelles de tout l'été, je vais finir par devenir dingue ici.

— C'est promis. Tu devrais passer voir la boutique, bientôt !

— J'essaierais. Je suis sûre qu'elle me plairait !

Fred consulte la montre que son père lui a offert des années plus tôt, et annonce d'un ton morose.

— Il faut que j'y aille, on ouvre la boutique dans dix minutes.

Je m'assure qu'il n'y a aucun moldu dans les parages – aucun risque, cet endroit donne l'impression d'être une ville fantôme – et me grandit d'une vingtaine de centimètres pour atteindre la même taille que Fred pour l'embrasser. Puis je reprends ma forme d'origine et le regarde transplaner, laissant un grand vide là où il se tenait précédament et également dans mon cœur.

L'été va être long.

𝐏𝐑𝐈𝐃𝐄 ⚊ ❪f. weasley❫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant