07 - JANUS AUX DEUX VISAGES

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Il s'est avéré que Malfoy avait raison sur un point : il est le plus intelligent des deux

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Il s'est avéré que Malfoy avait raison sur un point : il est le plus intelligent des deux. Je me suis complètement plantée en botanique : visiblement, même faire la différence entre une bouture de Tentacula vénéneuse et une bouture de plante araignée a été évident pour toute ma classe sauf pour moi.

C'est pourquoi je me suis plongée dans mon manuel de botanique dans la bibliothèque, dans un coin où les étagères sont si poussiéreuses que je suis certaine que personne ne viendra me déranger. Tout du moins, c'est ce que ma logique un peu foireuse m'a dit.

— Excuses-moi, dit timidement une voix masculine, tu es intéressée par la botanique ?

Je lève les yeux de mon manuel vers le garçon qui m'a parlé : c'est un Gryffondor que j'ai déjà vu parler avec mes amis. Il est très grand pour son âge, alors que son visage joufflu enfantin me pousserait à croire qu'il serait plus jeune.

— En fait, je suis nulle en botanique. Je trouve ça très intéressant, mais je suis incapable de quoi que ce soit dans ce domaine.

Je me replonge dans ma lecture, pensant cette conversation terminée, mais le garçon poursuit :

— Dans ce cas, je te conseille plus ceci, dit-il en me tendant un des livres qu'il porte sous son bras.

C'est un livre illustré pour enfant. J'étouffe un rire et lui répond :

— Tu penses vraiment que ça peut m'aider ?

— C'est le livre le plus simple mais le plus complet que j'ai trouvé.

Il piétine sur place, gêné. Je ne comprend pas bien pourquoi est-ce qu'il m'a aidé. En général, personne n'adresse la parole à un Serpentard à moins que : option A, iel le ou la connaît, option B, le Serpentard en question lui a parlé en premier.

— Je m'appelle Neville Londubat.

Je m'efforce de rester impassible. Londubat. Je voue un respect incommensurable pour ce nom. Frank et Alice Londubat sont des héros ayant connu un sort injuste. Un sort commis par, entre autre, les Lestrange : un sort qu'elle ne cesse de féliciter.

— Skår Abel. T'as l'air de t'y connaître, en botanique.

— Ça oui, répond-il. C'est peut-être la seule chose que je ne gâche pas.

— Je suis sûre que tu n'as pas que ça, comme talent.

J'ouvre le livre qu'il m'a prêté à une page au hasard. Le filet du diable. Cette plante-là, je la reconnais : j'ai vu un elfe de maison en planter tout autour de l'enceinte du manoir des Malfoy, au début de l'été.

— Et toi, c'est quoi ton talent ?

Neville est bien étrange. Il semble si nerveux, mais ose pourtant poursuivre cette conversation.

— Les potions. En particulier les poisons, avoue-je.

— Moi, je suis nul en potion.

Il hésite un instant et ajoute :

— Et Rogue me terrifie.

Je lui souris.

— Il y a de quoi avoir peur, c'est vrai. Tu sais quoi ? Je peux t'apprendre deux ou trois trucs en potion si tu m'aides avec la botanique.

— Marché conclu !

C'est comme ça que j'ai passé mon samedi après-midi terrée dans la bibliothèque avec Neville. C'est un endroit que j'affectionne tout particulièrement : ces dernières années, je ne suis pas une grande lectrice, mais le calme qui y règne est paisible. J'aime les vieux livres, les étagères si hautes que je pourrais faire de l'escalade dessus, et le silence. J'aime prendre un livre au hasard et le lire assise près d'une minuscule fenêtre, cachée derrière un rideau. Ça me donne l'impression d'être hors du temps, hors du monde. Et aujourd'hui, la compagnie de Neville ne me déplaît pas : il ne parle pas beaucoup, mais nos conversations sont agréables. Pourquoi faut-il toujours que mes amis ne soient pas dans la même maison que moi ?

A l'heure où je quitte seule la bibliothèque, tout le monde est encore à l'extérieur à profiter du temps encore ensoleillé du mois d'octobre. Je n'ai pas envie de retourner à la salle commune, ni d'aller dehors ou dans la Grande Salle. Je me demande si...

Je cours dans les couloirs – personne n'est présent pour m'en empêcher – et me rend au septième étage. Après m'être assurée que personne n'était dans le coin, je pense très fort à cet endroit. Cet endroit que j'ai eu la chance de trouver accidentellemenr lorsque j'étais en troisième année.

____________

La pièce est semblable à un grenier si grands que les murs semblent inexistants. Une pièce infinie, où sont entreposées des générations de reliques en tout genre. La salle sur demande.

Je ne sais pas exactement ce que je suis venue y chercher. Peut-être y trouverais-je quelque chose d'utile.
J'erre entre les allées d'objets, entre des tours de meubles empilés et des montagnes de babioles abandonnées. Puis, lorsque je me retrouve face à ce grand miroir de bronze aux ornements anciens, je me stoppe net.

Il y a des mois que j'évite mon reflet. Depuis... Et bien, depuis ce fameux soir où je suis allée trouver Maugrey pour m'engager auprès de l'Ordre. Je faisais des cauchemars dans lesquels je me retrouvais enfermée dans une pièce remplie de miroirs, comme dans ces maisons hantées de foire. Mais à la place d'y voir une fille bien petite pour sa taille, une peau blafarde, de longs cheveux noirs et des yeux si sombres et creusées de cernes qu'on aurait pu croire à une enfant malade, ce n'était pas cela que je voyais. Je voyais une immense et profonde balafre me sectionner le visage en deux. D'un côté, le visage me ressemblait traits pour trait : à la différence que mes yeux sont noirs et dépourvus de blanc. Comme un démon. Et mon reflet ne cesse de me répéter :

— Choisis, Skår, choisis. Qui mourra pour ta conscience ?

Cette fois, j'ai beau être bien réveillée, j'ai beau savoir que je suis debout dans la salle sur demande, mais je le vois encore dans le miroir.

— Tu peux prétendre que tu feras deux bonnes actions pour contrebalancer la mauvaise que tu viens de faire. T'es trop fière pour te salir les mains. Mais un jour c'est cette fierté qui aura raison de toi.

Je ferme les yeux et me concentre. Je n'ai plus envie de ressembler à ça, je n'ai plus envie qu'on me dise que je ressemble à ma mère, et plus que tout au monde je veux arrêter de voir cette créature qui me ressemble trait pour trait.

Lorsque je rouvre les yeux, mes cheveux sont devenus blond platine. Je ressemble à une Malfoy. J'essaie de changer à nouveau, mais tout ce que j'arrive à faire c'est de les faire pousser. Il faut croire qu'il y a du vrai à ce que j'ai raconté aux Mangemorts. Je peux toujours me servir de mon don de métamorphomage, mais je le maîtrise aussi bien que je maîtrise la botanique.

𝐏𝐑𝐈𝐃𝐄 ⚊ ❪f. weasley❫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant