Du haut d'une colline, Rebecca se tenait, droite. Son regard rivé vers le nord-ouest.
D'en haut, elle avait une vision parfaite sur ce qui avait été son enfance, sa vie, sa marche, pendant des années entières.
Devant elle, une horde de marcheurs avançait d'un même rythme, d'un même pas. La file était si longue, le groupe si nombreux, que d'un seul regard elle ne put embrasser tout le Chant.
Et surtout, dans l'air résonnait une chanson lancinante, répétitive, qui animait les marcheurs. Comme si l'Hymne lui-même planait au dessus de tous, entre Soleil et le Chant, et faisait avancer les deux de sa force.
Sofi rejoignit son amie, et posa sur son épaule droite une main réconfortante. Sur l'autre épaule trônait un rat, et sur le poing fermé de l'ex-chanteuse était juché un faucon aux courbes nobles. Dans son dos, le poids mort d'un weta géant pesait encore.
Une larme perla au coin de l'œil de Rebecca. Elle y était parvenue. Elle avait retrouvé le Chant qui l'avait vue naître et grandir.
« Alors ? demanda Sofi, peinée.
— Alors il fallait que je retrouve le Chant pour lui faire mes adieux, répondit Rebecca.
— Et ensuite ?
La marcheuse ne répondit d'abord pas, obnubilée par la masse humaine du Chant et par leur force de groupe.
— Ensuite, nous marcherons. Plus loin. Jusqu'au matin, puis jusqu'au soir, de l'aube du Nord jusqu'au crépuscule du Sud.
Sofi écarquilla les yeux.
— Donc... ce n'est pas fini ? Tu ne comptes plus t'arrêter ?
— Non. Je veux vivre, se réjouit-elle en détournant enfin les yeux de son ancienne famille.
— Donc tu as trouvé ton but ?
— La marche, ce sont les rencontres que l'on y fait. L'exode, c'est tout ce que l'on y explore. Qu'importe où nous mène Soleil, qu'importe ce que nous fera le Froid : vivre, c'est découvrir. »
Rebecca plongea son regard dans celui de Sofi. Les deux se sourirent avec sincérité.
L'Exode Blanc se poursuivait, comme il s'était toujours poursuivi. Simplement, elles avaient choisi de le suivre encore.
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L'Exode Blanc
Fantasi« Régie par la louve cruelle qu'est le Froid, La nuit impose à tous un silence de velours. Sous l'Égide de l'Œil marchent sans fin ses proies, Intouchables en Nadir, comme dans tout le jour. Les couleurs sont absentes, et l'horizon un but Que le do...
