Et si c'était toi - Tome 1

Chapitre 19

CORRIGÉ

Il n'est que sept heures du matin et je meurs de faim. Je pourrais certainement me rendre à un petit bistro, question de prendre le petit déjeuner, mais je n'ai aucune envie de m'y rendre seule. Je me tente quand même à écrire un message texte à mes amis, espérant que l'un d'eux soit levé, mais je ne me fais pas trop d'espoir.

Nous sommes sorties hier soir au bar du coin, évitant ainsi que je croise Dereck dans les endroits où il se tient, et l'heure à laquelle nous nous sommes couchés se rapproche plus du levé que du coucher du soleil. C'est d'ailleurs à se demander les raisons qui ont poussé mon corps à se réveiller.

Après plusieurs tentatives qui se soldent toujours par un échec, j'en viens à la conclusion que je n'aurai d'autres choix que de me botter les fesses et me rendre seule au bistro si je veux calmer les gargouillements de mon ventre. Je me lève donc péniblement de mon lit afin de me rendre aux douches pour me donner le regain d'énergie qu'il me manque.

Une fois sous les jets brûlants, je recommence à sombrer dans mes pensées. Cela fait déjà une semaine que l'incident avec Dereck s'est produit et j'ai toujours autant de difficulté à me le sortir de la tête. Encore plus lorsque je me remémore les paroles d'Ivy à savoir si je devrais ou non laisser mon histoire avec Josh derrière moi pour voir ce qu'a à m'offrir l'avenir.

Le problème c'est que j'ai peur. Peur de me tromper, de regretter, de me faire rejeter, mais par-dessus tout, de faire du mal à Josh. Il ne mérite pas de subir la peine qui viendrait avec une telle décision, mais encore faut-il que je réussisse à en faire une. Pour le moment, je suis encore partagée entre ma raison et mon désir grandissant. Je vais sois devoir passer par-dessus les évènements passés et enfin avouer à Josh tout ce qui s'est produit jusqu'à présent, dans les moindres détails, ou tirer un trait sur ma relation avec ce dernier pour me lancer à tête baissée dans quelque chose d'inconnu et d'incertain.

Dans tous les cas, deux personnes finiront par être blessées. Oui, deux. Parce que je sais que peu importe la décision que je prendrai, elle me fera souffrir. Bien que je sois persuadée que mon chagrin serait plus important suivant une rupture, de voir le regard emprunt d'amertume que m'a lancé Dereck cette semaine lorsque nos yeux se sont rencontrés en cours m'a fait un terriblement pincement au creux de la poitrine.

Il faut dire qu'il avait essayé à plusieurs reprises de me parler et chaque fois je l'ai repoussé. Je présume qu'il n'a pas l'habitude que la gent féminine lui tourne le dos et que son égo a été happé. Il n'en reste pas moins que la noirceur émanant de ses prunelles m'a glacé le sang. Non pas parce qu'il me faisait peur, mais parce que l'éclat que ses yeux me renvoyaient il n'y a pas si longtemps réchauffait mon cœur.

Une fois prête, je retourne à ma chambre, attrape mon sac et mon portable et me rends au petit bistro du coin. Une fois sur place, l'odeur prononcée de café me chatouille les narines et un sourire de plénitude nait sur la commissure de mes lèvres.

— Bonjour. Qu'est-ce que je vous sers ? me demande le jeune homme derrière le comptoir.

Je jette un coup d'œil au travers de la vitrine du présentoir et mes papilles gustatives s'activent en voyant les viennoiseries.

— Bonjour, je vais prendre un pain au chocolat avec un grand latté s'il vous plait.

— Pour manger ici ou pour apporter ?

— Ici, réponds-je tout sourire.

— Vous pouvez aller vous installer, je vous sers d'une minute à l'autre.

Je choisis une table illuminée par les doux rayons du soleil qui percent au travers des fenêtres. Je m'y installe et positionne mes deux mains à plat sur le bois lustré afin de sentir la chaleur des faisceaux lumineux réchauffer mes pauvres doigts encore engourdis de ma petite marche matinale. Je ferme les yeux et frissonne, ensorcelé par la journée ensoleillée et l'odeur divine qui flotte ici.