Et si c'était toi - Tome 1

Chapitre 12

CORRIGÉ

La route m'a semblé très longue de Québec à Montréal. Même s'il n'y a que trois heures qui me sépare de ma ville natale, je suis tellement fébrile à l'idée d'enfin retrouver ma famille, que le trajet m'a paru durer une éternité.

Comme prévu, on passe la première soirée chez les parents de Josh, qui nous accueillent très chaleureusement. Il faut dire que c'est une famille très près les uns des autres et ils m'apprécient réellement. Ils ne se sont d'ailleurs jamais empêchés de me le faire remarquer en allant presque jusqu'à dénigrer les anciennes relations de Josh et en parlant même déjà de mariage.

Je ne sais pas ce qui leur fait croire que nous sommes prêts à nous marier, mais si lui l'est, bien que nous n'en ayons jamais vraiment discuté, moi je suis loin de l'être. Je ne suis même pas certaine encore de vouloir me marier, alors encore moins dans la jeune vingtaine.

Une fois que nous avons fini de souper et de parler de notre nouvelle vie en tant qu'universitaires autour d'un bon mi-cuit au chocolat, je me contente de les écouter parler et rire aux éclats. Une part de moi commence à se sentir coupable de ressentir un soupçon de désir pour quelqu'un d'autre, alors que j'ai déjà conquis le cœur d'un gars aussi exceptionnel que Josh.

Mon assiette terminée, j'avertis que je monte à l'étage afin de finalement aller me laver dans une salle de bain ou je pourrai prendre tout le temps dont j'ai envie pour me prélasser sous les jets d'eau chaude.

Je décide donc de rester un moment sous la douche à profiter des caresses que créer les giclements de l'eau sur ma peau en pensant à ma nouvelle vie, peut-être même à la nouvelle moi. Depuis mon entrée universitaire, je tente de me persuader que les changements qui s'installent en moi ne sont que passagers, mais je dois me rendre à l'évidence, j'aime la nouvelle personne que je deviens. Celle avec plus d'assurance et plus extravertie.

Je tente de trouver l'élément déclencheur à cette nouvelle personnalité que je développe. Peut-être est-ce le fait de vieillir, le changement d'environnement ou la soif de liberté. Il est possible que ce soit tous ces éléments mis ensemble, comme ça peut n'en être aucun, la vie étant en elle-même une succession de changements naturels. Une part de moi me souffle pourtant que j'omets un détail crucial. Ou plutôt, que je voile volontairement une composante, voulant échapper à la vérité, comme une personne.

Quelqu'un de bien particulier, que je ne connais pourtant qu'à peine, qui pourrait être l'élément déclencheur à cette récente version de moi. Après tout, il suffit parfois d'une simple rencontre pour transformer le cours de notre vie.

Et si c'était toi, Dereck Smith, qui provoquait tous ces changements soudainsen moi.

Les tambourinements à la porte me font sursauter et revenir sur terre. Je ne sais combien de temps j'ai passé sous la douche, mais j'en avais bien besoin.

— Sarah ? T'es toujours vivante ? cri Josh au travers de la porte.

— Oui, je sors !

J'arrête le jet d'eau, attrape la serviette que j'avais déposée sur le comptoir de la salle de bain et me rends en douce à la chambre de mon copain.

Je n'ai pas aussitôt mis le pied dans la pièce qu'il s'empresse de fermer la porte derrière moi, de la verrouiller et de faire glisser ma serviette par terre.

Maintenant nus devant lui, ses yeux se rivent sur moi, le regard flamboyant et détaillant chaque partie de mon corps. Quant à lui, il est seulement vêtu d'un simple caleçon, au travers duquel j'arrive à voir naître son érection. C'est étrange, mais je ne ressens plus la même bataille au creux de mon ventre. J'arrive à discerner les tiraillements du désir, mais ils ne me sont pas familiers, moins intenses qu'ils l'ont déjà été.