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-       Si vous n'étiez pas venu hier soir, elle aurait sans doute accouché à la maison, explique le médecin à Ken en regard mes examens.

-       C'est dû à quoi ? On est à la 31éme semaine, tout allait bien aux dernières nouvelles.

-       D'après les résultats qu'on a, la poche des eaux s'est fissurée. De plus, le diabète y a joué un grand rôle.

-       Vous pensez que le bébé va arriver de manière prématurée ?

-       C'est inévitable. Il aurait pu naître hier soir. Aujourd'hui notre but est de le garder dans le ventre de sa mère encore quelques jours voire semaines. Il faut qu'elle tienne encore 2 semaines. Les poumons du bébé ne sont formés qu'à la 34éme semaine. Si nous ne voulons pas exposer le bébé à des risques plus élevés. Il faut qu'on le garde au chaud encore un moment. 

-       34 semaines... c'est encore trop risqué pour le bébé, dit Ken perdu.

-       C'est vrai. L'idéale aurait été de tenir au moins 37 semaines mais je ne crois pas que votre femme puisse tenir aussi longtemps. Son corps cèdera. Notre meilleure option est de provoquer l'accouchement au bout de la semaine 34 et de place ensuite le bébé en couveuse. Notre clinique néonatale est très sophistiquée. Votre bébé y sera très bien.

Ken parle, encore et encore. Il pose des questions, il cherche des réponses claires... Il est très impliqué et je sais que je devrais en faire autant.

Mais je n'y arrive pas. Je me sens vide, je me sens lessivée...

J'ai l'impression que je suis dans un jeu vidéo depuis quelques mois déjà et que je viens d'épuiser toutes mes vies...

Game over.

Je suis hors-jeu.

J'ai beau tourner et retourner la situation dans ma tête, je n'arrive pas à réaliser la situation... je n'arrive pas à comprendre ce qui a bien pu d'éclancher tout cela...

Je me sens vide, je me sens blessée...

J'ai l'impression que rien ne va plus dans ma vie.

Pour la première fois depuis très longtemps, j'ai envie de mourir. J'aimerais être morte, six pieds sous terre...

Une infirmière franchit le seuil de la porte. Je le sais parce que son chariot rempli de médicaments attire mon attention.

Psychotropes, opiacés, amphétamines, analgésiques, stimulants...

Il y a tout ce qu'il faut pour me calmer, me remonter le moral...

La camée que je suis au fond est tentée.

J'essaye de penser à ma fille, j'essaye de ne pas m'effondrer... mais je crois que c'est trop tard.

-       Milla, Milla !

Je lève les yeux vers Ken qui m'a l'air au plus mal.

-       T'es là ? Milla, ce n'est pas le moment de perdre pied, me dit-il doucement.

Je le regarde. Ça me fait de la peine de l'entraîner dans mes conneries... dans mon trou.

-       Le médecin dit que tu vas rester aliter un moment ici. C'est une question de sécurité.

Pas de réaction... je n'ai juste pas de réaction... qu'est-ce que je pourrais dire ? Je n'ai pas envie de rentrer à la maison. Je n'ai pas envie de voir mon papi qui me ment et couvre les actes de mon père depuis si longtemps.

Elsa...

Elsa...

Je m'appelle Elsa...

J'ai envie de vomir rien qu'en pensant cela.

Énergie SombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant