SUNFLOWER

[12] Mon présent.

☾ VENDREDI 23 H 45 / JOUR 56

Après deux films, nous sommes revenus dans ma chambre. Il y a plus de quarante minutes, il m'a dit «Je vais rentrer chez moi». Il est pourtant encore là. Allongé tous les deux dans mon lit à se battre la place. Finalement j'ai opté pour me mettre contre lui. Il me caresse le bras du bout des doigts, me faisant parcourir quelques frissons agréables et chatouilleux. Le silence est fait de «PAS ensemble». Je m'amuse avec la chaîne qu'il porte souvent, si ce n'est pas tout le temps, autour du cou, assortie d'un pendentif d'une clé dorée. C'est apaisant d'entendre son cœur battre. Il est vif. Il est fort. Il est contre mon oreille. Hanahaki est calme lorsque je suis avec lui. Elle n'est pas amer ou douloureuse. Elle semble endormie. Rassurée. Pas un seul pétale de tournesol n'est sorti de ma gorge ou de mes larmes. Lorsqu'il est avec moi, Hanahaki n'a pas de raison de me torturer.

Frozen time.

«PAS ensemble», pas de temps, pas de monde, juste lui et moi. Trois pourcents d'existence de cette addition à laquelle je tiens particulièrement. A laquelle il commence à s'accrocher. Doucement, il accepte. Je peux comprendre sa peur. Et je veux lui prouver que peu importe mon passé ou ma force brute, je ne suis pas cette personne qui lui a brisé sa confiance avant moi. Pour autant, je suis persuadé qu'il ne s'agit pas que de cette personne-là. Ce type dont il m'a parlé a dû laisser des blessures compliquées, encore béantes peut-être. Des blessures qu'il me cache et il continuera à mes les cacher tant qu'il n'aura pas entièrement confiance en moi. Cependant, je crois profondément que toute sa colère, toute sa méfiance et ce manque vertigineux de confiance envers les autres ne date pas que d'une année, ne tient pas qu'à la trahison d'une personne. D'autant qu'il m'a dit qu'il a su gérer, difficilement, ce type. Il ne se laissait pas faire et il a décidé par lui-même d'arrêter une relation amoureuse dans laquelle il se sentait mal à cause des coups de ce type. Il faut énormément de courage et de force pour faire cela. Alors, je crois fermement, que toutes ses difficultés à faire confiance, à communiquer, à se confier, ne sont pas les conséquences que d'une seule personne même si elle en fait partie.

Je soupire légèrement. Me posant des questions sur cette mystérieuse part de Sunflower. Plus j'avance, plus il semble détruit. J'avais pour espoir de pouvoir l'aider au début, seulement faire cela et je pense que ma simple présence peut résoudre certaines de ses peines. Je le sais puisqu'il me l'a dit. Il m'a dit avoir besoin de moi. Néanmoins, ne puis-je pas faire plus pour lui ?

(Sunflower) Pourquoi moi ?

J'ouvre doucement les yeux en entendant le timbre rauque de sa voix qui s'élève légèrement.

(Sunflower) Y'a mieux que moi. Pourquoi moi ?

Mieux que lui... C'est à voir. Je suis d'accord dans le sens où, de prime abord, lui et moi ne sommes pas fait l'un pour l'autre. On s'insulte, on se dispute en permanence, et sans le Toi + Moi nos présences sont comme deux charges négatives qui refusent de bien s'entendre. Sans cette attirance entre nous, nous serions de simples élèves dans une même classe qui ne se cherchent pas. Sans ses yeux tournesols, je n'aurais jamais posé mes yeux sur lui et je serais passer à côté de ce monde qu'il m'offre à côté du mystère qu'il est pour moi. Cependant, je ne suis pas certain qu'il existe mieux que lui, pour moi. Que lui manquerait-il que je veuille de quelqu'un ? Je n'y ai jamais pensé. Je n'ai jamais vu cela de cette manière. Je suis simplement amoureux de lui.

Après tout, cela ne fut pas de mon ressort. Ce n'est pas mon choix. Néanmoins, je ne dirais pas que ça m'est tombé dessus, par hasard, ou selon une quelconque volonté du destin. Je ne sais pas. En fait, c'est peut-être le destin. Si c'est le cas alors c'est un con. Parce qu'il n'a fait les choses qu'à un centième de ce qu'elles devraient être. Il nous a réunis et basta. Il ne nous a même pas dit comment continuer. Il s'est contenté de faire croiser nos regards et c'est tout. Et c'est à cet instant que mes yeux n'ont plus quitté les siens. Tout a été scellé. Le destin s'est tiré et nous a laissé dans cette merde. Je suis donc tombé amoureux de ce type-là. Celui que je trouve particulièrement insupportable, insolent, terriblement têtu et dont la fierté me tape sur les nerfs à de nombreuses reprises -si ce n'est en permanence. Et je sais qu'il y a un retour des choses. Je sais que je l'agace considérablement. Il ne se cache pas pour me le montrer.