𝗌 𝗈 𝗇 𝖺 𝗍 𝖺 || ᵛᵏᵒᵒᵏ

Sonate 48 : Cadres

- Là, tu vois ? Taehyung riait au nez de son ami. T'as celles du rez-de-chaussée, et t'as celles du premier étage, c'est pas si compliqué.

- J'utilise jamais les toilettes du haut, m'en veux pas !

- Écoute, ça j'y peux rien, ma belle-mère a des pulsions soudaines, elle repeint, réarrange, remeuble, retape tout le temps. Donc sauf si tu veux te shooter à la peinture fraîche, tu vas devoir connaître un peu mieux la maison que ça.

- Ok, ok, Jimin fit la moue après s'être fait rembarrer. Bon, j'vais me faire dessus, donc je vais accomplir ma mission avant qu'il soit trop tard, hein.

- Ouais, bonne chance soldat, Taehyung lui lança un sourire un peu dégoûté. Et me bouche pas les chiottes, merci.

- Je contrôle pas, ça, mais je ferai de mon mieux, crétin, il lui montra son majeur avant de fermer la porte. Et m'attends pas, hein !

Taehyung se laissa aller dans un court fou rire en descendant les marches.
C'était pas la discussion la plus exemplaire d'une amitié en or, mais sur le moment ça suffisait amplement au jeune garçon. Ces dernières semaines avaient été un peu grises pour lui, étant bien plus sensible qu'il ne le laisse paraître. Les mots du brun l'avaient vraiment touché, il se questionnait continuellement sur son attachement pour lui.
Et ça, Jimin le savait bien, c'est pour ça qu'il ne lâchait pas son meilleur ami d'une semelle.

Taehyung, maintenant dans le salon, appuya sur le bouton d'ouverture du store de la baie vitrée ; la pièce serait plongée dans le noir sinon, et sa mère l'engueulait toujours pour ça, comme quoi les plantes allaient mourir si il ne laissait entrer pas la lumière naturelle. Il s'installa ensuite sur le canapé, et alluma la télévision d'une taille plutôt extravagante. Taehyung était le genre aisé, il n'avait jamais été dans le besoin. Pour ça, il serait presque tenté de dire qu'il aime, d'un amour sans failles, sa famille. Malheureusement, certains épisodes restaient dans un coin de sa tête, et tournaient, encore et encore, comme une pellicule de vieux films. En regardant son salon sans aucune trace de poussière ou de saleté, il ressentit cet habituel sentiment d'inconfort, d'intrusion, comme s'il était l'élément qui tâchait ce tableau trop parfait. Alors il tenta de se reconcentrer sur l'écran plat suspendu, dont les images fugaces semblaient peu dignes d'intérêt. Il avait mit la première chaîne qui venait.

- Mais, enfin Armand, une femme s'écroulait sur le lit, de manière exagérée. Pourquoi tu ne m'as pas tout dit depuis le début !

- Non... Isabella, ce n'est pas ce que tu crois ! L'homme d'une quarantaine d'années se mit a genoux, implorant.

Taehyung était tombé sur une sorte d'émission gnian-gnian, style les feux de l'amour. Il s'apprêtait à changer de chaîne, exaspéré, quand le personnage féminin lança une nouvelle réplique.

- Je vais te dire ce que je crois ! Elle pointa du doigt son compagnon, les sourcils un peu trop froncés. Tu me trompes avec le frère du voisin, Jean-Pierre !

Taehyung se mordit les lèvres.
Le « Je vais te dire ce que je crois » lui fit plus mal que ce qu'il voudrait.

- Son nom, c'est Benoît ! L'homme lui répondit, hurlant à moitié.

- C'est le nom du voisin, pas de celui avec qui tu me trompes, imbécile !

Outre la situation et les tirades grotesques de l'émission, Taehyung avait l'impression que la télévision essayait de lui faire passer un message.
C'est moi, qui suis grotesque, peut être...
Jungkook doit me voir comme Isabella voit Armand...