« Il s'ensuit que ce sont mes lèvres qui portent le péché qu'elles vous ont pris.
-Le péché de mes lèvres ? Ô charmante façon de pousser à la faute ! Rends le moi ! »
Dans un rire, Touya happa les lèvres du blond qui se dérobait progressivement de sa prise pour filer en riant dans les couloirs de l'imposant château. D'un ton aussi léger que celui d'un rossignol en début de printemps, il appelait son amour du soir à le rejoindre dans leur furieuse danse provoquée par leurs cœurs pressés.
Amusés dans une passion toute neuve, les deux jeunes hommes se chassaient pour mieux se retrouver derrière une tenture afin de se voler un nouveau baiser emplit de ferveur et d'un amour aussi pur et éclatant que le soleil de midi.
En cette nuit de fête, Touya avait laisser entrer son amour, un jeune chevalier errant que le roi son père venait de prendre sous son aile. N'étant pas encore un citoyen, il n'avait eu le droit à une invitation, aussi le prince, ainé de sa fratrie, l'avait-il fait passer par une fenêtre dans un corridor vide, ce même corridor qu'ils arpentaient, de tenture en tenture, comme deux enfants, malgré leur vingtaine d'année imposée. Deux jeunes adultes qui avaient déjà connu les malheurs de l'amour et qui pourtant, le vivaient pour la première fois depuis un rapide baiser échangé dans des écuries, qui s'était transformé avec l'impatience du jeune âge, en une étreinte charnelle au milieu de la paille encore fraîche.
Le prince croyait revivre. Tout lui paraissait facile avec le chevalier Hawks dans ses bras. Les regards des autres sur ses blessures de guerre, les remarques de son père, la tristesse de sa mère, la morosité de son plus jeune frère. Oui, tout était tellement facile alors que ce qu'ils partageaient était très loin de l'être. Pour ce qu'ils étaient, déjà, deux hommes, un prince et un chevalier errant, un héritier et un homme sans attache, sans réelle patrie mis à part celle de sa naissance qui l'avait reniée. Mais en ce soir, ils ne pouvaient y penser. Ils étaient bien trop occupés à s'aimer.
S'aimer dans le secret, le sarcasme, les baisers volés, les provocations, les douces caresses et les compétitions. Car ils se complétaient, ils étaient deux hommes en tout point pareil tout en s'opposant continuellement et qui aidait l'autre à enfin se redresser dans un monde étrange où seul ceux de bonnes naissances avaient le temps de se plaindre et de vivre des tragédies.
Mais en cette nui, cette belle nuit, sous la reine celle de la reine Mab dont les fées venaient faire rêver d'amour les plus purs et fantasmer les plus pervers, en cette nuit où les banquiers rêvaient d'honoraire, les femmes de feu et les hommes de romance, en cette nuit où la coquille de noix, char de la reine des fées, voyageaient dans les cœurs de chacun, oui, cette nuit là même, deux cœurs vivaient pleinement et simplement, car tout leur était encore permit.
Alors qu'ils s'embrassaient à nouveau avec entrain, Keigo se raidit et porta attention, l'oreille tendue, à qui venait les rejoindre. C'était le pas léger de Fuyumi qui appelait après son frère, persuadée de l'avoir vu passer en ces lieux, sans pour autant en connaître ses volontés et encore moins ses actions. Avec un large sourire, le blond caressa la joue de son homme, et d'un ton haletant, s'exprima enfin, abandonnant un instant seulement les rires pour être plus discret. À ses paroles, Touya eut un léger rire, et, taquin, ronronna à son oreille.
« Oh, vas-tu me laisser insatisfait ?
-Quelle satisfaction peux-tu avoir cette nuit ?
-L'échange de nos vœux de fidèle amour.
-Je t'ai offert le mien dès avant ta requête. Mais je voudrais avoir à te le donner encore. »
Rit finalement l'oiseau, oubliant la sœur, alors qu'il se jetait encore aux lèvres de son amour qui eut un grognement impatient. Car les deux le savaient, ils voulaient bien plus que des baisers, bien plus que simplement se retrouver de temps à autres pour échanger un moment secret de tous, un moment charnel, dans une écurie. Ils voulaient s'aimer dans un lit, pour de vrai, et chacun savait que la promesse d'amour était une demande pour posséder le corps de l'autre. En tout cas, ce fut ce que comprit le jeune blond alors que le brun lui taisait un gémissement de ses lèvres affamées pour descendre avec lenteur dans le cou pour le marquer sous ses soupirs.
« Qu'elle suave musique pour l'oreille attentive.
-Touya... Soupira Keigo alors que les baisers se transformaient en morsures et le soupirs retenus en gémissements.
-Ma mie ? Sourit vicieusement l'autre alors que l'appel de Fuyumi se fit de nouveau entendre, cette fois-ci plus inquiet et impatient qu'avant.
-Touya ! »
Avec un grondement frustré, le jeune homme brun se repoussa de lui-même du blond pour chercher à sortir de la tenture, souhaitant mille fois bonne nuit à un oiseau haletant et au cœur battant qui le maintint au dernier instant par le poignet pour le rappeler à lui.
« À quelle heure, demain, enverrai-je vers toi ? Demanda le blond aux joues rendues rouges par l'envie ainsi qu'aux lèvres légèrement gonflées par la faim qui les animaient et les poussaient à toujours plus se dévorer.
-À neuf heures.
-Je n'y manquerai pas. Il y a vingt ans d'ici là. J'ai oublié pourquoi je t'ai rappelé. Soupira le blond tandis que le brun revenait vers lui en un rire pour encore l'enlacer.
-Laisses-moi rester jusqu'à ce que tu t'en souviennes.
-Je l'oublierai, pour que tu restes là toujours, me rappelant seulement combien j'aime ta compagnie.
-Et je resterais là pour que tu l'oublies toujours, oubliant moi-même que ma demeure est ailleurs. »
Ils s'enlacèrent, encore, une dernière fois pour qu'un appel retentissent et que le brun ne parte avec une dernière promesse, parce qu'il leur tardait déjà de se revoir. Keigo sortit de derrière la tenture discrètement, observant la jeune princesse sermonner son frère, qui d'une remarque lui fit comprendre qu'il était occupé tout en la taquinant gentiment alors que celle-ci, les joues rougies, lui demandait d'être moins caustique, sous son rire qui faisait battre le cœur du blond. Il lui tardait déjà d'être à demain.
« Mille fois bonne nuit. »
Bon ! Je me suis emballée sur ce thème. Auriez-vous reconnu la pièce dont est tiré les dialogues et la légende de la reine Mab ? Oui, il s'agit de Roméo et Juliette. Je suis en étude d'art théâtral, et j'ai vu Roméo plus Juliette hier soir, donc autant dire que je me suis sentie envahit par les paroles de Shakespeare ! J'espère que redécouvrir ce texte magnifique vous aura touché et plut. J'ai essayé de l'adapter à nos deux oiseaux de nuit et je trouve que le contexte de la Fantasy s'y prêtait bien. Qu'en avez-vous pensé ? J'espère que ce n'est pas trop mielleux pour eux. Pour moi, la passion résume Roméo et Juliette, et c'est à mon sens la même passion destructrice qui embrase généralement ces deux personnages. J'ai essayé d'adapter comme je le pouvais, changeant même ma façon d'écrire, un peu. En espérant que ça n'a pas été trop lourd pour vous, cela dit ! En tout cas, j'ai prit grand plaisir à l'écrire et vous faire partager la beauté de ce texte, qui même sans être dans sa langue d'origine et aux multiples traductions différentes, n'en reste pas moins sublime à chaque fois. Le théâtre et surtout Roméo et Juliette, est bien loin de la niaiserie que l'on pense habituellement en cours de français, et je n'ai jamais autant découvert la majesté des textes et leurs sens cachés qu'en les jouant. Car l'amour, même pour l'époque, surtout pour l'époque, était autant synonymes de mental que de corps. Des passions entrainantes et destructrice. Je vous inviterai toujours à découvrir des textes issus du théâtre, qu'il soit classique et contemporain et de ne pas les étudier en se disant quelles sont les figures de styles, mais plutôt en vous demandant ce qui a vraiment voulu être dit et de fouiner pour en découvrir les sens cachés. Car plus qu'une histoire d'amour fade, Roméo et Juliette représentent ce que veut dire un amour adolescent. Un amour rapide, intense, mais qui, s'ils étaient restés en vie, serait mort aussi vite qu'il n'est apparu. Car ce que fait la force d'un amour éternel pour ce couple, c'est d'être mort pour lui. Histoire de vous redonner un souvenir de ce couple mythique que l'on affectionne pas toujours assez.
Alors? Qu'avez-vous pensé de cette case? Dites-moi tout, et sinon je vous dit à demain pour la prochaine histoire!
Sica
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Calendrier de l'Avant
HumorParce que l'on a tendance à l'oublier, noël arrive avec ses cadeaux, ses chocolats et ses fêtes de famille qui je l'espère pour tous, seront réjouissantes. En attendant ces beaux jours, je vous propose un petit calendrier de l'avant avec pour couple...