Coton

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Du coton, c'était comme flotter et progresser comme du coton, l'on se sentait lourd et léger à la fois, détendu et nauséeux et Keigo ne pourrait dire s'il aimait ça ou pas. Il ne sentit pas le sol rencontrer son dos ni même la chaleur des flammes et le liquide qui s'éparpillait de l'arrière de son crâne et dans son dos. Il ne le sentait même pas quitter son corps. Le regard flou, il admirait le soleil au zénith et ce ciel bleu devant lequel il avait sourit en ouvrant son bar le matin même.

Un ciel bleu, tellement bleu. Puis, soudain, deux orbes bleus. Il ne sentit qu'à peine son propre faible sourire. Dabi était là. Pourquoi ses yeux étaient si inquiets ? Il lui demandait quelque chose, mais le blond ne pouvait rien entendre, puis le vilain disparus de sa vue. Il eut un peu peur, il ne sut trop pourquoi mais son cœur déjà faible s'alarmait de le voir s'en aller. Il voulu tourner la tête mais sentit qu'on le prenait et soudain, sa tête reposait sur une surface plus moelleuse encore que le sol. Le visage de Dabi revint et Keigo eut un tout petit rire d'enfant en constatant qu'il était à l'envers par rapport au sien. La main du blond se releva et il eut un sursaut lorsqu'elle rencontra une larme de sang et qu'il sentit le liquide chaud s'écraser tout contre sa joue, tandis que sa main à lui caressait sa peau mutilée. Le brun prit sa main dans la sienne et l'embrassa comme-ci sa vie en dépendait et juste comme ça, il sut ce qui lui arrivait.

Le coton était entrain de l'emmener. Il eut un étirement de lèvre contrit et voulu le rassurer, lui dir que tout allait bien se passer. C'est ce qu'il fit, sûrement, seul résonnait une longue ligne d'ultra son dans son oreille et il ne savait même plus ce qu'il disait. Le brun eut un hoquet de douleur et Keigo sut qu'il avait bien prononcé les mots qu'il pensait. Le bruit sourd d'une supplication douloureuse vint à son oreille. Mais il n'y pouvait rien. Tout ce que pouvait faire le partant était de rassurer le restant. Tout se passerait bien et il le surveillerait de là haut. Mais le brun ne semblait pas l'entendre de cette oreille et le suppliait encore et toujours de ne pas s'en aller, de ne pas le laisser.

« Je t'aime. »

Cette phrase, elle dépassa les autres et Keigo sentit les larmes rouler sur ses joues alors qu'il sentait les lèvres du brun contre les siennes. Puis, alors que le goût du sel et du sang se mêlait à leur langue, Keigo se sentit partir dans l'obscurité de ce coton noir qui l'appelait et dans son dos, la chaleur grimpait. Elle grimpait dangereusement.

Ce fut un « bip » régulier qui lui fit à demi ouvrir les yeux. Il ne voyait pas grand chose. Du blanc, juste du blanc. Sa tête lui faisait mal par contre et ses muscles engourdit lui faisaient bien sentir que se redresser comme il cherchait à le faire était sûrement la pire idée qui soit. Pourtant, il tenta le mouvement et alors qu'il cherchait une bonne prise de sa main, il en sentit une autre blessée. Ou plutôt, un avant bras brulé. Ses yeux s'ouvrirent totalement et il sentit son cœur battre à pleine vitesse. Il tourna la tête et sentit son être entier se rassurer. Touya était là. Touya le veillait. Touya dormait à son chevet. Touya lui avait dit qu'il l'aimait. Il ne se souvenait pas de tout, mais des mots de Touya, il s'en rappelait.

Tendrement, il caressa le bras de son pouce et ne chercha plus à se redresser. Il était bien là, dans cet hopital après avoir défié la mort comme un gros con. Il soupira. Il ne pourrait plus retourner au bar, ni à l'appartement après ça. Les héros l'avaient identifiés comme l'amant de Dabi. Super, il était bon pour la case prison ou au moins celle des aveux s'il voulait éviter la case prison. Il soupira et observa son amant. Sa main passa dans ses cheveux. Aussi blancs et doux que du coton, c'était bien ce qu'il pensait. Ses yeux vadrouillèrent sur ses plaies déjà existantes et il y perçu de nouvelles brulures qui remontait un peu plus sur sa main. S'était-il battu plus que de raison ? La folie, la furie l'avaient-elles emportées ? S'était-il arrêté en constatant qu'il était encore en vie ? D'ailleurs, où se trouvaient-ils ? Un hôpital du centre ville ? Impossible, il serait encerclé de héros si cela avait été le cas. Il tourna la tête et vit un épais tuyau et quelques traces de crasse. Immédiatement, son corps entier se mit à stresser et il se sentit suffoquer quand l'électrocardiogramme se mit à s'exciter et hurler dans tous les sens. Dabi se réveilla en sursaut, capta son regard d'ambre et dans la pièce arriva tout sauf un médecin compétant.

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