Chapitre 16.

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Il crut que son cœur allait manquer un battement. Déesse, comme elle était belle. Vêtue d'une robe violette, fendue jusqu'à la cuisse de chaque côté et qui lui arrivait au pied, elle avait les mains attachées au-dessus de la tête, sur ce qui semblait être un poteau en fer.

— Non de dieu ! s'exclama le présentateur. Ben ça alors ! On m'avait promis une proie et voilà une femme ! on me dit que cette esquisse créature est une changeline proie, une biche qui plus est...

Tarik cessa d'écouter alors qu'il continuait de déblatérer des conneries sur l'instinct de tueur et émettait des théories fumeuses pour savoir s'il allait la tuer ou la prendre. Il était incapable de détacher son regard des yeux bruns de Nahila. Ses yeux qui ne savaient pas cacher ses émotions. Il y avait d'abord eu de la terreur, mais pas pour lui, puis du soulagement lorsqu'elle l'avait reconnu, ensuite ils s'étaient brouillés de larme et elle avait ouvert la bouche, comme pour dire quelque chose, mais ses mots s'étaient noyés dans le brouhaha infernal de la foule.

Il fit plusieurs pas en arrière, comme frappé, incapable de se souvenir pourquoi il voulait la tuer. À cet instant, elle était la plus belle créature qu'il n'avait jamais vue... et tout le monde la regardait, personne ne manquait un centimètre de morceau de peau brune exposé par cette robe aussi jolie que révélatrice.

Les quatre murs de la cage tombèrent soudain et les soldats s'en allèrent.

À sa merci.

Il s'approcha, lentement, comme un prédateur s'approche d'une proie. Elle était calme, le dévisageait avec une certaine résignation, comme si elle savait qu'il allait la tuer. C'était comme si le reste du monde disparaissait, il n'y avait plus qu'elle et lui, au milieu de cette arène, la foule s'était tue. Ou alors peut-être qu'il était devenu sourd. Déesse, comme il s'en fichait. Il se trouva tout près d'elle. Il la haïssait. Il était fou amoureux d'elle.

Il tomba à genoux et posa alors son visage contre son ventre. Elle sursauta, un frisson la parcourut alors qu'il enroulait un bras autour de sa taille pour la presser contre lui. Elle remonta légèrement une jambe lorsqu'il passa la main sur sa cuisse. Sa peau était douce, un autre l'avait-il touché ? Elle sentait la forêt et le parfum humain, mais aucune odeur de mâle. Il ferma les yeux. Elle l'avait trahi.

Ses griffes s'enfoncèrent soudain dans la peau tendre de sa cuisse et elle poussa un cri déchirant en ruant sous lui. Il se souvint que les gardes ne lui avaient pas fait d'injection ce matin-là. Il pouvait probablement se transformer à moitié pour la déchiqueter de ses griffes et de ses crocs. Quel spectacle il donnerait là !

Il se leva pour lui faire face, toute sa colère remontant à la surface. Cette femelle vicieuse qui s'était introduite dans sa vie dans le seul but de le trahir.

— Ce n'est pas ce que tu crois ! hurla-t-elle pour se faire entendre malgré les protestations virulentes de la foule.

Ils voulaient du spectacle ? Qu'ils aillent tous se faire foutre. Il serra sa main autour de la gorge de Nahila pour l'empêcher de se justifier. Merde, s'il la laissait dire un mot de plus il serait suffisamment pathétique pour boire tous ses mensonges, pourvut qu'elle lui dise qu'elles ne les avaient pas trahis. Il l'aurait cru, il ne serait pas allé plus loin que la plus simple des explications.

Il se haïssait alors que son point de serrait davantage sur cette gorge gracile et que le visage de la jeune femme pâlit, que sa bouche s'entrouvrait en quête d'air, que ses lèvres devenait bleu. Il allait achever proprement sa vie, l'asphyxie n'était pas la meilleure manière de mourir, mais elle avait le mérite de n'offrir aucun spectacle. Elle ne serait pas une distraction morbide dans les jeux odieux de Lord Arthus.

Elle garda ses yeux rivés sur lui, mais il savait que cette fois-ci, il ne s'arrêterait pas. Elle ne le supplia pas de le faire, elle semblait s'excuser du regard alors même qu'aucun mot ne pouvait franchir sa trachée obstruée.

Et le monde devint un enfer.

Le souffle d'une puissante explosion le projeta en arrière, soulevant des montagnes de sable. Il heurta durement l'un des murets en pierre des gradins et il eut l'impression que l'air ne pouvait plus entrer dans ses poumons alors qu'un second souffle brûlant s'abattait sur lui. Le monde autour de lui était devenu un bruit strident, ses oreilles de félin ayant très peu apprécié le choc initial.

— Tarik ? Tarik ! baragouina une voix qui semblait terriblement lointaine.

Kana se pencha sur lui, elle avait du sang qui coulait sur un côté de son visage et ses vêtements étaient partiellement déchirés.

— Faut qu'on y aille ! maintenant.

OK, très bien. Se relevant difficilement, il chancela, son oreille interne complètement déboussoler, il s'autorisa à s'appuyer sur la vipère. L'arène était en feu, la seconde explosion avait dû être celle d'un accélérateur.

Nahila.

Soudain inquiète, la panthère s'arrêta et regarda autour d'elle à la recherche de sa proie. Elle était à quelque mettre, étendu sur le ventre, inconsciente, les poignets encore liés malgré le fait que le poteau en métal n'était nulle part en vue.

— Laisse cette chienne crever, Tarik, il faut qu'on sorte ! gronda Kana en essayant de le tirer vers la sortie.

Déjà les gardes semblaient reprendre leur esprit et se rassemblaient pour essayer de les empêcher de s'enfuir.

— Comment...

Le mâle aurait aimé savoir comme Kana savait pour la trahison de Nahila.

— Elle nous la dit, coupa la vipère en tentant de l'entraîner.

Tarik se dégagea pour se diriger vers le corps inerte de la petite biche. L'adrénaline commençait à faire effet et il réussit à la soulever pour la hisser sur son dos.

— On ne laisse personne derrière, grogna-t-il sous l'effort.

Et ensemble, ils sortirent par le troue immense creusé dans le mur par l'explosion.

Proie&Prédateur - La Biche et la PanthèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant