Chapitre 12.

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Tarik fusilla le médecin du regard alors que celui-ci lui assurait qu'il n'avait rien de cassé. Il l'aurait volontiers bouffé tout cru, malheureusement la demi-douzaine de garde derrière lui gardait leur arme braquée sur sa tête pour le déconseiller de faire le con.

Sa blessure était handicapante, mais comme toujours il apprendrait à faire avec. Ses crochets du gauche allaient juste devoir être plus perfectionné le temps qu'il puisse se servir correctement de sa main.

En plus d'avoir passé une nuit pourrit, sa journée s'annonçait pire encore. Dans quelques jours, les festivités commenceraient, les combattants se voyait donc donner un « mentor » humain pour les entraîner à être les meilleurs. Le siens était toujours le même Rika Smith était un parfait connard, mais il savait ce qu'il faisait. C'était grâce à lui qu'il avait survécu aux premiers jeux, quand il était arrivé là, encore jeune et con. Les jeux n'étaient pas systématiquement mortel, bien entendu, mais il pouvait être d'une violence inouïe.

Depuis combien de temps pourrissait-il dans cette prison ? il avait tué plus d'homme qu'il n'aurait pensée pouvoir le supporté, dans ces arènes de malheur. Trop pour une vie, et pourtant il savait que ça ne faisait que commencer. Ce seraient ses derniers jeux, après ça, sa vengeance s'abattrait sur l'humanité tout entière jusqu'à ce que la mort vienne le chercher à son tour. Il savait qu'il était une âme perdue, et lorsqu'une panthère n'a plus rien à perdre, elle peut devenir vraiment très dangereuse.

Son retour dans sa cellule après une douche mérité fut éprouvant. Sa main le lançait, mais sa mâchoire aussi, là où un foutu changelin l'avait frappé un peu trop fort, et il avait des bleues énorme aux côtes. Être blesser ne le réussissait pas. Mieux valait pour Nahila qu'elle ne recommence par son cirque, car il n'était pas certain d'avoir envie de refrapper dans le mur pour rester tranquille et il ignorait jusqu'où pourrait le pousser sa faim de contact.

Cette faim si dévorante qu'il avait presque – presque – réussit à enterrer totalement et qui était revenu à la surface avec brutalité la veille lorsqu'il l'avait senti tout contre lui.

Bordel ! ce qu'il donnerait pour pouvoir se loger entre les cuisses chaude et consentante d'une belle femme.

L'image de Nahila s'imposa à son esprit, avec ce même visage de désir douloureux qu'elle avait affiché la veille, mais cette fois ci entièrement nue. Tarik jura de nouveau et commença à faire les cents pas dans sa cellule. Il en avait fait presque cinquante fois le tour lorsqu'il sentit l'odeur de la jeune femme pas très loin, signe qu'elle arrivait vers eux.

Et en effet, quelque seconde plus tard elle apparaissait, entourer des mêmes gardes que la dernière fois, mais cette fois ci vêtue d'une robe si courte que ça frisait la vulgarité. Elle marchait en regardant part terre, visiblement mal à l'aise d'être le centre d'attention des autres prisonniers qui la sifflaient comme des animaux.

Peut être que finalement il n'allait pas laisser les autres quitter cette prison et qu'il allait fuir avec seulement Kana. Et peut être Julyam et son loup, si les deux fous avaient assez de force.

Quand elle arriva au niveau de la cellule, Nahila releva la tête vers lui et à peine la porte fut-elle ouverte qu'elle faussa compagnie à ses gardes avant même qu'ils puissent l'attraper pour lui injecter une dose de drogue. Elle fonça droit vers lui.

Intérieurement, Tarik du se rappeler qu'il était mille fois plus dangereux que les hommes que Nahila fuyait. C'était limite vexant comme comportement. Mais il n'y fit pas attention très longtemps, la jeune femme le contourna pour venir se blottir contre son dos.

— Ne les laisse pas recommencer, je t'en prie, Tarik, je ne veux pas de nouveau être droguée.

La honte contenue dans ses paroles lui indiqua qu'elle avait un souvenir accru de la nuit dernière.

D'un simple regard, il défia les soldats de venir chercher sa petite biche. Ils furent malheureusement bien plus intelligents que la veille et lâchèrent l'affaire sans même essayer.

— Laissez tomber, grogna l'un deux. Venez, on garde la seringue pour cette putain qui nous à mal parlé...

Tarik attendit qu'ils s'en aille avant de se tourner vers Nahila.

— Je suis plus dangereux qu'eux, tu sais ?

Elle rougit en se mordillant la lèvre inférieur. Le regard du mâle se posa sur cette partie voluptueuse de son corps. Il se força à détourner le regard.

— Désolée, marmonna-t-elle, je ... te trouve moins effrayant qu'eux.

— C'est franchement vexant, souffla-t-il.

Alors pourquoi ressentait-il cette chaleur dans sa poitrine ? ah ! merde ! en voilà une mauvaise idée. Il tenta de chasser la sensation en allant s'allonger sur la pierre. Nahila resta en retrait.

Il attendit quelque seconde avant d'ouvrir de nouveau les yeux et de lui lancer un regard agacé.

— Bon ? tu viens, les soldats vont bientôt repasser.

Elle prit une brusque inspiration mais n'hésita pas avant de grimper à son tour sur la dalle de pierre, l'enjambant pour venir se blottir dos au mur. Le coté le plus en sécurité de cette pauvre couchette, l'endroit où il la laissait volontairement dormir depuis qu'elle était arrivé.

— Dors maintenant, ordonna-t-il en fermant les yeux.

Mais instinctivement il garda une oreille ouverte, callée sur la respiration de la jeune femme. Ça y est, il était définitivement vexé ! il n'était pas un putain d'ours en peluche, pourquoi elle ne tremblait plus ? pire ! elle respirait sereinement, comme si elle s'apprêtait vraiment à dormir.

Gentille Biche, ronronna son félin.

Ta gueule.

Je l'aime bien.

Pas moi.

Menteur.

Dors.

Les jours qui suivirent se passèrent presque à l'identique. Le matin, Nahila lui était arrachée, elle ne se débattait plus désormais, elle lui avait avouer qu'on la mettait juste dans une pièce avec trois repas équilibrés par jour. Elle paraissait perplexe, mais Tarik lui voyait ça comme la nécessité de tenir en forme une femme qui servirait ultérieurement. Lui-même était mener à l'entraînement après un repas, puis douche et il rentrait avant Nahila. Celle-ci lui était rendu une heure après, parfois, les gardes réussissait à lui injecter leur foutu drogue, jamais ils ne se risquaient à s'approcher de lui pour faire de même. A vrai dire, c'est abrutis avait l'air bien content de garder la seconde dose pour eux.

A chaque fois, Tarik endormait Nahila avant que les effets ne s'activent. Mais au lieu de la garder éloigner de lui, il la berçait toute la nuit. Il avait remarqué que ça la calmait, et même s'il était plus frustré à chaque fois, c'était mieux que rien. Il réalisa aussi qu'il avait moins de mal qu'il ne le pensait à résister à la tentation, simplement la toucher était un tel plaisir. Sa peau était toute douce et il pouvait passé des heures à caresser ses boucles brunes. Mais d'autre fois, elle lui revenait les yeux dans le vague, et il savait qu'elle ne se souvenait plus de sa journée. Elle paraissait toujours dévastée, ça lui brisait le cœur.

Dans tout ça, une confiance s'instaura entre eux, la nuit, elle venait se blottir contre lui, bénéficiant de sa chaleur et de sa protection, le matin, ils se réveillaient un peu plus tôt et avait parfois le temps de discuter, ou juste de se regarder en chien en silence.

La confiance qu'elle lui accordait était aussi étonnante que douce. Mais aussi terrifiante, Tarik pour la première fois depuis vraiment longtemps, avait peur pour quelqu'un. Il flippait à l'idée qu'il lui arrive quelque chose de vraiment grave, il flippait à l'idée de ne pas réussir à la protéger, comme il n'avait pas réussi à protéger sa petite sœur.

Et un matin qu'elle ouvrait ses grands yeux brun et sourit doucement en le voyant, il comprit qu'il serait prêt à tout pour elle.

Merde.

Proie&Prédateur - La Biche et la PanthèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant