Au-delà des souvenirs

Chapitre 14*3

Le téléphone de Laura se met à sonner, elle décroche tout en scrutant les personnes se dirigeant vers la sortie, puis, tout en donnant des indications sur sa position, brandit le bras en l'air pour indiquer sa présence. Quelques secondes plus tard, elle est rejointe par une jeune fille aux longs cheveux blonds, ses doigts enlacés à ceux d'un brun bouclé aux yeux ambrés.

– Qu'est-ce qui se passe ? demande ce dernier à Laura.

– Sam ne peut pas s'empêcher de jouer les sauveurs. Visiblement, elle avait besoin d'aide, précise-t-elle d'un coup d'œil dans ma direction.

Les deux nouveaux arrivés me regardent furtivement, me laissant une impression de malaise. S'il y a bien quelque chose dont je me serais passé aujourd'hui, c'est d'attirer l'attention sur moi.

– On peut vous attendre vers la voiture, propose la jeune fille aux cheveux blonds, si vous avez besoin d'un peu de temps pour éclaircir tout ça. Ça te va Éric ? demande-t-elle en se tournant vers le concerné.

Il acquiesce, puis précise d'un air légèrement moqueur :

– J'espère simplement qu'il vous faudra moins d'une année, n'est-ce pas Julie !

– Si tu avais été plus coopératif dès le départ au lieu de faire le mystérieux... répond-elle un sourire malicieux sur les lèvres.

– C'est ce qui nous a rapproché.

– OK, un point pour toi !

Raphaël toise les quatre inconnus l'air de plus en plus agacé. Je suis totalement décontenancée devant leurs échanges. Ils ne semblent pas surpris par la situation, comme s'ils avaient déjà vécu quelque chose de similaire, pourtant, mis à part Sam, aucun d'eux ne m'accordent un réel intérêt.

– C'est tout bon Sam ou tu as quelque chose à rajouter ? le questionne Laura.

À l'évidence, sa compagne est en train de perdre patience. Sans même lui laisser l'occasion de répondre, elle l'attrape par le coude pour l'entraîner à sa suite.

– Bonne soirée, nous lance Éric.

– Et bonne chance surtout, ajoute Julie avant de déposer un baiser fugace sur les lèvres du jeune homme aux yeux dorés.

Ils s'éloignent tous les quatre, nous laissant désorientés. Juste avant de les perdre de vu, Sam se retourne pour nous lancer que notre relation ne pourra pas perdurer ainsi.

Raphaël blêmit à l'énonciation de ces derniers mots. Comme si le fait de les entendre d'une personne inconnue pouvait porter malheur. Dans mon cas, ce sont surtout ceux de sa partenaire qui m'ont troublée.

– Prêter secours aux âmes en peine.

Je répète cette phrase à voix haute plusieurs fois de suite jusqu'à ce que les mots n'aient plus aucun sens.

– Est-ce que tu crois...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase.

– Dépêchons-nous, ordonne Raphaël.

Il glisse son bras sous le mien, se dirige au dehors, nous entraîne dans la rue longeant la halle Tony Garnier grouillante de vendeurs à la sauvette et de fans chantonnant les paroles entendues au concert. L'air froid me frappe le visage comme une claque non méritée. Nous tournons dans la première rue à droite puis la seconde à gauche pour rejoindre celle où est garée la voiture de Raphaël. Les passants se font rares tandis que nous approchons de sa Peugeot. Il accélère son allure, son emprise sur mon bras se resserre m'incitant à maintenir le rythme. La promesse de retrouver l'espace clos, protecteur, bien qu'étroit nous encourage. Je tente de maintenir la cadence tandis que nous bifurquons dans la ruelle de notre destination.