Chapitre 14*1

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Au milieu de la foule, je tiens fermement la main de Raphaël qui tente de se frayer un chemin. Il n'a pas voulu me dire où nous nous rendions lorsque à peine arrivée chez lui, il s'est empressé de me spécifier de ne pas retirer mon manteau, tandis qu'il enfilait le sien suivi de ses chaussures. Il était déjà l'heure de partir. Mais partir où ? Bien entendu, je n'ai pas eu la réponse escomptée lorsque je lui ai demandé. La seule précision qu'il a bien voulu m'apporter, était qu'il y aurait beaucoup de monde.

En effet, c'est le moins que l'on puisse dire.

Tout au long du trajet, Raphaël était surexcité, tel un enfant qui s'apprête à rencontrer le père Noël ! Je n'ai eu de cesse de lui demander pourquoi il semblait si impatient, jamais il n'a précisé la raison de cet enthousiasme.

– Quand tu auras deviné, tu seras dans le même état que moi.

Au fur et à mesure que nous nous faufilons parmi la foule, je reconnais le bâtiment qui se dresse devant nous : La halle Tony Garnier. Nous sommes à Lyon sans doute prêts à assister à un spectacle ou un concert. J'ignore quel jour nous sommes, il m'est donc impossible de m'aider des affiches listant les concerts et spectacles à venir placardées sur les murs.

Un nom pourtant attire mon regard, celui de Imagine Dragons, ce groupe que nous désirons voir tous les deux depuis des années. Je n'ose pas demander à Raphaël si nous allons bien assister à ce concert de peur d'attirer les regards curieux s'il daignait me répondre, chose qui me semble peu probable dans tous les cas. Il a su me prouver à plusieurs reprises sa détermination à ne rien lâcher s'il n'était pas décidé à le faire. La file d'attente semble interminable, je suis tentée de demander aux personnes ce qu'elles attendent, en sachant pertinemment qu'aucune d'entre elles ne me répondra. Arrivés au bout de la queue, nous prenons place derrière un couple légèrement plus jeune que nous tandis que des dizaines d'autres personnes viennent à leur tour agrandir la file.

La nuit tombe doucement, le froid s'accentue, ma main est toujours glissée dans celle de Raphaël qui me regarde sourire en coin, silencieux, l'air malicieux. J'ai déjà eu l'occasion de croiser ce regard, toutes les fois où je m'apprête à découvrir quelque chose qu'il a soigneusement préparé pour moi. Pour l'instant, je ne peux qu'espérer qu'il s'agit bien d'un de mes groupes préférés que nous nous apprêtons à voir. Les chances de me tromper sont infimes, mais je préfère rester prudente, ne pas me réjouir trop tôt. Un petit groupe de trentenaires, proche de l'entrée se met à fredonner l'air de « It's time » chassant mon dernier doute sur le concert à venir. Je pousse un cri de joie avant de déposer un baiser sur la joue de Raphaël. Son sourire s'agrandit, toutefois il se retient de faire le moindre commentaire. Trop de personnes se compressent de tous côtés, en revanche, ses yeux parlent pour lui.

Encore une fois, il a vu juste. L'allégresse qui s'empare de mon corps est incontrôlable. Je la laisse s'échapper en une multitude de cris perçants. Les occasions pour exprimer mes émotions sont de plus en plus fréquentes depuis que Raphaël partage ma vie. Il n'en est pas à sa première surprise.

– Je comprends pourquoi tu étais si impatient maintenant, dis-je sans aucune retenue.

Il se contente de hocher la tête discrètement, referme sa main un peu plus fort sur mes doigts puis se met à chantonner à son tour les paroles de notre groupe favori. Je trépigne d'impatience, son exaltation ne tarde pas à m'enivrer, je me mets à fredonner bientôt accompagnée par les personnes autour de nous. Lorsque enfin nous commençons à avancer, des soupirs de soulagement se font entendre.

Nous gagnons la fosse déjà envahie par les fans les plus courageux présents depuis le matin, en parvenant tout de même à trouver un emplacement proche de la scène. J'ai du mal à contenir mon enthousiasme, je fais part de tout ce que je ressens à Raphaël, frustrée qu'il ne puisse me répondre autrement que par de simples hochements de tête ou sourire voire encore par un resserrement de sa main sur la mienne. Il sera sûrement plus facile pour lui de me répondre lorsque le concert aura commencé, la foule sera bien trop absorbée par le show pour se préoccuper de nos échanges quelque peu étranges.

Au-delà des souvenirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant