NoMercy : Entre Ombres Et Lumière

💫• Chapitre 33 : La cavale

Krom

Dans un silence presque palpable, mes yeux scrutent les ondulations délicates de l'eau claire qui viennent caresser mes jambes. Mes pieds sont fermement enracinés dans le sol, attendant patiemment le moment propice pour agir.

D'un geste vif et précis, je transperce le poisson qui tournoyait autour de moi depuis quelques instants. Fier de ma prise du jour, je recule lentement pour regagner notre abri.

J'espère qu'il ira mieux avec ça.

Il y a maintenant plus d'une semaine qu'Elryc et moi vivons dans la forêt. Enfin, "vivre" est un grand mot, notre situation est plus devenue une question de survie qu'autre chose. Lors de notre chute, j'ai instinctivement protégé mon ami, absorbant le choc de l'impact avec mon dos. Bien que je ne voulais pas l'admettre, mes blessures étaient bien plus graves que je ne le pensais.

Mais heureusement, l'Elf veillait sur moi. Grâce à ses connaissances en soins et en guérison à base de plantes médicinales, j'ai rapidement repris des forces.

Malheureusement, depuis hier, il se sent faible. Il ne sait pas exactement ce qui ne va pas, et je me sens impuissant quant à la manière de l'aider. Même s'il ne l'exprime pas ouvertement, je peux voir que cette situation lui pèse énormément. Il est préoccupé pour Dhara et sûrement Faÿ.

Pour notre avenir aussi.

Arrivé devant la grotte, le lierre qui dissimulait l'entrée se retire de lui-même, me permettant de pénétrer entre les murs sombres avant de se refermer silencieusement derrière moi. Je poursuis mon chemin dans l'obscurité, désormais habitué au parcours.

Une fois arrivé au fond, la verdure se retire à nouveau, révélant une petite clairière. De grands arbres s'étirent vers le ciel, une source d'eau cristalline murmure paisiblement, et de la mousse recouvre le sol. C'est exactement ce dont nous avions besoin.

Un peu plus loin, le blondinet au teint pâle caresse Hippie, allongée dans ses bras. Quand il entend mon arrivée, il relève la tête et affiche un petit sourire crispé.

- J'ai ramené du poisson. Je vais faire une soupe, tu devrais te reposer un petit peu.

- Non, ne t'inquiète pas ! s'exclame-t-il en essayant de masquer son état. Je vais bien, ça doit juste être un petit rhume ou un coup de mou. Hippie nous a ramené des fruits, si tu veux.

Son ton, malgré ses mots rassurants, trahit une certaine fatigue. Je peux voir dans ses yeux une lueur d'inquiétude qu'il tente vainement de dissimuler. Ses épaules affaissées et ses gestes plus lents qu'à l'accoutumée ne trompent personne.

En entendant son nom, l'animal ouvre les yeux, observe Elryc puis se rendort en se blottissant un peu plus dans ses bras.

Elle est trop à l'aise, celle-là.

Alors que je m'applique à remplir délicatement un récipient en terre cuite d'eau claire provenant de notre source cristalline, mes gestes se mêlent à la douce brise de la forêt. Je prends le temps de sélectionner avec soin les plantes qu'il a désignées comme indispensables à notre cuisine improvisée. Leurs arômes frais embaument l'air. Parallèlement, le poisson fraîchement pêché gît à côté de moi, attendant d'être transformé en un festin délicieux pour notre repas du soir.

Le silence qui règne n'est pas oppressant, mais plutôt chargé de secrets. Personne n'ose vraiment aborder les sujets importants. Depuis notre fuite, nous nous efforçons de faire comme si rien ne s'était passé.

- Krom ?

Sans émettre de réponse, je plonge mon regard dans le sien, attendant qu'il poursuive.

Tout en triturant ses doigts, il m'observe, visiblement gêné. Je relève un sourcil, attendant qu'il poursuive.