💫• Chapitre 48 : Poudre mortelle

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Kara

Deux Lunes. Chaque jour semble être une épreuve, une lutte contre un vide intérieur que je peine à combler. Malgré ma proximité grandissante avec le Roi des Ombres, je me sens étrangement déconnectée, comme si chaque pas vers lui m'éloignait un peu plus de moi-même. Les murs sont devenus mes seuls témoins, écoutant en silence mes pensées les plus sombres et mes craintes les plus profondes.

L'absence d'Ilhenn et d'Arazäl est un poids lourd à porter, comme un gouffre béant dans mon existence déjà marquée par la solitude. Leurs voix résonnent dans ma mémoire, leur absence se matérialise dans chaque recoin de ce château qui semble désormais vide sans eux.

La tension dans les couloirs est palpable, annonçant une tempête imminente. Chacun retient son souffle, pris dans l'étau de l'anticipation de la Grande Guerre qui menace de tout engloutir. Et au milieu de ce chaos, Rhagaël erre tel un spectre tourmenté, son esprit prisonnier de démons qui le dévorent de l'intérieur.

Dans cet univers en perpétuelle agitation, je lutte pour préserver ma propre intégrité, cherchant désespérément un refuge dans les dédales de mes propres pensées tourmentées.

Le miroir brisé en face de moi reflète un ensemble de fragments éparpillés, une symphonie de reflets déformés qui ne parviennent pas à capturer la réalité de mon être. Je reste là, immobile, fixant le chaos de verre et de métal qui tente désespérément de me montrer qui je suis vraiment.

Pourtant, je ne veux pas savoir. Je crains de découvrir l'image déformée, la vision monstrueuse de moi-même que je soupçonne déjà. C'est comme si chaque éclat de verre évoquait un morceau de ma propre déchéance, une fracture dans mon identité que je refuse d'accepter.

Assise là, dans l'obscurité feutrée de ma chambre, je me laisse emporter par l'illusion du vide, refusant de confronter la réalité de mon apparence. Car dans ce miroir brisé, je ne vois pas seulement des fragments de verre, mais aussi des morceaux éparpillés de mon âme tourmentée, des reflets de mes peurs et de mes insécurités les plus profondes. Et je crains que si je m'y plonge trop profondément, je ne puisse jamais retrouver le chemin de la lumière.

Les coups insistants à ma porte me ramènent brutalement à la réalité. Je me lève, me traînant presque, et ouvre la porte pour trouver un soldat qui m'annonce que le Roi demande ma présence aux fontaines. Pas de préambule, pas de politesse superflue, juste un message direct.

Je referme la porte derrière moi et me hâte de revêtir une tenue formelle. Plus comme un automatisme que par réel désir de paraître bien. Depuis que mon visage a été à nouveau marqué, j'ai abandonné tout espoir de retrouver ma beauté passée. L'effort pour paraître présentable me semble désormais futile, une perte de temps vaine et dérisoire.

Je me déplace machinalement jusqu'aux fontaines, mes pensées tourbillonnant dans ma tête. Mais dès que Rhagaël entre dans mon champ de vision, quelque chose en moi s'éveille. Une sensation de bien-être et de joie envahit soudain mon être.

- Te voilà, ma douce Kara, murmure-t-il d'une voix suave en me tendant sa main délicate.

Lorsque ma main rencontre la sienne, une étrange électricité semble circuler entre nous, créant un lien invisible mais tangible. Je suis irrésistiblement attirée vers lui alors qu'il m'entraîne doucement à sa rencontre. Cette proximité soudaine me déstabilise, et je sens une chaleur inexplicable monter de mes joues à mon cœur.

NoMercy : Entre Ombres Et Lumière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant