Una avait le cœur brisé. La rupture datait de quatre mois déjà mais elle gardait ce trou dans son cœur que Luke avait causé. Ce n’était pas tellement à cause de la séparation d’ailleurs. C’était Una qui avait rompu. Mais tous les mots de Luke lui restaient en tête. Ses cris, lorsqu’elle l’appelait au bon milieu de la nuit, en larmes, suite à une nouvelle dispute entre ses parents. Ses critiques concernant le poids qu’elle avait légèrement pris. Son mépris lorsqu’elle osait enfiler une robe un peu trop courte ou une tenue moulante. Elle n’était jamais assez bien. Jamais assez jolie, intelligente ou intéressante. Elle était le défaut de Luke, si elle en croyait ses dires. Et encore maintenant, elle entendait sa voix rauque lui hurler combien elle était pitoyable à se morfondre sur elle-même. Mais Una ne pouvait pas faire autrement. Luke l’avait brisé quelque part. Et Michael, son frère, il la voyait se renfermer, redevenir cette fillette qui n’avait pas confiance en elle quelques années plus tôt. Mais aujourd’hui, il en avait assez des mélodies au piano qu’elle répétait sans cesse, toujours plus lentes.
- Ca suffit maintenant ! Hurla le garçon aux cheveux roses en entrant dans la chambre.
Una le regarda, médusée. Elle laissa ses mains en suspens et regarda son frère poser une guitare à côté d’elle alors que lui venait s’asseoir en tailleur sur son lit, attendant qu’elle joue un morceau. Mais Una ne pouvait pas. Parce que cette guitare symbolisait son histoire avec Luke. C’était à cause de cet instrument qu’ils s’étaient rencontrés lors d’une soirée dans un bar, alors qu’Una venait présenter ses compositions et que Luke venait boire un verre avec des amis. Il ne l’avait pas remarqué. Elle par contre, si. Elle ne voyait que lui avec son piercing à la lèvre et ses cheveux blonds parfaitement coiffés. Il portait une chemise bleue, Una s’en souvenait encore – surtout parce qu’elle avait renversé sa bière dessus et qu’il l’avait traité de tous les noms. Plus tard, il était revenu vers elle. Confiant. Plein d’assurance. Il lui avait dit, dans un souffle, « Je t’emmène danser ». Et Una, elle avait hoché la tête, ne pouvant faire que ça, hypnotisée par le charme de Luke.
- Tu joues, maintenant, lança Michael, plus sérieux que jamais. Je m’en fou de savoir qui était ce mec mais il mérite pas que tu te mettes dans un état pareil. C’était un connard, il t’a fait du mal mais maintenant, remonte la pente et chante une putain de chanson qui lui brisera le cœur, comme lui a brisé le tien.
Una posa ses mains tremblantes sur ses cuisses, le piano toujours en face d’elle alors que sa guitare à droite lui faisait de l’œil. Elle avait si peur. De ne pas ressentir, surtout. Que si elle s’emparait de l’instrument, elle n’était pas certaine de savoir encore jouer avec son âme. La musique, c’était la seule chose qui lui restait vraiment, la seule chose qui la faisait se sentir bien et que personne ne pourrait lui voler. Pas même Luke. Il avait essayé pourtant, en la rabaissant. Mais Una, si elle ne croyait pas en elle, elle croyait en la magie des notes qu’elle savait contrôler à chaque fois qu’elle pinçait les cordes de sa guitare.
Alors, d’une main tremblante, elle s’empara de l’instrument et accorda sa guitare avant de se mettre à jouer cette chanson qui le trottait dans la tête depuis un moment déjà. Quatre mois, exactement, quand elle avait décidé de quitter Luke et sa méchanceté maladive.
- You, have pointed out my flaws again, as if I don't already see them.
Elle savait qu’il avait été blessé par le passé, il lui avait dit un soir, alors qu’il avait trop bu. Son père, lui semblait-il. Peut-être ne connaissait-il que le ton dur et tranchant de la voix de son paternel mais pourquoi décidait-il d’agir comme ce dernier ? Pourquoi n’avait-il pas pris la peine d’aimer Una comme elle le méritait ?
- I bet you got pushed around, somebody made you cold but the cycle ends right now.
Leur histoire aurait pu être différente, terminer d’une autre manière. Ils auraient pu être d’autres personnes. Mais Una restait l’antilope qui se faisait dévorer par le lion. Et Luke, il était cet agneau qui ne montrait que la partie sombre de sa personnalité. La seule qui possédait, sans doute.
- All you are is mean.
Plus Michael regardait sa sœur, plus elle le rendait fière de lui. Au fond d’elle, elle possédait cette force qui l’impressionnait. Lui, il n’était pas souvent là, trop occupé à vivre sa vie d’artiste. Mais elle, elle restait à la maison à réparer les pots cassés, lorsque les vases ne volaient pas en éclat. Elle était tellement plus que ce qu’elle prétendait être, Una.
- And a liar…
Puis d’un coup, Michael repensa au dernier petit-ami de sa sœur.
- And pathetic…
Et à la dernière copine de son meilleur ami.
- And alone in life…
Et alors qu’Una récitait les dernières paroles de sa chanson, Michael se rappela des derniers messages qu’avaient échangé son meilleur ami avec sa petite-amie. Una. Comme sa sœur. Qui sortait avec un Luke. « Et merde… »
And mean, and mean, and mean.
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One shot.
Fanfiction"To me, fearless is not the absense of fear. It's not being completely unafraid. To me, fearless is having fears. Fearless is having doubts. Lots of them. To me, fearless is living in spite of those things that scare you to death."