Et on se retrouvait là, sur le tarmac de l’aéroport Charles de Gaulle, à regarder ces foutus avions que tu admires et que je déteste. Avant, ils me faisaient rêver. Je les regardais et je pensais à tous ces voyages qui s’offraient à moi, à toutes ces vies que j’aurais pu vivre à Hong Kong ou à Belfast. Quand plus rien n’allait, il me suffisait de lever les yeux au ciel et à me dire que quelque part, une vie était faite pour moi. Et puis, j’ai rencontré Harry. Et il m’a fait voyager. De partout. Avant de se mettre à m’abandonner dans les aéroports de villes différentes. Jamais les mêmes. Il était toujours en mouvement, toujours occupé avec son groupe, à vivre de sa passion pour la musique et à se faire admirer par toutes ces personnes…
- Eileen, m’appela-t-il.
Je tournai la tête en sa direction et à son regard, je compris qu’il était temps qu’il s’en aille. Les portes de son vol avaient été ouvertes et il attendait que je lui dise au revoir. Harry posa brièvement ses lèvres sur ma bouche et me souffla quelques mots doux à l’oreille. Le meilleur moment, c’était l’accolade qui suivait. Parce que j’avais toujours préféré les câlins à tous les autres preuves d’amour et Harry l’avait rapidement compris. Sauf que s’il me connaissait si bien, il ne m’aurait pas laissé aussi lâchement, au milieu de milliers de voyages, à éviter les flash des possibles fans présents et à détester ces putains d’avion et ce qu’ils représentaient.
- Je ne t’oublie pas, ajouta Harry alors que je sentais déjà les larmes chatouiller mes yeux. Je reviens vite.
Mais ce fût trop pour moi et alors qu’il s’avançait jusqu’à la porte d’embarquement, je me mis à pleurer doucement. J’essayai tant bien que mal de chasser mes larmes mais elles revenaient toujours plus nombreuses. Et je sentis deux bras se refermer autour de moi, son parfum s’infiltrant dans mes narines alors que mon cœur se gonflait d’amour.
- Je t’aime si fort…
Je resserrai mon étreinte autour de lui et souris. Et j’essayai de ne pas m’attacher à lui. Je répétai en boucle dans ma tête qu’il ne pourrait jamais rien avoir de sérieux entre nous, qu’il y aurait toujours un avion pour le séparer de moi mais doucement, je tombais. Je tombais encore et encore. Et mon cœur se brisa d’avantage quand je vis son avion décollé, l’emportant toujours plus loin de moi.
*
Je l’imaginais dans les rues de New York, à héler un taxi, à jouer les touristes dans une ville que je rêvais de visiter. Je l’imaginais dans les rues bonder à croiser ses fanatiques, à leur parler, à échanger sur le temps qui passe et sa personnalité qui ne change pas. Harry avait toujours été quelqu’un de bien et c’était d’autant plus dur de le détester de me laisser ici, en France, loin de moi et loin de notre histoire. Je le voyais s’épanouir sur des photos, le voir plus souriant que jamais, porter des vêtements qui lui correspondaient plutôt que d’enfiler bêtement ce que la styliste lui préparait. Je le voyais toujours plus proche de Niall, devoir tenir la distance avec Louis alors que la vie continuait avec Liam et Zayn. Je voyais à quel point il aimait être sur scène et toute la puissance qui émanait de lui quand il chantait. Ca me faisait rire de le voir foirer ses notes et que quelques heures plus tard, il se moquait de lui au téléphone. Il était devenu si beau, si courageux. Et je lui disais ma fierté chaque matin, lorsque je l’appelais. C’était au bon milieu de la nuit aux Etats-Unis, je devais sans doute le réveiller, je l’entendais à sa voix rauque, mais il ne se plaignait jamais. Et doucement, il me chuchotait qu’il serait bientôt là. Et je lui disais, dans un souffle :
- Reviens… Sois là.
Et il me promettait de revenir, sans jamais le faire. Londres l’appelait à présent.
*
Londres, c’était moins loin. Deux heures en Eurostar d’ici. Il savait que mon appartement se trouvait à quelques rues de la gare du Nord. Quand il rentrait chez lui, il prenait toujours du temps pour venir me voir. Mais pas cette fois. Il n’avait pas même eu le temps de passer voir sa mère. Il me l’avait dit au téléphone. « Je suis là pour affaires », il disait. Et je comprenais. Sa carrière passait avant tout. Mais quel était la place de notre amour là-dedans ? Où était ma place à moi ? Et je continuais de le voir à la télévision, entendre son rire à travers un écran et à l’imaginer auprès de moi, quand la nuit tombait sur la ville et que je sentais les draps froids d’un lit vide.
Il m’appela tard dans la nuit, à son tour. Londres n’était pas si loin mais il ne m’avait pas demandé de venir. Il ne me demandait jamais de le rejoindre. Sauf que cette voix, j’entendis son souffle lorsque je décrochai et je continuai de feindre un bonheur qui ne pouvait pas exister sans sa présence :
- Comment ça va ? Londres est toujours aussi génial ? Je demandai, faussement enthousiaste.
- Je ne suis pas à Londres.
Je sortis mon corps de mes couvertures et ouvris la fenêtre de ma chambre. J’entendis les sirènes dans les rues, les bruits du bar d’en face, les jeunes qui criaient qu’ils étaient jeunes et immortels. Je regardais sous ma fenêtre, espérant le trouver au pied de mon immeuble. Mais la rue était trop peu éclairée et ma vision trop brouillée par les larmes. De joie, je suppose.
- Et où es-tu ? Je dis, pleine de joie.
- A L.A. Je suis désolé, il doit être tard chez toi. Je rentre le mois prochain finalement. Un problème que je dois régler et tous ces trucs qui t’ennuient. On se retrouvera à ce moment-là… Et faut vraiment que je te laisse, Jeff m’appelle. Bonne nuit, Eileen.
And this is when the feeling sinks in, I don't wanna miss you like this. Come back, be here.
Come back, be here…

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One shot.
Fanfiction"To me, fearless is not the absense of fear. It's not being completely unafraid. To me, fearless is having fears. Fearless is having doubts. Lots of them. To me, fearless is living in spite of those things that scare you to death."