Tout avait commencé un mardi. Victoria s’en souvenait parce qu’elle venait de rompre avec son petit-ami pour la énième fois mais cette fois, elle en était certaine : Ce serait la dernière. C’est donc avec son cœur brisé qu’elle s’était laissé tomber sur les marches bordant la maison d’une amie. La fête battait son plein à l’intérieur mais elle ne voulait plus se mêler à l’ambiance, à la musique trop forte, à l’alcool qui coulait à flot et aux joints échangés. Elle restait avec sa robe verte dehors, son étole sur ses épaules. Le mois de Juin débutait tout juste et la température était agréable. Victoria ne ressemblait rien aux adolescentes dans les films qui, lorsque leur cœur se brise, voient leur vie radicalement changer. Victoria, elle, elle restait assise là, à regarder son cellulaire, à voir le temps défiler, à ne pas bouger. Jusqu’à ce que la musique plus forte atteigne ses oreilles et lorsqu’elle se tourna, elle vit un homme avancer. Grand. Brun. Avec une chemise entrouverte qui laissait voir ses tatouages parsemés sur son corps. Elle, elle n’en possédait aucun. Elle n’avait jamais compris pourquoi les gens avaient besoin de mutiler leur corps pour avoir l’impression d’être quelqu’un. Elle, elle était personne et cela lui convenait.
L’homme s’avança jusqu’à elle, titubant, et se laissa tomber sur la marche à côté d’elle.
- T’es toute seule ? Demanda-t-il enfin.
Son haleine sentait un mélange de cigarettes et d’alcool, l’odeur de la passion et de l’envie qui émanait de Victoria à l’instant même où elle posa son regard sur le garçon aux cheveux bouclés.
- Non, je suis avec mes amis imaginaires. Tu viens d’écraser Matty là.
- Je m’appelle Matty.
- Tu le remplaces alors, lança ironiquement la jeune femme.
Cela le fit rire. Les joues de Victoria se tintèrent et bien qu’elle essaye de dissimuler son sourire, Matty le remarqua. Il posa sa tête sur l’épaule de Victoria et ils restèrent longuement ainsi, à ne rien faire. Et puis, il parla. De la fête qui battait son plein à l’intérieur et de son cœur qui battait trop fort quand il était avec elle. De sa vie d’artiste dont il arrivait à vivre. De sa dernière copine en date qui l’avait brisé. Et plus il parlait, plus Victoria se prenait dans ses filets tout en sachant que cette histoire ne pouvait que mal se terminer.
Il l’avait emmené de partout avec lui. Dans les maisons de disques qu’il essayait de conquérir avec son groupe, dans des cérémonies prestigieuses où il l’avait présenté comme étant « sa fiancée ». Elle avait rougi à l’entente de cette appellation. Victoria associait les fiançailles avec le mariage alors que ce n’était pour lui qu’un moyen de montrer qu’il avait changé. Il n’était plus le gamin insouciant qui sautait sur tout ce qui bougeait. Il était un homme sortant avec une femme. Une femme qui se nommait comme une reine d’Angleterre du XIXème. C’était plus vendeur de dire ça. Alors, il le disait. « Victoria, ma fiancée » et ses yeux à elle s’étincelaient alors que ça n’avait toujours été qu’un jeu pour lui. Matty lui avait fait découvrir des endroits plus sombres. Des soirées où on ne rentrait que si on avait un bon paquet de fric ou de la poudre. Et Charlie, cette fameuse poudre magique, elle accompagnait Matty dans tous les moments de sa vie. Qu’il aille bien ou mal, il avait sans cesse le besoin de se repoudrer le nez. Victoria ne comprenait pas pourquoi mais elle restait à côté de lui, à veiller à ce qu’il n’en prenne pas trop, à ce qu’il ne meurt pas. Pas tout de suite. Mais cette vie était en train de l’épuiser. Parce que le reste du temps, Matty le passait dans un studio à enregistrer son album, à boire du bon vin entre deux sessions et à flirter avec l’assistante de direction. Et Victoria, elle restait là, à l’écart, ne disant rien. Parce qu’à chaque fois qu’elle voulait parler d’elle à Matty, il était aux abonnés absents.
*
Il avait trop fumé ce soir, ou peut-être trop bu. Il n’arrêtait pas de crier, de hurler des choses insensées auxquelles Victoria ne pouvait rien répondre. Elle le suivait alors qu’il faisait les cents pas dans le salon. Elle essayait de le prendre dans ses bras pour le calmer mais il la repoussait toujours. Il détestait toute forme d’affection. Matty renversa la table basse du salon et continua de parler de cet homme avec qui elle le trompait. Il n’en était rien. Elle, elle ne voyait que lui. Lui et sa dangerosité qui l’avait tant fasciné et qui l’effrayait maintenant.
Matty se rapprocha dangereusement de Victoria et la saisit par les épaules, la collant contre le mur du salon. Son souffle se coupa et elle sentit le souffle chaud de Matty s’abattre sur ses lèvres lui disant :
- Tu ne m’échapperas jamais.
Elle avait eu tellement peur qu’une fois qu’il l’eut lâché, elle s’en alla. Elle le quitta. Comme ça. Et lorsqu’elle le rappela le lendemain matin, il continua de ne pas répondre. Il ne fût pas à son appartement deux jours après. Et ne donna aucune nouvelle à ses parents lorsqu’elle alla les voir, une semaine plus tard. Il était nulle part. Et elle, elle continuait d’être partagée entre son envie de le revoir et la haine qu’elle nourrissait à son égard. Parce qu’il ne faisait que lui apporter des ennuis.
Huit jours après, il refit surface dans sa vie, quand elle prenait son petit-déjeuner à la terrasse d’un café anglais, son journal ouvert à la page People. Elle le vit en compagnie d’une femme, ayant le même blond qu’elle, ses mêmes yeux bleus, cette même innocence peinte sur son visage. Comme était Victoria avant de le rencontrer. Et cette fille ne serait qu’une victime de plus pour lui, qu’un énième nom sur son tableau de chasse alors qu’elle, elle finirait comme Victoria : Brisée.
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One shot.
Fanfiction"To me, fearless is not the absense of fear. It's not being completely unafraid. To me, fearless is having fears. Fearless is having doubts. Lots of them. To me, fearless is living in spite of those things that scare you to death."