One shot.

Crazier ; Liam & Wimona

Il y avait cette annonce sur le journal local, sur la page des recherches d’emplois. Un simple rôle de figuration pour un film à petit budget. Wimona, la comédie, ça l’avait toujours fait rêver mais elle ne vivait pas dans la Grosse Pomme, à Broadway, ni même dans la Cité des Anges. Elle, elle vivait dans le Tennessee et là-bas, la seule carrière possible était la country. Et encore. La voix était plutôt bouchée depuis qu’une certaine Carrie Underwood raflait tous les prix.

Sans vraiment y croire, Wimona avait participé à l’audition. Cela avait consisté à parler de sa vie universitaire, de son groupe d’amis qu’elle retrouvait tous les soirs, après la fac, et de ses cours en biologie qu’elle suivait à défaut de pouvoir se représenter sur scène. Elle avait le physique adéquat pour la scène : De jolies cheveux bruns, une peau laiteuse et surtout, des grands yeux d’un bleu si profond que le responsable avait cru à des lentilles. Mais non, Wimona, ses yeux, c’était la seule chose qu’elle avait hérité de sa mère, avec ce collier qu’elle ne quittait jamais.

C’était impressionnant de se retrouver ici, sur un plateau de tournage, entouré de techniciens tous plus talentueux les uns que les autres. Wimona remercia la maquilleuse d’un sourire puis suivit l’assistant réalisateur qui lui demanda de rester là, au milieu de la foule. Ce n’était pas un grand film mais il allait attirer du monde. Le film de Hannah Montana, c’était forcément un film à large public. Elle ne serait sans doute jamais remarquée au milieu des gens et pourtant…

- Wimona, je te laisse ton partenaire, lui dit l’assistant du réalisateur alors qu’il jetait un coup d’œil sur sa checklist. Tu danseras avec lui quand la musique lancera, comme pendant l’entraînement. O. K ?

Elle hocha la tête mais l’assistant ne le vit pas. Déjà, il était parti à l’autre bout du plateau de tournage. Wimona finit par relever la tête vers son partenaire qui ne cessait de sourire. Et à défaut d’être repéré par un brillant réalisateur, Liam la vit. Il la vit telle qu’elle était vraiment, avec ses nattes de part et d’autre de son visage et ses joues cramoisies à cause de la gêne.

Immédiatement, Wimona baissa son regard sur ses chaussures.

- Je m’appelle Liam, se présenta enfin le garçon.

Il lui prit doucement la main et ce fût au même moment que la chanteuse s’avança sur la scène improvisée. Tout autour d’elle, des lumières, un metteur en scène qui expliquait à la blonde comment agir devant tous ces gens qui la regardaient avec admiration. Wimona, elle, elle n’était plus impressionnée. Elle avait déjà eu l’occasion de la croiser plusieurs fois et de lui parler. Liam à sa droite ne semblait pas surpris non plus. Mais avait-il au moins remarqué la présence de la chanteuse sur scène ou son regard ne pouvait-il fixer que Wimona qu’il n’avait jamais vu jusqu’à ce jour ?

- O.K, on y va, cria le réalisateur. Les couples trois, quatre et huit, rapprochez-vous de Miley. Le douze et le quatorze, je vous veux au plus près de la scène. On lance le magnéto et Taylor, c’est à toi.

La chanteuse grimaça. Elle n’aimait pas devoir faire semblant de jouer. La musique, c’était toute sa vie et devoir fausser le public, cela l’agaçait. Elle détestait devoir le faire pour ses clips mais cette fois, c’était différent. Parce qu’elle avait un public face à elle et cette scène serait crucial pour le film. Elle jeta un coup d’œil à son amie Miley au milieu des gens dont une caméra était braquée sur elle. Elle venait de faire le premier plan dans lequel Taylor n’était pas à l’image. Couper. Cette fois, un plan plus large, une vue d’ensemble. Le metteur en scène continuait de donner ses instructions à Taylor mais elle, elle était loin. Elle repensait à cette chanson qu’elle adorait chanter et dont on lui dictait sa conduite mais cela ne lui plaisait pas. Alors, elle sourit et lorsque la magnéto débuta, ses doigts se placèrent instinctivement sur les cordes de sa guitare et sa voix s’éleva dans les airs :

I've never gone with the wind, just let it flow

Liam rapprocha son corps de la jeune femme alors que Wimona se laissait doucement guider par la mélodie. Elle ne pensait plus au tournage désormais, toutes ses pensées étant redirigées vers ce garçon qui sentait étonnement bon. Elle n’avait jamais prêté attention au parfum des gens jusqu’à ce qu’elle soit présentée à Liam et que son odeur mêle celle de la paille qui avait tout autour d’eux avec l’odeur de son gel douche à l’anis, sans doute. Wimona avait du mal à percevoir les odeurs. Elle avait la tête qui tournait et cette sensation bizarre de lâcher prise, comme si pendant toutes ces années, elle n’avait jamais su ce qu’était le réel sens du mot « liberté ». Dans les bras de Liam, elle avait un aperçu du paradis et elle aimait sentir ces papillons s’envoler au creux de son ventre.

- Regarde-moi, souffla Liam alors que Wimona se perdait dans ses pensées.

Sans même réfléchir, elle lui obéit et ses grands yeux bleus furent confrontés à ceux noisette du garçon. Il était beau sans même s’en rendre compte. Il avait des cheveux châtains qui brillaient à cause de l’éclairage et une tâche de vin sur son cou, à moins qu’il ne s’agisse de reflet de l’ombre sur sa peau bronzée. C’était le printemps et le soleil était omniprésent à Nashville. Pourtant, ce soir, il se faisait discret. Il brillait juste assez pour rendre l’ambiance naturellement l’ambiance romantique.

Wimona sourit lorsque ses yeux rencontrèrent ceux de Liam et elle se laissa à nouveau bercer par la chanson que reprenait Taylor à la guitare.

You showed me something that I couldn’t see, you opened my eyes and you made me believe.

Autour de Liam et Wimona, des dizaines de couples. Tous des vrais. Une cinquantenaire et son mari, une fillette de dix ans avec son amoureux, des ados qui se bécotaient pendant le tournage. Et parmi la foule, eux. Le seul couple qui n’avait été choisi que pour leur esthétique. Elle, la fille douce et gentille qui était mignonne dans sa robe fleurie et ses chaussures compensées. Lui, le garçon aux cheveux légèrement bouclé qui avait des épaules assez solides pour protéger la fille aux grands yeux bleu. C’est sous son nom que l’on connaissait le mieux Wimona. Cela ne la dérangeait pas pour autant. Elle brillait grâce à son regard si expressif qui avait envouté Liam à l’instant même où ses yeux s’étaient posés sur elle. Tout d’un coup, il n’y avait eu qu’elle et personne d’autre.

- Attends, je vais te montrer quelque chose.

Wimona fronça les sourcils en sentant les mains de Liam se serrer autour de sa taille. L’instant d’après, son corps se soulevait du sol et les pans de sa robe venaient danser avec les airs. Wimona retenue son souffle avant de rire aux éclats. Elle se laissa tomber dans les bras de Liam et rit d’avantage lorsque sa bouche fût si près des lèvres de son partenaire.

- Tu es fou ! Hurla-t-elle mais sans micro, cela ne résonna que comme un murmure contre les lèvres du châtain.

Pourtant, ça faisait tellement de bien de se sentir vivante, d’avoir l’impression de voler à chaque fois que Liam faisait décoller ses pieds du sol pour la faire tourner dans les airs. Personne ne les remarquait alors qu’eux, c’était la vraie vie, c’était l’amour qui emplissait leur cœur à chaque nouveau battement. Et dire qu’il ne se connaissait que depuis trente-six minutes…

- Tu me rends fou, souffla-t-il pour lui mais Wimona l’entendit et se mordit la lèvre.

La scène fût enfin terminée et une autre enchaîna. Un autre plan, d’autres positionnements, une mélodie qui se répétait sans cesse. Seule une chose restait inchangée : Leurs sentiments. Ce n’était peut-être pas de l’amour mais un sentiment si fort que ni lui, ni elle, n’arrivait à expliquer. Love at the first sight.

Feels like I’m falling and I- I’m lost in your eyes.

Le tournage prit fin lorsque le soleil fût totalement absent, caché par la lune. Tous se quittèrent après un buffet ouvert et quelques cocktails divinement préparés. Et c’est à l’abri des regards que Liam déposa ses lèvres sur celles de Wimona en lui promettant de venir la chercher le lendemain. Parce que leur histoire ne pouvait commencer qu’à l’ombre des projecteurs.