Chloé connaissait Harry depuis trois ans. Elle l’avait tout de suite vu quand elle était arrivée au lycée, son sac à strass sur le dos. Lui, par contre, il lui avait fallu d’avantage de temps pour la remarquer. Huit mois, exactement, quand leur première année s’acheva et qu’il rentra avec elle en voiture. Leurs mères étaient voisines et amies. Alors, naturellement, Harry s’était intéressé à Chloé. Chloé et ses cheveux châtains qu’elle avait dernièrement décidé de teindre en rouge. Elle possédait les mêmes boucles que Harry, bien qu’elle clamait haut et fort qu’elle, elle savait les entretenir. Ca exaspérait Harry. Il levait toujours les yeux au ciel quand elle disait ça mais dans le fond, ça le faisait rire. Et puis, elle n’avait pas tort. Elle voyait tout, Chloé. Et lui, il ne voyait rien. Il n’avait même pas été capable de se rendre compte que Chloé l’aimait. Pire encore. Il n’avait même pas été capable de se rendre qu’il ressentait la même chose qu’elle.
Harry, il ne voyait que Maureen, une blonde qu’il avait rencontré un an plus tôt et qui était devenue sa petite-amie. Elle n’avait rien de Chloé. Elle écoutait les chansons du top 50 et passait ses soirées en boite de nuit avec ses amis bizarres qui n’avaient jamais accepté Harry. Elle faisait partie de l’équipe de majorette de la ville et avait formé un club au lycée. Toutes les pestes s’y trouvaient. Quant à Chloé, elle se contentait des cours de théâtre dans lesquels elle excellait. Harry aussi faisait partie de la troupe. Pendant un an, il avait tout donné sur scène. Et puis, il y avait Maureen. Maureen qui détestait Chloé. Maureen que Chloé détestait.
Maureen qui était arrivée avec une heure de retard chez Harry. Chloé la vit débarquer chez lui ce soir, à vingt-deux heures. C’était un mardi et Anne s’était absentée pour aller au cinéma avec la mère de Chloé. Harry lui ouvrit immédiatement et elle sauta dans ses bras, embrassant maladroitement ses lèvres dont elle laissa une trace derrière elle. Rouge. Comme toutes les plaies que devait soigner Chloé lorsque Maureen repartait, laissant Harry avec son cœur brisé.
- J’avais peur que tu ne sois pas là, souffla la blonde en esquissant un sourire en coin.
- Tu sais que je fais venir mes conquêtes à la maison et que je les fais passer par la porte de derrière quand tu arrives, plaisanta Harry.
Mais Maureen, ça ne la fit pas rire. Elle bouscula Harry et pénétra dans sa maison, faisant le tour des lieux avant de saisir qu’il s’agissait d’une blague. Maureen n’avait jamais eu beaucoup d’humour et n’avait surtout jamais compris le sarcasme du bouclé. Mais lui, il n’y pouvait rien s’il était con. Chloé lui disait toujours lorsqu’il faisait des blagues mais elle au moins, ça l’a faisait rire. Une fois même, elle avait tellement ri qu’elle était tombée de sa chaise et s’était ouvert l’avant-bras. Six points de suture pour une blague douteuse de Harry ; c’était la plus grande fierté du châtain.
Chloé ne rata pas une miette du spectacle. Elle vit les joues rouges de Maureen, les larmes bordant ses yeux et les insultes qu’elle porta contre Harry. Elle était bouleversée. Et Chloé sourit en entendant une chanson des Beatles qui passa dans sa chambre, correspondant tout à fait à la situation. Elle sourit et tira ses rideaux. Elle n’avait pas envie d’assister à une énième scène de ménage qui se solderait toujours de la même manière : Maureen partirait rejoindre des amis dans un pub côté de la ville et Harry, il resterait assis à même le sol de sa chambre à gratter sa six cordes jusqu’à ce que cela lui inspire une chanson. Ces chansons, Chloé les connaissait par cœur. Il venait frapper à sa porte à chaque fois qu’il avait eu une nouvelle idée. C’était assez pitoyable cette dépendance qu’il avait à la jeune femme sans réaliser qu’il l’aimait mais Chloé ne savait pas fermer sa porte à clé et tenter de l’ignorer. Elle était trop gentille, Chloé.
Chloé attendait le bus qui la mènerait à son cours de théâtre. C’était mercredi aujourd’hui et Harry portait son habituel jeans noir tout usé. Il avait les mains fourrées dans ses poches, ses écouteurs cloués dans ses oreilles et sa mine des mauvais jours, son visage qui disait clairement qu’il n’avait pas dormi de la nuit, passant le reste de la soirée à composer une mélodie qui ne trouva aucune paroles puisqu’il ne la chanta pas à Chloé, ce jour-là. Il était vide, totalement décomposé et pas certains d’être vraiment là. Pourtant, il esquissa un sourire lorsqu’il croisa Chloé et il lui proposa de faire le chemin ensemble. Aujourd’hui, il viendrait au théâtre. Il retira ses écouteurs, baissa la capuche sur sa tête et sourit franchement, ne songeant plus à Maureen lorsqu’il était avec Chloé. Et c’était si bon de la retrouver. Ca avait toujours été simple avec Chloé et Harry appréciait les moments passés avec elle. Elle était celle qui l’écoutait même lorsqu’aucun mot n’était échangé.
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One shot.
Hayran Kurgu"To me, fearless is not the absense of fear. It's not being completely unafraid. To me, fearless is having fears. Fearless is having doubts. Lots of them. To me, fearless is living in spite of those things that scare you to death."