Dear John ; Taylor & John.

98 4 0
                                    

John avait toujours été un bel homme. Déjà enfant, il avait ses boucles châtains et cet air de malice collés aux lèvres. Pourtant, il n'avait appris qu'il plaisait qu'à ses seize ans, quand il était tombé amoureux pour la première fois et qu'on lui avait brisé le cœur. Quand il y pensait, cela sonnait faux, tout droit sorti d'un film alors que toutes les histoires débutaient de la même manière. Il y avait toujours cet homme détruit qui, déçu, décidait de ne plus être une victime, quitte à jouer le rôle du bourreau. Et derrière la carrure imposante d'un homme, il y avait toujours une femme. Fragile, petite, plutôt fine, qui se dissimulait derrière, qui n'affrontait jamais ni ses peurs, ni son amour grandissant pour cet homme qui ne la méritait pas et pourtant, cette femme ne cessait jamais de croire en lui. Taylor était cette femme. Elle avait ces grands yeux bleus et ses longs cheveux blonds qu'elle laissait pousser pour lui plaire. Elle avait cette bravoure que peu soupçonnait alors qu'elle continuait de se faire manipuler par toute personne lui promettant un peu d'amour. On aurait pu la croire malade, folle d'aimer autant alors que dans le fond, Taylor n'était qu'une rêveuse. Elle n'avait pas réussi à sauver le mariage de ses parents et s'efforçait depuis à trouver celui qui pourrait combler ce vide laissé en elle.

Taylor avait essayé de trouver en la musique la thérapie capable d'adoucir ses maux de cœur sans jamais y parvenir. La drogue, ce n'avait jamais été son truc, tout comme l'alcool. Elle avait essayé le tabac une fois mais après un séjour aux urgences, elle y avait renoncé. Alors, comme toutes les filles de dix-huit ans, elle avait placé tous ses espoirs en l'amour, le seul, le vrai, le grand, l'unique. Et alors qu'elle ramassait pour la énième fois les débris de son cœur, Taylor se promit que c'était la dernière fois qu'elle laissait John entrer dans sa vie.

-          Ma chérie... ?

La blonde referma immédiatement la porte, refusant que sa mère la voie dans cet état. Pourtant, elle la connaissait par cœur. Elle savait que Taylor pleurait depuis trois jours déjà, son regard fixé sur son cellulaire, attendant qu'il l'appelle. Et malgré tout, Taylor ne savait pas interpréter les signes. S'il n'appelait pas, c'était parce qu'il était avec une autre. Ou parce qu'il voulait la laisser respirer car il savait qu'il avait fauté. Ou encore, il était occupé par sa carrière. Ou par sa famille. Par sa vie loin d'elle. Et s'il l'appelait, ça ne serait que pire. Parce que Taylor serait à nouveau la petite-amie obsessionnelle qui écrit des chansons sur lui et lui, le connard qui lui brisait le cœur.

*

Il y avait son téléphone qui avait sonné, un jeudi. Il était deux heures du matin et Taylor ne dormait pas. Pas à cause de ses nombreuses insomnies depuis ces six dernières semaines mais plutôt car ce soir, elle avait décidé de sortir avec des amies. Et quand elle sentit son cellulaire dans son sac à main, elle lâcha un soupir. John était toujours là, coincé quelque part entre son foie et ses poumons, comme un mal qui ne disparaîtrait jamais.

-          Allo ? Sa voix tremblait alors que celle de John était nette, tranchante, aussi claire que dans ses souvenirs :

-          C'est moi, se contenta-t-il de dire alors que tout son corps tremblait.

-          Qu'est-ce que tu me...

-          Je suis désolé.

« C'est joli comme tes mots sonnent faux » songea Taylor alors qu'elle serrait son cellulaire à son oreille, comme pour garder ses mots en mémoire pour les soirs de solitude.

-          J'ai un peu trop bu ce soir mais je crois vraiment ce que je dis. Je suis qu'un con, Taylor.

-          C'est bien, tu le reconnais.

-          Ne dis pas ça, t'es la seule qui peut voir le meilleur chez les gens. Je sais que je te dis tout le temps que t'es bête d'y croire, qu'espérer finira par te tuer mais c'est peut-être toi qui a raison. Ca fait mal de ne croire en personne, tu sais, même pas en soi-même.

-          John, qu'est-ce que tu cherches à me dire ? Demanda-t-elle avec douceur.

-          Je suis juste un peu trop ivre.

Taylor parcourut plus de kilomètres à pieds, à presque courir pour regagner la maison qu'elle partageait avec sa mère. Elle claqua la porte un peu trop fort et fonça dans sa chambre. Elle arracha l'intégralité de leurs photos, déchira ses lettres, mit en feu leurs souvenirs et lorsqu'elle fût plus clame, elle saisit son ordinateur et adressa un mail à son producteur accompagné de la bande son d'une certaine chanson nommée Dear John.

« You're like 22 girls in one and none of them know what they're runnin' from.

Was it just too far to fall ? »


- - -


C'est court, très court, plus encore que ce à quoi je m'attendais. Je voulais juste capturer un moment de la vie de Taylor et John et voilà le résultat. Pour la chanson de fin, c'est celle de Mayer qui est adressée à Taylor. J'aimais le côté ironique de la chose, voilà tout.

One shot.Where stories live. Discover now