One shot.

Mine ; Liam & Mika.

Michael avait connu Liam lors d’un énième cours en amphithéâtre, à entendre son prof rabâcher une énième fois les principales lois en matière de finances. Mika, ça ne l’intéressait pas tellement, les chiffres, mais ses parents avaient refusé qu’il se trouve un job dans le milieu littéraire alors, il avait pris son opposé. Les maths. Les maths et leur côté prévisible, sans surprise, sans passion. Et maintenant, il imaginait son futur sans avenir. Il détestait ce qu’il faisait, à savoir, rester ses fesses assises sur une chaise durant des heures à écouter un homme qui lui parlait un langage étranger.

Mika se pencha vers la fille à sa droite et lui tapota l’épaule :

- Excuse-moi, tu sais à quelle heure se termine le cours ?

- Dix-sept heures, souffla la fille, exaspérée.

Immédiatement, elle reporta son attention sur ce professeur dont le cours la fascinait. Elle prit le temps de lever les yeux au ciel avant d’être totalement hors de la vue de Mika qui se renfrogna dans son siège. Tous les jours, il faisait des efforts, il essayait d’aller vers les autres et de créer des liens mais depuis deux mois qu’il se trouvait à Boston, il continuait d’être le type bizarre qui lit des poèmes entre deux cours plutôt que bosser ses statistiques. Et il se revoyait, gamin, être le rêveur de la classe alors que tous ses camarades avaient la tête sur les épaules. En vingt ans, sa vie n’avait pas vraiment changé.

Mika essaya à nouveau de se concentrer sur son cœur ; peine perdue. Son esprit était déjà loin, perdu dans les pages d’un roman dont il avait hâte de découvrir la fin. Il était sûr que le héros allait à mourir, le synopsis le révélait pratiquement, mais qu’en était-il de cet autre héros, celui qui s’ignorait, et qui pourtant était bel et bien présent. Allait-il vivre ? Mika soupira, jeta un coup d’œil à son cellulaire et décida de partir.

Seize-heures trente-quatre. Après tout, qu’est-ce qu’il pouvait rater en vingt-six minutes ?

Six minutes, ce fût le temps qu’il lui fallut pour rejoindre le café d’en face.

Deux de plus pour trouver une table de libre.

Huit secondes pour sortir son livre de son sac à dos.

Seulement une pour tomber amoureux.

Mika le remarqua dès qu’il releva la tête, après avoir entendu un « Monsieur » soufflé timidement. Liam, il était tétanisé. Ce n’était pas son premier jour de travail, loin de là, mais il avait toujours cette peur de déranger. Une peur qu’il partageait avec Mika. Mais ça, il l’ignorait encore. Tout ce que Liam voyait de Mika, c’était cette espèce de nounours qui s’était perdu sur le chemin de la fête foraine.

- Désolé, je viens prendre votre commande, se contenta de dire Liam, la tête baissée.

Mika, lui, il le voyait bien, ce châtain aux cheveux décousus, mal coiffés et à la fois, abordant une couple plutôt structurée. Il devinait l’éclat de ses iris alors que son regard était posé sur Liam, absorbé par ses mains qu’il devinait à la fois dure et fermes. C’est honteux que Mika replonge son regard sur son roman avant de commander un chocolat chaud.

-  La boisson des amoureux ! Lança jovialement Liam.

Liam fût lui-même surpris par sa phrase et alors que Mika souriait à travers les pages de son livre, il vit le corps fluet de Liam passer au travers des tables pour retrouver le comptoir. Durant tout ce temps, Mika ne le quitta pas des yeux. Il était absorbé par ses gestes à la fois calculé et maladroit. Liam renversa trois fois la boîte à sucres présent sur le comptoir alors qu’il s’appliqua à mettre parfaitement de la chantilly sur le chocolat chaud de Mika. Ce dernier sourit. Le faisait-il seulement pour lui ou était-ce une habitude de la maison ? Il eut la réponse plus tard, lorsque Liam lui avoua qu’il essayait de le séduire avec des dessins stupides dans des tasses alors que Mika, lui, il les trouvait tous sauf stupides, ces dessins.